Les mythes de la crise financière

Le système financier international est en train de craquer. Pourtant nos gouvernants nous vendent des mythes sur cette crise. Éléments de réponse.

Mythe n°1 : « Ce n’est qu’un mauvais moment à passer, c’est une crise de confiance, l’économie est saine »

Non, la situation est grave. Pour preuve, ceux qui ne juraient hier que par la Bourse appellent les États à l’aide pour les sauver de la faillite.

En deux jours, les États belge, néerlandais et luxembourgeois ont repris la moitié des capitaux bancaires de Fortis pour plus de 11 milliards d’euros. Sept milliards d’euros ont été injectés dans Dexia, dont 2 milliards par l’État belge et les Régions.

Des opérations similaires à celles de Dexia et Fortis sont menées en ce moment en Grande-Bretagne et en Allemagne :

35 milliards viennent d’être garantis par l’État allemand à la Hypo Real Estate

50 milliards ont été fournis par le gouvernement britannique dans la reprise des prêts immobiliers de Bradford and Bingley, après la nationalisation de Northern Rock Bank.

Le secrétaire au Trésor, l’équivalent du ministre des Finances aux États-Unis, Hank Paulson, a proposé un plan de 700 milliards de dollars pour sauver le système à la dérive.

Pourtant, les cours boursiers ne cessent de chuter et les banques tombent comme des mouches les unes après les autres, aux États-Unis mais aussi en Europe.

Le petit épargnant a-t-il raison d’avoir perdu confiance ? Oui. Même les banques ne se prêtent plus entre elles et marquent de façon encore plus nette leur méfiance. À tel point que la Banque centrale européenne (BCE) a dû injecter, ce 29 septembre, quelque 120 milliards d’euros sur les marchés bancaires. De l’argent qu’autrefois les banques se fournissaient les unes aux autres.

D’un côté, la crise financière est aujourd’hui globale et se répercute directement lié à l’économie réelle. Si les banques limitent les crédits et manquent de liquidités, le système économique va rapidement se bloquer. Nous sommes ainsi à l’aube d’une récession sévère comparable à celle des années 1930.

D’un autre côté, la crise financière actuelle n’est pas tombée du ciel et est lié à l’économie réelle. Dans les années 1990, on a poussé à la consommation et donc à l’endettement des ménages pour faire face à la crise économique du capitalisme qui a démarré en 1973.

On a ainsi reporté artificiellement les effets de cette crise par le développement phénoménal de la Bourse et des produits financiers.

Ce qu’on a appelé les bulles financières : des bulles qui éclatent aujourd’hui laissant l’économie du profit d’abord toute nue.

Mythe n°2 : « L'injection de milliards d’argent public ne se fera pas au détriment du contribuable »

C’est ce qu’affirme le Premier ministre Leterme mais aussi d’autres gouvernants. Comment investir de telles sommes sans que cela ne coûte à personne ? En augmentant la dette de l’État.

En effet, l’État investit cet argent en levant des fonds sur les marchés financiers en offrant sa garantie. Il espère récupérer sa mise en la revendant (avec un bénéfice) quand les banques seront remises sur pied.

Mais le scénario le plus probable est que la descente aux enfers continue (-24% pour Fortis et – 30% pour Dexia ce lundi).

L’État devra alors rembourser et ces milliards viendront grossir le déficit publique : la pression sera alors maximale pour des réductions dramatiques des budgets sociaux (pensions, santé,…) pour combler ce déficit. La « solution » d’aujourd’hui sera le problème demain.

Mythe n°3 « Nous venons au secours des épargnants »

Nos dirigeants politiques n’essaient pas de sauver l’argent des petits épargnants. Ils tentent seulement de sauver le système.

S’il s’agissait de protéger les citoyens, il suffirait d’opter pour des établissements de crédit beaucoup plus simple, orienté vers le client ordinaire et contrôlé par les pouvoirs publics (voir ci-contre).

En réalité, comme l’a avancé Didier Reynders, ministre belge des Finances, si l’État reprend aujourd’hui des capitaux de Fortis et Dexia, c’est pour aider le privé à passer la mauvaise situation actuelle et pour lui revendre quand cela ira mieux. Si cela va mieux un jour…

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