La révolution, les femmes et la santé

En décembre dernier, un jeune ami m’annonce qu’il va être diplômé et me demande d’être son parrain, ce qui a de quoi me rendre fier. Mais lorsqu’il m’annonce qu’il va être diplômé de la faculté de Médecine Intégrale Communautaire (MIC), quelle émotion ! Surtout quand on sait qu’il y un peu plus de dix ans, la règle dans ce pays pour les citoyens des milieux populaires en arrivait au stade du « paye ou crève ».

 
J’apprends que mon filleul va être diplômé de la seconde Promotion de MIC et qu’il fera partie des 6 000 diplômés qui sortiront de l’Université Bolivarienne du Venezuela. Plus précisément, il sera un des quinze diplômés de Nucleo de Coche, important quartier populaire de Caracas. Et grâce au désormais Dr Lenin Aponcio, mon filleul, on en apprend beaucoup. Comme par exemple que cette seconde promotion est précédée d’une première d’où sont sortis 8.000 médecins.

Enfin arrive le grand moment de la Remise des Diplômes. Les diplômés sont appelés les uns après les autres pour recevoir leur sésame. Ainsi arrivent tour à tour Merys, Rubina, Elvis, María Luisa, Daisy, Maryuri, Yeltza, Jenni, Vivean, Karina, Loimar y Francisca. Ainsi soit-il ! Le filleul Lenin, est l’unique homme de son groupe. Sur 15 médecins, on trouve 14 femmes. Quatorze doctoresses.

Les femmes au Venezuela sont le fer de lance de la Révolution. Cela nous le savions. Dans les municipalités, 63% des maires sont des femmes, dans les Conseils Communaux, 70% sont porte-parole et au cours des douze années que compte la Révolution Bolivarienne, on a dénombré trente-huit ministres femmes alors qu’il y en a eu vingt-sept au cours des quarante années antérieures. Beaucoup le savent, mais cela vaut la peine d’être répété pour tous ceux qui en douteraient encore.

Et voilà que les surprenantes femmes vénézuéliennes apparaissent en première ligne dans le combat pour la santé de leur peuple !

La remise des diplômes est un moment sérieux mais elle en offre aussi d’autres, moins sérieux, comme la possibilité de partager la fête. C’est dans ces moments-là que les liens humains se resserrent. C’est l’opportunité pour échanger avec le parrain de la promotion, le Dr. Armando Graterol, qui par la même occasion s’avère être le sous-directeur de l’hôpital de Coche, où les diplômés ont réalisé stages et autres gardes.

Cette occasion est une bonne opportunité pour en apprendre davantage sur la santé dans les milieux populaires. Milieux populaires dans leur essence en tant que peuple et non comme un vulgaire qualificatif comme aime à l’utiliser une certaine élite pour mépriser les moins favorisés et les sans-riens. C’est ici une première évidence.

L’histoire récente de la santé au Venezuela est une seconde évidence.
 
1998 : Dans les grands quartiers et les zones rurales, la population a peu accès aux services de santé. Hormis quelques hôpitaux défaillants, la santé est une marchandise au profit de centres de soins privés, cliniques, laboratoires, secteurs pharmaceutiques et assurances très florissants. La santé se négocie alors via les cartes de crédit et d’assurances.


2000 : la Révolution bolivarienne entame sa première mission, le ‘Projet Bolivar 2000’. Son but : apporter une assistance urgente à la population qui en a le plus besoin. Il inclut des unités chirurgicales militaires qui parcourent le territoire national pour venir en aide aux milliers de personnes qui, depuis des années, attendaient ces interventions inaccessibles et pourtant indispensables. Il s’agit tout simplement d’un programme civil-militaire au service de la santé du peuple.


2003 : Le gouvernement bolivarien avec l’aide de la République de Cuba lance une gigantesque opération de consultations Barrio Adentro (‘Au cœur du quartier’) : 20.000 médecins cubains offrent aux habitants des communautés des soins médicaux de base totalement gratuits, médicaments compris.

2005. l’opération ‘Au cœur du quartier 1’ s’élargit à ‘Au cœur du quartier 2’ avec la création en parallèle des CDI (Centres de Diagnostic Intégral : de vraies cliniques dotées des dernières technologies) et des SRI (Salles de Réhabilitation Intégrale). Viendra par la suite ‘Au cœur du quartier 3’ améliorant l’infrastructure hospitalière.
A tout cela s’ajoutent d’autres programmes. Entre autres, la ‘Mission Miracle’, un vaste programme d’opérations de la cataracte pour des patients qui auparavant étaient condamnés à la cécité irrémédiable. Et ceci a été rendu possible grâce à l’assistance de Cuba et la mise en place d’un véritable pont aérien entre Caracas et La Havane. Un immense hôpital a également été construit, le Centre de cardiologie pour enfants qui soigne non seulement les petits vénézuéliens, mais aussi les enfants venus d’autres pays.

« Au cœur du quartier », CDI, SRI, Mission Miracle, Centre de Cardiologie pour enfants, tous ces services sont totalement gratuits…faut-il le rappeler ? Des programmes d’une telle envergure méritaient bien entendu une couverture médiatique. Les grands médias privés vénézuéliens et leurs confrères internationaux s’en chargeront…mais à leur manière.

Ils disent à la télé que les médecins cubains sont de dangereux agents spéciaux venus infiltrer le peuple vénézuélien. Entre les milliers d’interventions chirurgicales pratiquées, ils ont déniché l’erreur médicale isolée ou trouvé un patient pour qui le traitement n’avait pas fonctionné… Peu importe de savoir le pourquoi ou le comment ; le plus important c’est la manipulation médiatique pour formater les gens.

Et voilà ce qui va se passer à présent de la même manière avec les jeunes médecins communautaires qui ne sont plus des « agents cubains infiltrés » mais des médecins vénézuéliens diplômés. Là, on s’efforce de remettre en cause leurs compétences.

Le temps est venu d’analyser et de faire le bilan de l’histoire récente de la santé en temps de Révolution.

1999 : soins médicaux quasi-inexistants pour la population aux moyens modestes.
2000 à 2012 : de gigantesques programmes sont réalisés pour les besoins en soins de base de la population au niveau national
2012 : Les deux premières promotions sortent de la faculté MIC. La 1ère en août avec huit mille médecins et la seconde en décembre avec six mille autres, soit un total de quatorze mille jeunes médecins.

La conclusion est évidente

En un peu plus de dix années, la Révolution Bolivarienne a non seulement donné accès à des soins médicaux aux milieux populaires, mais elle a aussi permis à ces milieux de créer leurs propres médecins.

Les grands médias de communication des pays occidentaux peuvent piéger leur auditeur e présentant un Président Chavez « tyran, populiste et dictateur d’un Venezuela qui se ‘‘cubanise’’ ». Mais les millions de citoyens vénézuéliens qui ont exprimé leur voix via les urnes pour réélire leur président pour un troisième mandat sont loin de croire à cette fable.

Et pendant ce temps, dans les rues de plusieurs capitales européennes, des milliers et des milliers de gens manifestent pour protéger leur droit à un service de santé et à d’autres acquis sociaux qu’ils sont en train de perdre…
 

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