La lettre de Djaligué et Zeinabou à propos du Paris-Dakar 2007


Petite maman chérie, tout petit frère adoré, petit papa aimé,

Nous allons mourir !

Nous n’irons plus à la petite école d’Ebobolo Fia apprendre à lire dans l’abécédaire Mamadou et Bineta.

Nous allons mourir !

Le sinistre Rallye Dakar qui en a seul décidé nous l’a promis. C’est la condition pour qu’Amaury Sport Organisation réalise ses gigantesques profits financiers en distrayant ses riches délinquants racistes.

Ce que nous vous demandons, toi, en particulier petite maman, c’est d’être courageux. Nous le sommes et nous voulons l’être autant que ceux qui y sont passés avant nous.

Certes, nous aurions voulu vivre. Mais notre droit à la vie et à la protection n’intéresse pas Mme Ramatoulaye Yade-Zimet, Secrétaire d’Etat française chargée des Droits de l’Homme. Le gouvernement français ne veut pas interdire à cet escadron de la mort rallye Dakar qui est français de fondre sur nos pistes africaines comme la pauvreté sur le monde… tout en protégeant ses chères têtes blondes et en annulant les rallyes qui les tuent en France !

Mais ce que nous souhaitons de tout notre cœur, c’est que notre mort serve enfin à quelque chose.

Nous vous appelons donc à la résistance.

Vous nous avez appris la patience et la tolérance, mais si cela continue, il n’y aura bientôt plus personne au village. Si vous ne faites rien, ces démons blancs continueront à venir chaque année tuer nos frères et nos sœurs.

Depuis 30 ans, les lois et le droit qu’ils ont exporté ne s’appliquent pas quand ces bandits occidentaux commettent des crimes sur nous ou chez nous.

Appelez au secours nos résistants sub-sahariens qui sont rentrés en rébellion contre la colonisation où qu’ils soient.

Qu’ils viennent à notre secours avec tous leurs moyens que nous n’avons pas puisque notre gouvernement lui, ne nous protégera pas des criminels étrangers mais sablera le champagne avec eux.

Les assassins du rallye Dakar sont impunis depuis 30 ans, forts du soutien indéfectible et de la protection de leurs gouvernements respectifs. Ils savent, le président de la France l’a rappelé, il y a quelques jours encore, qu’ils seront protégés, quoi qu’ils nous fassent.

Faites chauffer les tambours de village à village. Passez le message.

Dès que les tueurs sont pressentis, truffez les pistes de ces épines acérées que vous nous avez appris à éviter. Elles crèveront utilement quelques roues.

Quand vous serez réquisitionnés pour le bivouac, le suc de nos plantes saura les envoyer durablement aux feuillées. Toujours ça de pris comme engrais organique.

Quémandez servilement des morceaux de sucre que vous introduirez subrepticement dans les réservoirs de leurs engins.

Le caramel est bon pour tout.

A la nuit tombée, organisez un discret lâcher de serpents, détournez le parcours des fourmis magnans est chose facile : construisez-leur un tracé terrestre ou aérien qui les mènera droit aux tentes et aux cases.

Ils disent que nous sommes de grands enfants qui ont la fête et la danse dans le sang. Dansez et hurlez s’il vous plaît toute la nuit pour eux, dans un grand fracas de casseroles et autres ustensiles.

Rien ne doit empêcher Kongolo d’exprimer son supposé talent de chanteur : quelques bières frelatées sauront lui rendre cette voix de goret coincé dans les « sissongos » qui nous a si souvent fait fuir.

Il faut absolument leur garantir de longues nuits de bruyante et inconfortable quiétude.

Bref, nuisez avec de grands sourires niais.

Quand ces individus sans âme approcheront nos sœurs à peine nubiles (ils le font toujours) pour des rapprochements humanitaires non consentis, circoncisez-les à vif nuitamment, il paraît que cela évite le sida. Ce sera une oeuvre de salubrité publique pour nous qui ne disposons pas du moindre médicament mais qui leur servons de cobayes pour les recherches qui sauvent leurs vies occidentales.

Quand un villageois perdra la vie, puisque la justice ne lui sera jamais rendue, appliquez la loi du talion. Œil pour œil, dent pour dent. C’est la Bible qu’ils nous ont imposée avec leurs prêtres et évangélistes pédophiles qui le dit.

D’autres appliquent même 2 yeux pour un œil sans que la cour internationale de justice ne se manifeste.

N’oubliez surtout pas de pleurer bruyamment la mort inopinée de ces criminels qui vous désolera forcément plus que votre deuil à vous.

Evitez comme la peste leur hôpital volant ultra sophistiqué où ils vont vous attirer sous le prétexte de soigner les malades. Leur appât du gain est tel qu’ils sont capables de vous délester en quelques minutes d’organes utiles qu’ils revendront très cher puisqu’il n’y a pas pour ces gens-là de petits profits.

Nous n’avons pas eu le temps d’embrasser Lamine. Nous avons embrassé nos deux frères Mor Lame et Konaté. (…)

Nous espérons que toutes nos affaires te seront renvoyées, si elles n’ont pas trop souffert du choc des imposants 4X4, des motos ou des camions, même et surtout d’assistance. Elles pourront servir à Soumaoro et à Fatou, qui nous l’escomptons seront fiers de les porter un jour.

À toi petit papa, si nous vous avons fait ainsi qu’à petite maman, bien des peines, nous te saluons une dernière fois. Sache que nous avons fait de notre mieux pour suivre la voie que tu nous as tracée.

Un dernier adieu à tous nos amis, à notre frère que nous aimons beaucoup. Qu’il étudie bien pour être plus tard un homme qui ne se laissera plus asservir.

10 et 11 ans, notre vie aura été courte ! Nous n’avons aucun regret, si ce n’est de vous quitter tous prématurément et de ne pas pourrir avec vous les prochains rallyes Dakar.

Nous allons mourir comme Mohamed et Boubacar. Quand nous les retrouverons, nous aurons le plaisir de leur conter les péripéties de la Résistance.

Maman, ce que nous te demandons, ce que nous voulons que tu nous promettes, c’est d’être courageuse et de surmonter ta peine. Nous ne pouvons en mettre davantage. Les rabatteurs et les soi-disant commissaires hurlent dans les porte-voix…

Nous vous quittons tous, toutes, toi maman, Soumaoro et Fatou, papa, en vous embrassant de tout notre cœur d’enfants.

Courage !

Vos Djaligué et Zeinabou qui vous aiment.

Dernière pensée : Vous qui restez, soyez dignes de nous, les innombrables qui allons encore mourir sous les roues du Rallye Dakar.

Résistez par tous les moyens et boutez-le hors d’Afrique.

Source : “Stop Rallye Dakar” contact@stop-rallyedakar.com

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