La distribution de la richesse et le capitalisme

Le point central, c’est que l’inégalité dans la distribution découle du système de production en faveur du profit. Où, comme le disent les marxistes, les relations de distribution découlent des relations de production. C’est la propriété privée des moyens de production et les services qui déterminent la distribution de la richesse sociale. Aucune quantité de la redistribution de la richesse sous le capitalisme, via les dépenses du gouvernement, les accords syndicats ou toute autre méthode ne peut surmonter l’inégalité de classe qui découle du droit des capitalistes à posséder non seulement les moyens de production, mais aussi tout les produits issus de la production.

 
 
 
Le texte qui suit est la deuxième partie d’un chapitre sur l’inégalité extrait d’un ouvrage de Fred Goldstein à paraître : « Capitalism at a Dead End » (Le capitalisme dans une impasse). Voir la première partie : Le capitalisme et les racines de l’inégalité.
 
Le point central, c’est que l’inégalité dans la distribution découle du système de production en faveur du profit. Où, comme le disent les marxistes, les relations de distribution découlent des relations de production. C’est la propriété privée des moyens de production et les services qui déterminent la distribution de la richesse sociale. Aucune quantité de la redistribution de la richesse sous le capitalisme, via les dépenses du gouvernement, les accords syndicats ou toute autre méthode ne peut surmonter l’inégalité de classe qui découle du droit des capitalistes à posséder non seulement les moyens de production, mais aussi tout les produits issus de la production.
 
À ce propos, une analyse rédigée par Karl Marx en 1847 est très utile. Marx essayait de démystifier l’argument prétendant que le monde du travail et le capital ont un intérêt commun dans le développement du capitalisme. L’essai « Travail salarié et capital » a été rédigé en se basant sur des conférences adressées à des travailleurs allemands conscients de leur classe qui avaient commencé par s’organiser. Marx écrivait :
« Nous avons donc constaté : Même la situation la plus favorable pour la classe ouvrière, l'accroissement le plus rapide possible du capital, quelque amélioration qu'il apporte à la vie matérielle de l'ouvrier, ne supprime pas l'antagonisme entre ses intérêts et les intérêts du bourgeois, les intérêts du capitaliste. Profit et salaire sont, après comme avant, en raison inverse l'un de l'autre.
« Lorsque le capital s'accroît rapidement, le salaire peut augmenter, mais le profit du capital s'accroît incomparablement plus vite. La situation matérielle de l'ouvrier s'est améliorée, mais aux dépens de sa situation sociale. L'abîme social qui le sépare du capitaliste s'est élargi.
« Enfin : Dire que la condition la plus favorable pour le travail salarié est un accroissement aussi rapide que possible du capital productif signifie seulement ceci: plus la classe ouvrière augmente et accroît la puissance qui lui est hostile, la richesse étrangère qui la commande, plus seront favorables les circonstances dans lesquelles il lui sera permis de travailler à nouveau à l'augmentation de la richesse bourgeoise, au renforcement de la puissance du capital, contente qu'elle est de forger elle-même les chaînes dorées avec lesquelles la bourgeoisie la traîne à sa remorque. »
 
Un bonne partie de l’essai de Marx tend à montrer que, quelle que soit le condition relative des travailleurs sous le système de l’exploitation capitaliste – qu’ils soient mieux ou plus mal rémunérés – et même s’ils sont dans une bonne position pour négocier du fait que le patron a besoin d’eux afin de poursuivre l’expansion de la production, les travailleurs perdent constamment du terrain par rapport aux capitalistes, dont la richesse s’accroît immensément. Ainsi, l’accroissement systématique de l’inégalité entre les classes repose sur le système de l’exploitation même. En outre, la classe ouvrière, au mieux, en est réduite à jamais à tenter « de forger elle-même les chaînes dorées avec lesquelles la bourgeoisie la traîne à se remorque ».
Marx poursuit alors en montrant que la prétendue prospérité des travailleurs est un mensonge, parce que les patrons recourent à n’importe quelle méthode pour réduire les salaires, même dans les époques prétendument fastes.
Le capitalisme à l’âge de la révolution technologico-scientifique et de la mondialisation impérialiste a pris de l’expansion et a évolué à pas de géants depuis l’époque de Marx. Les classes ouvrières des pays impérialistes ont emprunté un cours descendant et leurs salaires chutent. Elles perdent du terrain non seulement en valeur relative mais aussi en valeur absolue.
 
Les travailleurs ne progressent plus d’un pouce dans leur niveau de vie, alors que les capitalistes courent de l’avant. Les salaires diminuent. Les conditions se détériorent sans cesse. Les patrons ont manigancé une compétition salariale à l’échelle mondiale entre les travailleurs des centres du capitalisme et les centaines de millions de travailleurs des pays à bas salaires. Les patrons ont recouru à la délocalisation, en même temps qu’à la technologie et à l’exploitation des travailleurs immigrés pour promouvoir cette compétition. L’armée de réserve mondiale des chômeurs compte aujourd’hui des centaines de millions de personnes. Les travailleurs sont sous pression dans chaque continent.
 
Aux États-Unis, les salaires n’ont cessé de diminuer depuis les années 1970. (Perry L. Weed, « Inequality, the Middle Class & the Fading American Dream » [L’inégalité, la classe moyenne et la lente disparition du rêve américain]) L’inégalité flagrante que nous voyons aujourd’hui provient de l’absolu déclin des salaires. La part du lion de la nouvelle richesse va aux financiers et aux propriétaires de sociétés sous forme de quantités croissantes de plus-value, c’est-à-dire sous forme d’argent.
 
Il est urgent de tenter d’infléchir le déclin absolu des conditions du prolétariat et des opprimés. Le combat contre l’accroissement de cette inégalité obscène doit se poursuivre et s’intensifier.
 
La richesse des sociétés crée une richesse personnelle extrême
 
Mais il est important de faire remarquer que l’inégalité obscène dans les revenus personnels a l’air bien pâle si on la compare à la richesse des sociétés qui est contrôlée, non pas par le 1 %, mais par une infime fraction de ce 1 %, celle qui siège dans les conseils de direction des banques et des gigantesques sociétés transnationales. C’est ce que Lénine appelait le capital financier – le petit groupe de sociétés qui contrôle les milliers de milliards de dollars de la richesse des sociétés ainsi que le plus gros de la production de la richesse mondiale.
 
Une étude récente montre que 147 sociétés dominent 40 pour 100 de la richesse des sociétés du monde entier. (« Financial world dominated by a few deep pockets » [ Le monde financier est dominé par quelques poches très profondes], ScienceNews, 24 septembre 2011). La propriété privée et le contrôle de l’immense richesse des sociétés et de la finance par les hautes sphères de la classe dirigeante, voilà ce qui se terre derrière la richesse personnelle démesurée distribuée aux PDG de Fortune 500 et aux nantis de la planète – les administrateurs, actionnaires et détenteurs d’obligations du capital et de la finance.
 
La question est donc : Allons-nous nous arrêter dans le combat afin de réduire l’inégalité sous le capitalisme, allons-nous nous battre pour contribuer à « forger nous-mêmes les chaînes dorées avec lesquelles le capital » traîne le monde du travail à sa remorque, où allons-nous mener le combat contre l’inégalité jusqu’à son ultime conclusion et lutter pour rompre complètement les chaînes de la domination de classe ? L’inégalité entre les classes ne peut être abolie qu’en se débarrassant pour de bon de la classe capitaliste et du système d’exploitation sur lequel est bâtie toute son obscène richesse.
 
Source originale: workers world
 
Traduit de l'anglais par Jean-Marie Flémale pour Investig'Action

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