La Chine en mesure de riposter à la "guerre des étoiles"

Guerre des étoiles : nouvel épisode

Surprise apparemment générale lorsque la Chine a annoncé avoir procédé, pour raison de vétusté, à la destruction par ses soins d’un satellite météorologique chinois en orbite depuis 1999.

CONTRE LA GUERRE, COMPRENDRE ET AGIR

Bulletin n°160 – semaine 5 – 2007

Cette opération n’est pas en soi une prouesse technique puisqu’elle a déjà été réalisée dans les années 80 par les Etats-Unis et l’URSS, mais elle témoigne cependant de la très grande maîtrise et des progrès rapides de l’industrie spatiale chinoise qui, après avoir mis un cosmonaute en orbite, prépare activement une expédition sur la lune.

Du point de vue du droit international rien à redire : une fusée chinoise a détruit un satellite artificiel chinois et la Chine n’avait aucune autorisation à demander à quiconque. Le gouvernement chinois a choisi de donner le minimum de publicité à l’évènement comme s’il s’agissait d’une affaire intérieure. En effet, dans les premiers jours suivant l’opération, n’était disponible qu’un commentaire en chinois et en anglais émanant d’un spécialiste en astronautique de l’Académie des Sciences.

Evidemment ce tir n’a pas échappé à la vigilance des Etats-Unis qui contrôlent le ciel en permanence et sont propriétaires d’environ la moitié des 800 satellites artificiels qui circulent au dessus du globe. Il a suscité aussitôt des commentaires inquiets et critiques à la fois des politiques et des militaires, commentaires d’autant plus vifs que les experts étasuniens pensaient qu’il faudrait encore dix ans à la Chine pour réaliser semblable performance.

Les Russes n’ont pas été moins surpris puisque la première réaction officielle du Ministre de la défense, SERGUEI IVANOV, a été de considérer que c’était une fausse nouvelle. Il s’est ensuite ressaisi, sans doute après s’être renseigné auprès de son homologue chinois.

Petit à petit, l’évènement a pris sa dimension politique et elle est d’importance. La première « guerre des étoiles » au sens de la militarisation de l’espace c'est-à-dire de la mise en place d’un système complexe de satellites pour l’observation et le guidage et de missiles balistiques dotés d’armes nucléaires, système permettant en même temps de neutraliser les défenses anti-missiles adverses, a été lancée par REAGAN.

Elle ramenait l’humanité entière à la situation des gaulois : le ciel aurait pu, à tout instant, sur une décision de la Maison blanche « nous tomber sur la tête ».

Mise en sommeil après la chute de l’URSS, elle a été relancée par les néoconservateurs dés l’arrivée de Bush junior au pouvoir. Soumise à des pressions internationales nombreuses, tant dans le cadre de l’ONU qu’à l’extérieur, pour signer un traité de démilitarisation de l’espace, l’administration BUSH s’y est refusée obstinément et, sur ce sujet, BUSH lui-même a multiplié en 2006 les discours bellicistes et unilatéraux dont il est coutumier en répétant qu’il ne renoncerait à aucun moyen pour la défense des « intérêts nationaux » de son pays.

Sa position était d’autant plus intransigeante que les experts US pensaient que la Chine était incapable de faire ce qu’elle vient précisément de faire.

En effet, détruire des satellites espions US qui naviguent à la même altitude que le satellite chinois détruit (un peu plus de 800 km), c’est rendre l’ennemi sourd et aveugle et donc l’empêcher d’être le maître du ciel (et par conséquent du monde dans les conditions de la guerre moderne) puisqu’il se trouverait dans l’incapacité et de frapper juste et de neutraliser les missiles adverses.

Le Chine vient donc, sans élever la voix, sans taper sur la table et en faisant preuve de la plus exquise discrétion, d’obliger les Etats-Unis à négocier sur la démilitarisation de l’espace, négociation à 3 puisque la Russie, bien qu’elle ait donné l’impression jusqu’à présent de se résigner à l’intransigeance de Washington, est l’autre acteur présent dans ce jeu et réclame elle aussi un traité de démilitarisation de l’espace.

La réaction des Etats-Unis est à la mesure de leur surprise et de leur embarras : misérable. Ils accusent la Chine d’avoir disséminé des débris de son satellite dans la stratosphère alors qu’ils savent très bien que la stratosphère est déjà passablement encombrée de tels débris et que désormais les lanceurs et les satellites doivent être équipés de dispositifs de protection contre les dits débris.

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