La Belgique compte son premier prisonnier d'opinion

Le Clea est le Comité pour la liberté d'expression et d'association (Belgique)

Il faut signaler à nos amis étrangers que la ministre de la Justice vient de faire emprisonner pour cinq ans un jeune militant dont elle avait elle-même reconnu qu'il n'avait commis aucun acte délictueux. Son tort : dénoncer les violations des Droits de l'Homme en Turquie, un régime avec lequelle cette ministre laurette Onkelinx, flirte scandaleusement.

Voir aussi : Itinéraire d'un procureur hors-la-loi

http://www.investigaction.net/articles.php?dateaccess=2007-01-11%2006:47:57&log=invites

Depuis le 7 novembre, Bahar Kimyongür est en prison. Alors que ce jeune

citoyen belge n’a commis aucun délit, aucun acte illégal, aucune violence

contre qui que ce soit, la Justice l’a condamné à 5 ans d’emprisonnement

ferme. En l’accusant d’être le dirigeant d’une organisation terroriste ! On

croit rêver, pourtant on ne rêve pas. Suite à un procès trafiqué et malmené

du début à la fin, le tribunal a accouché d’un verdict totalement arrangé

et partial. Dans un seul but: bâillonner ce militant progressiste et

courageux… Bahar était en effet le porte-parole efficace d’un Bureau

d’Information qui, durant dix années, sera parvenu avec succès à énoncer et

dénoncer le sort ignoble réservé par la Turquie aux prisonniers politiques

de ce pays.

Fondant son jugement scandaleux sur la nouvelle législation

«antiterroriste», la Cour d’Appel de Gand est ainsi arrivée aux résultats

judiciaires exigés par l’Etat turc: faire définitivement taire un de ses

opposants – alors que le Bureau d’Information du DHKC, installé à

Bruxelles, a toujours agi en toute légalité (ce que la ministre de la

Justice a elle-même reconnu).

Il est donc indispensable de nous mobiliser afin

d'exiger que la Belgique en respecte concrètement l’Article 19 de la Décélaration des Droits de l'Homme:

«Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le

droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de

recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les

informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit».

En même temps qu'elle condamnait Bahar Kimyongür, la Cour d’Appel de Gand a

également confirmé, voire aggravé, les peines prononcées contre six autres

prévenus n'ayant eux non plus jamais commis d’actions violentes (le dossier

d’instruction en fait foi) – ni en Belgique, ni nulle part ailleurs. Peu

importe : leur appartenance supposée à l’organisation de gauche turque

DHKP-C aura suffi au Tribunal pour les punir abusivement de 4 à 7 ans de

réclusion. Un verdict outrancier, délibérément excessif, au prétexte que ce

mouvement révolutionnaire (bien implanté dans la classe ouvrière, les

syndicats, la fonction publique et la jeunesse étudiante turcs) est parfois

amené à recourir en Turquie à des actions de représailles violentes contre

des policiers tortionnaires bénéficiant d’une impunité totale, contre des

politiciens véreux qui se croient tout permis ou contre des caïds de la

mafia protégés par le pouvoir…

HUMILIÉS, SOUMIS À DES TRAITEMENTS DÉGRADANTS EN PRISON

Or trois de ces condamnés, emprisonnés à Bruges depuis qu’a été prononcé le

jugement de première instance le 28 février dernier, y sont soumis à des

conditions de détention abusives, inacceptables, indignes d’un Etat de

droit. Car cela fait plus de 270 jours que Sükriye Akar, Musa Asoglu et

Kaya Saz subissent des actes de contrainte qui n’ont pour intention que de

les avilir et de les humilier: isolement total, privation sensorielle,

fouilles anales systématiques, troubles volontaires du sommeil.

«Volontaires» : une lumière aveuglante de 80 watts, située juste au-dessus

de leur tête, reste allumée toute la nuit. Depuis l'application de ce

châtiment, il est impossible aux trois condamnés de dormir la nuit, ce qui

provoque un état d’insomnie permanent et risque d’entraîner une série de

dérèglements physiques et psychiques. Un régime carcéral inhumain qui est

le fait de la Ministre de la Justice, laquelle – malgré cinq décisions de

justice exigeant qu'il soit mis fin à ces pratiques

dégradantes – renouvelle à chaque fois ses directives auprès de

l'administration pénitentiaire afin que ces mesures de coercition soient

maintenues, voire renforcées. Pour protester contre cet autoritarisme

ministériel, Musa Asoglu est en grève de la faim depuis le 31 octobre.

Dernier exemple en date de la veulerie de l’administration pénitentiaire

pour faire plier «les trois de Bruges» : à l’instar de tous les autres

détenus, ils ont normalement le droit de recevoir des vêtements «une fois

l’été, une fois l’hiver». Sükriye Akar a introduit sa demande il y a

quelques jours, mais le directeur de la prison refuse de lui accorder ce à

quoi elle a droit parce qu’avec ses deux autres camarades, elle s’est

pourvue en Cassation! On lui a donc fait clairement comprendre que si elle

revenait sur cette décision, elle aurait droit à des pull over…

Il est donc vraiment indispensable de nous mobiliser afin

d'exiger que la Belgique respecte concrètement l'Article 3 de la Convention

européenne des Droits de l'Homme. Celle-ci interdit de porter atteinte à

l'intégrité physique et mentale d'une personne en la soumettant à la

torture ou à des peines ou traitements inhumains.

– Liberté pour Bahar. Résister n’est pas un crime: c’est un droit

légitime.

– Nullité du jugement prononcé contre le DHKP-C :

procès trafiqué, jugement annulé.

– Pas de traitements inhumains dans les prisons.

– Suppression des lois antiterroristes: au lieu d’apporter

plus de sécurité, elles mettent nos libertés fondamentales en

danger.

AUTRE ARTICLE :

http://www.investigaction.net/articles.php?dateaccess=2007-01-11%2006:51:03&log=invites

SOIREE D'INFO ET SOUPER DE SOLIDARITE

Vendredi 19 janvier 2007

Accueil à partir de 18h. Organisé par Stop USA au

Centre International, 171 Bd Lemonnier – 1000 Bruxelles

Avec la participation de la mère, la soeur et l'épouse de Bahar Kimyongür, d'un porte-parole du CLEA (Comité pour la Liberté d'Expression et d'Action), et d'un avocat de la défense

PAF : Entrée 2€ – Repas 8€

Info : info@stopusa.be – 0472/98.50.11

POUR TOUS RENSEIGNEMENTS

www.leclea.be

qui organise des rassemblements chaque samedi de 16 à 17 heures, à la Bourse de Bruxelles

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