L’ancien coordonnateur de la transition cubaine poursuit son boulot pour la CIA

Caleb McCarry, nommé proconsul sous l’administration Bush pour le plan d’annexion de Cuba en 2005, quitte ses fonctions après avoir reçu en cadeau deux années de salaire. Il rejoint, en tant que conseiller principal de la présidence, l’association Creative Associates International, une officine de la CIA financé par l’USAID à hauteur de 1,5 milliards de dollars et destiné à effectuer des opérations de subversion dans différents pays.
Ancien fonctionnaire du bureau du sénateur ultra-conservateur Jesse Helms et fils d’un ex-agent de l’Agence centrale de renseignements, McCarry avait déjà officié en Haïti. En 2004, il avait dirigé la participation de l’International Republican Institute dans l’opération qui avait mené au rapt et à l’expulsion du président Jean-Bertrand Aristide. Le nord-américain avait conçu ce coup d’État avec le soutien de Stanley Lucas, un délinquant politique lié à la dictature des Duvalier, dont la famille s’est illustrée par le massacre de 200 paysans.

Des sources de Miami très bien informées affirment que le « coordonnateur pour la transition à Cuba » a converti sa sortie de la commission créée par Bush en un véritable détournement de fonds. Prétextant une indemnisation , McCarry aurait fait passer sur son compte en banque personnel quelques centaines de milliers de dollars correspondant à deux années de rémunération. Le fonctionnaire bushiste a aussi récolté d’autres sommes appartenant aux projets destinés à déstabiliser la révolution cubaine.

CREATIVE ASSOCIATES ET LA PRIVATISATION DE LA SUBVERSION

Selon les observateurs, McCarry poursuivra chez Creative Associates International ses activités anti-cubaines ainsi que la direction d’agressions similaires dans d’autres pays.

Pour la spécialiste vénézuélienne Eva Golinger, auteur du “Code Chavez et co-auteur” avec Romain Migus du plus récent “La teleraña imperial”, la Creative Associates International est un autre exemple de « la stratégie de privatisation de la subversion » mise en marche par le gouvernement nord-américain depuis déjà quelques années.

Selon Golinger, Creative Associates International fait partie d’un groupe de firmes quasi-privées qui reçoivent des subventions de centaines de millions de dollars de Washington, par le biais de la USAID et autres agences du Département d’État, pour exécuter les soi-disant « projets de transition, stabilité et reconstruction » sous le prétexte de « promouvoir la démocratie ». « En réalité, ces entités des services de renseignement et sécurité des États-Unis, sont les exécutants de la stratégie de subversion et de contre-insurrection de Washington, et jouent un rôle parallèle à ses contreparties dans le secteur de la défense et de la sécurité telles que Blackwater, Lockheed Martin, Dyncorp et autres, embauchées par le Pentagone et le Département d’état pour fonctionner comme des armées privées », précise l’experte.

Des entreprises comme Creative Associates International laissent filtrer des millions de dollars à des ONG et des partis politiques qui promeuvent l’agenda de Washington dans des pays stratégiquement importants pour les intérêts étasuniens.

1,5 MILLIARDS DE DOLLARS POUR FINANCER DES OPÉRATIONS SUBVERSIVES

Les sommes d’argent gaspillées sont colossales. Golinger explique: « Au cours des dernières années, Creative Associates International a financé des campagnes électorales en Amérique latine, dans des pays comme le Nicaragua, le Salvador, la Bolivie et le Venezuela, en appuyant toujours la tendance favorable aux politiques étasuniennes. En septembre 2008, l’entreprise a reçu un contrat de 1,5 millards de dollars du Bureau des initiatives pour une transition (OTI) de la USAID, afin d’exécuter des programmes dits de transition, de stabilité et de démocratie dans des pays comme l’Afghanistan, le Sri Lanka, le Salvador et le Venezuela où fonctionne cette section de la USAID ».

Au Venezuela, l’OTI fonctionne depuis l’an 2002 avec un budget annuel de près de cinq millions de dollars. « Jusqu’à aujourd’hui, ce bureau, par le biais de ses subsidiaires quasi-privés tels que Freedom House, Development Alternatives, l’Institut républicain international et l’Institut démocrate international, a financé et fourni de l’appui stratégique à plus de 450 partis polítiques, ONG et groupes de l’opposition ».

Pour la chercheure, la firme à laquelle se joint le chef sortant du Plan Bush fait partie de cette élite des façades d’intervention à partir desquelles les services de renseignement de Washington fournissent des millions à leurs acteurs régionaux.

MCCARRY, PARRAIN DE TERRORISTES

Après trois ans passés à gérer le plan Bush, McCarry a gaspillé des dizaines de millions de dollars provenant du contribuable américain dans de très coûteuses opérations de propagande, principalement en Europe.

Dans plusieurs de ces missions, il a utilisé comme protagonistes quelques-uns des éléments les plus connus de la faune terroriste de Miami, tels que Sixto Reynaldo “El Chino” Aquit, célèbre pour une longue succession d’actions criminelles, et Angel Cuadra Landrova, connu à Cuba pour sa participation dans l’incendie de champs de cane à sucre où des chats avaient été utilisés comme torches. Les deux sont liés au gang mafieux de Luis Posada Carriles.

Caleb McCarry a aussi appuyé les opérations d’individus aussi peu prestigieux que Carlos Alberto Montaner et des politiciens européens d’extrême droite connus pour leur affiliation au Département d’État.

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