Irlande : le rejet est un vote populaire et de gauche

L'Irlande est le seul pays de l'Union Européenne où la population a eu le droit de s'exprimer, après un large débat public. Certains votent bien sûr par nationalisme et sont en principe contre toute forme d'unification européenne.

Titre original:

Irlande: le referendum rejette l'Europe antisociale

Mais, comme en France et aux Pays-Bas en 2005, le rejet irlandais est d'abord un rejet populaire et une opposition de gauche. Selon un sondage effectué une semaine avant le vote, la majorité des Irlandais plutôt riches pensaient voter oui, tandis que la majorité des ouvriers interrogés allaient voter non . De grands syndicats, tous les partis à gauche du Parti Socialiste (Labour) et de nombreuses associations progressistes ont mené campagne pour le non. Même parmi les partisans du Labour, la majorité se dit opposée au Traité.

Le dirigeant du plus grand syndicat (Siptu) a dit qu'il « ne soutiendra pas le Traité qui soumet les travailleurs à la loi du marché sans le contrepoids que constitue le droit à la négociation sociale contraignante ».

Il se réfère à des décisions récentes de la Cour européenne de Justice. Celle-ci a décidé que les syndicats suédois ne pouvaient pas obliger un entrepreneur de travaux letton travaillant en Suède à payer ses travailleurs aux tarifs des conventions collectives suédoises. Il lui suffit de payer le salaire minimum légal en vigueur. Les organisations syndicales craignent à juste titre une généralisation de ces pratiques et une mise hors-jeu des syndicats si le Traité est voté.

Les opposants ont aussi mis l'accent sur la menace que constitue le Traité pour les services publics, notamment les soins de santé. Le Traité les soumet aux règles de la concurrence, base juridique de leur libéralisation et de leur privatisation. Les opposants votent contre le Traité pour défendre la neutralité militaire de l'Irlande, qui n'est pas membre de l'OTAN. Le Traité demande à tous les Etats membres d’améliorer leurs capacités militaires (seul domaine pour lequel l’augmentation des dépenses publiques est encouragée !) et à intervenir à l’étranger au nom de la lutte contre le terrorisme.

En 2000 l'Irlande a déjà voté contre le Traité de Nice pour cette raison. L'Union européenne a alors fait revoter en promettant le respect complet de la neutralité irlandaise. Promesse non tenue : l'Otan possède un aéroport à Shannon (une grande ville irlandaise) et des militaires irlandais participent à la force d'intervention européenne au Tchad.

Les partisans du « oui » ont tout fait pour tromper le peuple irlandais dans cette question. Le gouvernement français a même postposé un débat parlementaire sur le programme de la présidence française de l'Union jusqu'après le referendum. Le programme de Sarkozy prévoit en effet de proposer que l'Union européenne augmente ses dépenses militaires de façon drastique. Il s'est déjà mis d'accord avec la chancelière allemande Merkel sur ce point.

http://www.ptb.be/fr/hebdomadaire/article/article/irlande-le-referendum-rejette-leurope-antisociale.html

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