Hospitalité française

HOSPITALITÉ FRANCAISE

 

Il n’y a pasque les « Mohamed » à être refoulés. Ces Brésiliens ont fait nombredans les statistiques des expulsés !Un témoignage accablant pour notretradition d’hospitalité. Nous confirmons que les conditions d’accueil donnéesen fin de texte sont devenues nécessaires. Nous n’avons pu accueillir notrebeau-fils Ireneo Tellez Alonzo, Paraguayen, fin décembre 2008, qu’en lesremplissant, avec dossier en mairie transmis à la préfecture  et… timbrefiscal de 45 € !Si vous avez dans vos connaissances (ou non) un député ousénateur (de préférence UMP !) merci de lui en faire part. Cordialement.Pierre et Luisa.

 

De la France, Solange França, universitaire brésilienne venue passer quelquesjours à Paris chez des amis français, n’aura vu que la zone d’attente del’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Parce qu’elle était en possession d’unesimple attestation d’hébergement et non d’une attestation d’accueil officielle,elle a été remise aussi sec dans l’avion. Voici cette mésaventure telle que laraconte Solange França, dans un français parfait, et son ami français YvesBellenand qui l’attendait à l’aéroport et ne l’a jamais vue arriver.


Le récit de Solange França

Comme tous mes amis lesavaient, j’avais programmé d’aller à Paris en vacances, visiter un coupled’amis Yves et Riviane, fêter mon anniversaire, établir des contacts avec desinstituts de recherches et d’enseignement, et de réaliser mon rêve de connaîtrela France.


Je suis partie d’Ilhéus le 9/4/09 à 12h32, destination Salvador de Bahia par levol TAM 3680 puis de Salvador de Bahia destination Paris par le vol TAM 8068arrivée à l’aéroport Charles de Gaulle à 14 heures le 10 /04/2009.

Au sortir de l’avion, j’aiété conduite sans aucune explication dans une salle de la police française. Unepolicière a alors demandé de vérifier mon passeport, mon billet d’avion deretour, l’argent disponible, l’attestation d’hébergement et mes assurances.Pour prouver mon hébergement j’ai présenté une attestation faite par Yves etRiviane Bellenand, ce couple d’amis qui devaient m’héberger durant tout monséjour à Paris. Je lui ai expliqué que je n’avais pas d’assurances spécialesmais j’ai présenté ma carte d’assurance privée brésilienne, un bulletin desalaire émis par le gouvernement de l’état de Bahia datant de mars 2009,montrant que je suis en activité à l’Université de Santa Cruz à Bahia (Brésil)comme enseignante-chercheur.


Sans autres explications, j’ai été conduite avec deux autres personnes vers uneautre salle de la police dans laquelle se trouvait déjà un autre brésilien.

J’ai demandé desexplications au policier à l’accueil mais il m’a dit de m’asseoir avec un tonde voix menaçant et agressif. A ce moment là, j’ai réalisé que j’allais êtreexpulsée de France et que je ne pourrais pas demander des éclaircissementsparce que je craignais d’être considérée comme «agressive» ce qui pourraitaboutir à des événements encore plus graves comme par exemple être mise enprison sur le territoire français.


Plus tard un autre policier a mis des gants et a demandé au brésilien de lesuivre dans une autre salle. Dix minutes plus tard un autre brésilien a étéaussi emmené. Après deux policières ont demandé à deux autres filles qui nousavaient rejoints d’aller dans une autre salle. Après ça a été mon tour.


Dans cette salle il y avait mon sac à dos et mon sac à main. J’ai dû mettretout sur une table et m’éloigner de mes affaires et les deux policières onttout fouillé. Elles ont confisqué mon passeport et mon argent (200 réals, 100dollars et 1800 euros). A ce moment-là, j’ai demandé à nouveau deséclaircissements sur l’expulsion mais une policière m’a dit de «fermer magueule» sur un ton menaçant.


J’ai présenté mon bulletin de salaire mes trois cartes de crédit (Visa Ourocard Platinum, Mastercard Ourocard Platinum et Ourocard Gold toutesémises par la Banque du Brésil), l’attestation d’hébergement et des e-mails desprofesseurs et collègues de travail avec lesquels j’avais l’intention dem’entretenir durant mes vacances.


En effet, j’envisageais de faire un post-doctorat en France dans un futurproche. J’ai montré l’e-mail du professeur Henri PLANA (professeur français àl’UESC – Université de l’Etat de Santa Cruz à Bahia, Brésil) qui est en cemoment en stage post-doctoral au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille), deMichel Jean DUBOIS (français, biologiste, qui travaille à Intervivos (www.intervivos.fr) et de Marcelo DE PAULA CORREA chercheur brésilien, en stage post-doctoral auLATMOS (Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales).


J’ai expliqué que je n’avais pas d’invitation officielle pour visiter ceslaboratoires parce que j’étais en vacances, mais que, même en tant quetouriste, et comme coordinatrice de recherches de l’Université, j’allais aussiprendre des contacts professionnels pour envisager un  post-doctorat etpour articuler avec des institutions françaises la soumission de projets dansle cadre du 7ème Programme pour l’Investigation et le DéveloppementTechnologique de la Communauté Européenne.


Quand j’ai demandé à cette policière comment je pourrais inverser la  situation, elle m’a informé que ce serait seulement possible grâceà une intervention de l’ambassade du Brésil en France, et que dans la salle ouj’allais être «détenue», il y avait un téléphone et que je pourrais m’enservir. La même policière m’a donné le numéro de téléphone de l’ambassade.


J’ai été conduite dans une salle de détention ou il y avait déjà 5 autrespersonnes. J’avais uniquement les vêtements que j’avais sur moi, un papier avecles numéros de téléphone de Henri et de Riviane et celui de l’ambassade. Monsac à dos et mon sac à main sont restés par terre dans un couloir d’accès àcette salle et mon passeport et mon argent ont été retenus par la policefrançaise.


J’ai appelé le numéro de l’ambassade qui répondait seulement avec un répondeur indiquant un numéro à contacter pour les urgences. J’ai laisséun message sur un deuxième répondeur pour expliquer ma situation. Détenue dansun aéroport d’un autre pays, désespérée, espérant une aide officielle du Brésilje n’arrive à parler qu’à un répondeur.


Le temps passait, quelques personnes désespérées, d’autres en larmes dans unesalle pas propre et où il y avait seulement dix places assises avec un uniquetéléphone disputé par tous. L’énervement, le sentiment d’insécurité et ledésespoir augmentaient.


Je crois vers 17 heures (je n’avais pas de montre) on nous a apporté de lanourriture dans un sac: une boite de salade au thon, un morceau de pain, unpaquet de chips, une bouteille d’eau et un dessert crémeux de bananes et pêchesqui a servi à écrire les numéros de téléphones que nous obtenions sur le mur dela salle de détention (nous n’avions ni papier ni crayon !).

Vers 18 heures nous étionstous conduits de nouveau dans la salle du  département de police où uninterprète allait nous signifier que nous  quitterions la France par lepremier vol et que la seule solution était de signer les termes du refusd’entrée en France composé de 5 pages toutes écrites naturellement en français.


Puis on est retourné dans la salle de détention ou j’ai réussi à avoir autéléphone un fonctionnaire du consulat du Brésil qui était au courant  dema situation ayant écouté le répondeur et ayant parlé avec mon ami Henri. Ilm’a informée qu’il ne pouvait rien faire et que je devais retourner au Brésil.J’ai réussi à parler avec Yves et Riviane qui étaient toujours à l’aéroport etqui avaient déjà fait des tentatives inopérantes pour prouver qu’ils allaientvraiment m’héberger chez eux.


Vers 21 heures, le 10 avril 2009, la police m’a rendu mon argent et j’étaisconduite avec 16 autres brésiliens escortés par 10 policiers, à la ported’embarquement pour prendre le vol Tam JJ 8055 destination  Rio de Janeiro.


En arrivant à Rio le personnel de la TAM – inefficace et montrant leurspréjugés – m’ont rendu mon passeport et j’ai été conduite à la police fédéralebrésilienne pour ensuite prendre le vol TAM JJ 8068 destination Salvador deBahia, et après le vol TAM JJ 3660 destination Ilhéus.


Ce message bien que long ne parvient pas à dire la grande frustration, la peur,l’insécurité, le manque de respect et les préjugés que j’ai vécus durant ces 75heures.

Présentement je voudraisque les autorités brésiliennes et française prennent connaissance de«l’événement» que j’ai vécu et aussi donner des éclaircissements.

 En fait, ce quidevait être un cadeau d’anniversaire a généré beaucoup de souffrances.

Cordialement – Solange

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Le récit d’Yves Bellenand
Honte etrévolte sont les deux sentiments qui m’animent depuis vendredi dernier. Honted’être français et révolte contre un pouvoir qui a comme ligne de conduite larépression dans tous ses états !

 Lesfaits

 

Vendredi 10 avril, 14heures, je suis à l’aéroport Charles de Gaulle venu accueillir notre amiebrésilienne Solange França qui vient passer trois semaines avec nous. C’estl’occasion pour elle de fêter son 40ème anniversaire et de prendre aussi descontacts professionnels en vue d’un post-doctorat. Solange estprofesseur-chercheur à l’Université Santa Cruz de Bahia.


L’avion s’est posé à 14heures.

15 heures, Pas de Solange!

15h30, j’interpelle unpolicier et lui demande si tous les passagers sont sortis de la salle dedébarquement. «Non, il y en a encore en salle de police !»

16h, inquiet, je demande àun douanier qui passait s’il veut bien me dire  si Solange França aquelque problème. Il revient dix minutes après: «la personne est retenue par lapolice parce qu’elle n’a pas tous ses papiers en règle. Vous devez vous rendredans la zone de fret 1 à ZAPI 3»


Aucune indication dans la zone de fret 1 ne signale la ZAPI 3 ! Je finis partrouver. Là j’expose la situation et on me dit qu’on ne peut me donner aucunrenseignement, les personnes détenues n’étant pas encore transférées en Zone dedétention. Elle me donne un numéro de téléphone à appeler entre 19h et 20h etme fait comprendre que je ne peux rester là.


Vers 18h nous réussissons à avoir la ZAPI au téléphone «deux problèmes :”attestationd’hébergement non officielle et problème d’assurances.”

 Nous arrivons devantla grille de la ZAPI à 19h20 Là, «c’est fermé revenez demain matin à 8 h.»

 Nous nous rendons àl’aéroport et nous demandons à voir l’officier de  police de quart. Nousexpliquons à un policier que nous n’étions pas au courant de l’attestationd’accueil délivrée par la mairie ou la préfecture mais que nous avons fourniune attestation d’hébergement sur papier libre.

L’officier de quart dit«impossible !»

Notre amie a été renvoyéedans son pays à 21 h 50 sans qu’on ait pu la  voir !


 Je suis révolté, nonseulement par les conditions de détention, mais aussi par la désinvolture et lemanque d’humanité qui ressort de cette lamentable affaire, et plus encore parla restriction de nos libertés individuelles qui découle des conditions del’établissement de cette «attestation d’accueil» officielle qui est demandéepar l’Etat français aux étrangers venant de l’extérieur de l¹espace Schengen.

En effet renseignements pris, on demande l’avis d’imposition de la personne quiaccueille, trois quittances d’électricité, une quittance de loyer, l’état desalubrité du logement et la photocopie de la pièce d’identité entre autresrenseignements et 45 euros de timbres fiscaux. Et la mairie ou lapréfecture peuvent ne pas autoriser l’accueil. La France a vraiment perdu sonaura de «terre d’accueil».


N’avons-nous plus le droit de recevoir nos amis étrangers sans en demanderl’autorisation ? C’est une restriction de plus de nos libertés individuelles.

Si comme moi vous êtes choqués et honteux faites passer ce courriel à tous vosamis. Merci.

Yves Bellenand

 

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