Forum mondial de l’eau : Malheur à qui critique

Le Forum Mondial de l’Eau, la grande kermesse organisée par les multinationales du secteur et légitimée par la présence de 140 gouvernements (et ex gouvernants recyclés plus blancs comme M. Gorbatchev, NdT), a ouvert ses portes sous le signe de la répression. L’événement avait initialement été pensé comme passerelle électorale pour Nicolas Sarkozy, mais s’apprête à faire un grand flop en termes de participation et d’attention de la part de l’opinion publique. Du coup, le président français a préféré déclarer forfait au dernier moment et déléguer son anonyme premier ministre Fillon dans le rôle de maître de cérémonie.

Ceci n’a pas suffi à atténuer la morsure de la sécurité qui, le jour de l’ouverture, a eu l’ordre explicite d’éloigner toute voix critique, celle de il manifesto comprise. En de multiples occasions de sommets internationaux, la Campagna per la Riforma della Banca Mondiale (Campagne pour la Réforme de la Banque Mondiale) a collaboré avec le journal, recevant toujours son accréditation presse. Il n’était jamais arrivé qu’au moment du retrait du pass d’accès à la zone des journalistes, quelqu’un fût entouré par la police, fouillé, enfermé dans un véhicule blindé et transporté au commissariat pour être relâché sans explication après plusieurs heures.

Arrestation survenue après un travail de renseignement, avec photographies prises les jours précédents dans des lieux publics de la ville, et, donc, dans des surveillances et filatures. C’est ce qui est arrivé à l’auteur de ces lignes, à Marek Rembowski, autre militant du Forum Italiano Movimenti per l’acqua et à environ 10 media activistes français et espagnols munis de leur accréditation de presse. Opération capillaire, dans l’objectif de bâillonner toute voix critique ou forme dialectique de dissension. Les personnes arrêtées ont en effet été relâchées exactement à la fin de la cérémonie d’ouverture, quand il n’y avait plus de nouvelles à raconter.

D’autre part, même pendant la conférence de presse qui s’est tenue le soir, il a été interdit aux journalistes de poser toute question. Ce n’est pas tout. Le flash mob organisé par une centaine d’activistes devant les portes du Forum s’est transformé en arrestation collective. Le groupe a été entouré d’un cordon de police qui a bloqué tout le monde pendant deux heures sous le soleil (bon soleil de printemps précoce mais pas brûlant quand même, NdT) en empêchant à quiconque de s’éloigner. Un climat inquiétant, survenu au cœur (c’est bien écrit « au cœur », NdT) de cette Europe qui prétend dicter ses recettes économiques à toute l’Ue. Il est de plus en plus évident que les politiques d’austérité vont de pair avec des politiques répressives et de privation des droits concernant la vie privée, l’information et la libre circulation.

Marseille se présente donc comme banc d’essai, les plus grandes multinationales de l’eau sont françaises et, jouant chez elles, n’ont aucune intention de prendre le risque que la tromperie soit démasquée. A savoir : qu’on dénonce l’urgence démocratique d’une délégation en forme de blanc-seing que les gouvernements sont en train de donner au secteur privé pour la totalité de la gestion des ressources hydriques de notre planète. Délégation qui sera renvoyée à l’expéditeur par la société civile qui se réunira mercredi à Marseille à l’occasion du Forum Alternatif de l’eau, et se conclura le 17 par une manifestation internationale. Le Forum Movimenti per l’Acqua (Forum des Mouvements pour l’Eau) est présent avec une forte délégation qui ne se laissera pas bâillonner et continuera à raconter ce qui se passe sur il manifesto et sur le blog ci-dessus.


Traduit par Marie-Ange Patrizio

Source: ISM

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