Fabrizio enfin libéré !

Le jeune Fabrizio vient enfin de sortir de prison où il était emprisonné arbitrairement. Simplement parce qu’il souffrait de schizophrénie. Ce mardi, la Cour a dénoncé l’illégalité de l’arrestation et l’attitude de la ministre belge de la Justice. Espoir pour de nombreux cas semblables, le jugement est cinglant et carrément humiliant pour Laurette Onkelinx. Nous terminerons par des révélations sur l’hypocrisie de celle-ci.

Nous l’avions appelé « Elio » par discrétion, mais son vrai nom – Fabrizio – a finalement été révélé. Nous vous avions raconté le drame de ce jeune de trente ans, jeté en prison par la police, SANS JUGEMENT, juste parce qu’il souffrait de schizophrénie et qu’un médecin irresponsable avait cessé de le soigner dans un établissement spécialisé. Nous avions indiqué dans nos messages combien il est cruel et inhumain de traiter ainsi un malade dont l’état nécessite au contraire des médicaments, des soins spécialisés et surtout l’affection des siens. D’autant que certains gardiens de la prison avaient carrément battu le jeune malade devant ses parents !

Résumé de l'affaire :

http://www.investigaction.net/articles.php?dateaccess=2007-02-16%2007:00:24&log=articles

Vous aviez été très nombreux à manifester votre solidarité sur Internet. La famille avait alerté la presse. Mais la plupart des médias s'étaient abstenus. Le rédac-chef d’un grand hebdo belge a même jugé le cas « trop peu journalistique ». Par contre, l’émission Images à l’appui de RTL-TVI a consacré récemment un émouvant reportage au cas de Fabrizio.

Hélas, tout cela n’avait pas suffi à obtenir que la ministre de la Justice, Laurette Onkelinx, sorte de sa tour d’ivoire et daigne simplement répondre à la souffrance et à l’angoisse des parents. Son président de parti, Elio Di Rupo, avait également refusé de prendre position.

Mais l’avocat de Fabrizio et de ses parents, Jean-Maurice Arnould, a tenu bon depuis six mois. Accusant l’Etat belge pour violation grave de la Convention Européenne des Droits de l’Homme (article 5), et exigeant la libération de Fabrizio. Pour qu’il puisse enfin être soigné dans un établissement adapté. Malheureusement, le premier juge avait laissé Fabrizio en prison sous des prétextes absurdes, en disant qu’il fallait suivre la « liste d’attente ». En effet, il manque de place, mais c’est justement parce que le gouvernement refuse de consacrer des moyens pour soigner les maladies mentales là où il faut.

Il y a quelques jours, le Parquet lui-même avait conclu qu’il était illégal de placer les malades schizophrènes sur une « liste d’attente » et de les maintenir entre temps en prison.

Ce mardi, l’arrêt en appel vient d’envoyer une fameuse gifle à la ministre de la Justice. La Cour stigmatise sévèrement Laurette Onkelinx et lui enjoint de transférer Fabrizio dans un établissement de défense sociale. L'arrêt déclare ne pas prononcer d'astreinte (pénalité en cas de retard d’application), "espérant que dans un Etat de droit, un ministre de la Justice puisse exécuter une injonction judiciaire" (sic). Cinglant !

Le "délai raisonnable d'attente" (six mois !) est fustigé compte tenu de l'état mental et de sa dégradation. Il faut savoir que même le directeur et le médecin de la prison de Mons avaient déclaré inhumain et dangereux d'y maintenir Fabrizio. La Cour relève aussi l’hypocrisie du ministère de la Justice. Celui-ci, en première instance, avait demandé au ministère wallon de la Santé de transférer Fabrizio, mais ensuite s’est lavé les mains de ce cas tragique !

Nous avons eu la chance de rencontrer Pietro et Giacomina, les parents de Fabrizio. Nous tenons à les féliciter et à saluer leur combat courageux. David a eu raison de Goliath, de son indifférence et de son cynisme. Un exemple à suivre, car vos messages nous l’ont confirmé : il existe de nombreux cas semblables et on n’en parle pas. Il faudrait maintenant que de nombreux "Fabrizio" intentent tous la même action judiciaire partout où c’est nécessaire.

Merci à tous pour votre soutien, se battre paie !

MICHEL COLLON

COMPLEMENT :

Les documents qui démontrent la totale hypocrisie de Laurette Onkelinx :

STRASBOURG – 18 JUIN 1998 :

Rapport au gouvernement belge après la visite des prisons belges par le Comité Européen pour la Prévention de la Torture et des Traitements inhumains ou dégradants (Conseil de l’Europe) :

« Le Comité recommande qu’il soit formellement rappelé au personnel pénitentiaire de la prison de Mons que les mauvais traitements de détenus ne sont pas tolérables et qu’ils seront sévèrement sanctionnés. »

Le rapport énumère sur une centaine de pages de nombreuses violations des droits de l’homme commises en Belgique et dénonce particulièrement la situation des personnes souffrant de problèmes psychiatriques.

BRUXELLES – 22 JANVIER 2004 :

Interview de Laurette Onkelinx, ministre de la Justice, au Soir :

« La situation des détenus internés est le problème le plus criant du dossier pénitentiaire. Des propositions seront présentées incessamment. »

BRUXELLES – SEPTEMBRE 2006 :

Deux ans et demi après ses belles déclarations, Laurette Onkelinx n’a rien fait et refusera pendant six mois de répondre aux questions des parents de Fabrizio.

Il faut savoir que cette stratégie du silence est une habitude chez Laurette Onkelinx. Elle a ainsi couvert des brutalités commises par des policiers de la Ville de Bruxelles, le refus de celle-ci de payer ce à quoi elle a été condamnée par jugement, la totale passivité du «Comité P» censé enquêter sur les violences policières. Ainsi que les illégalités commises par son propre cabinet pour faire emprisonner coûte que coûte Bahar Kimyongur (condamné à cinq ans pour avoir traduit un tract sur la Turquie). Et bien d’autres affaires qui ne sentent pas bon.

Madame Onkelinx n’aime les caméras de télévision et les questions des médias que si c’est elle-même qui pose les questions pour faire sa promo électorale. Est-ce cela la démocratie ? Il faudra y revenir…

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http://www.mariecollon.info/

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