De l’Afro-pessimisme à l’Afro-optimisme : les enjeux d’un changement de paradigme

Réduite pendant plusieurs décennies à trois grands maux (misère, famine, guerre), l’Afrique est devenue le continent de tous les espoirs après la crise économique de 2008-2009. Ayant merveilleusement résisté aux contrecoups de cette banqueroute mondiale, le continent africain est désormais perçu comme la bouée de sauvetage de l’économie-monde. Sa population jeune et solidement instruite, ses innombrables ressources minières, ses vastes terres arables, son potentiel énergétique… en font le continent de toutes les convoitises en ce début de 21ème siècle.

Faisons un petit exercice de mémoire. Il s’agit de parcourir rétrospectivement les pages Afrique de nos journaux d’il y a quelques années. Elles se résument à peu près à ceci : 1)- Des hommes et femmes parcourant des kilomètres, parfois enfants au dos, pour fuir la guerre dans leur pays situé quelque part… en Afrique ! 2)- Des camions réquisitionnés par le Fonds mondial pour l’Alimentation, la Croix Rouge et autres ONGs afin de livrer des tonnes de céréales à des milliers de personnes aux allures faméliques parce que menacées par la famine dans la corne de… l’Afrique ! 3)- Des gamins de 12-16 ans tenant fièrement une arme reçue pour aller combattre comme enfants-soldats dans les rangs d’une milice à la solde d’un homme politique avide de pouvoir en… Afrique ! 4)- Des équipes d’hommes et de femmes venus directement d’Europe de l’ouest ou d’Amérique du nord pour « aider l’Afrique et les Africains » avec au menu : plans d’ajustement structurel, discours sur le transfert de technologie, appui aux efforts démocratiques…

Bref, l’Afrique qui s’étend pourtant sur 30 221 532 km2 avec un milliard d’habitants (chiffres de 2010) a été longtemps présentée dans les grands médias comme un continent gueux, ou tout simplement mendiant et parasite. Véritable cas social qu’il fallait aider !

Aujourd’hui, les choses ont bien changé. Même si les médias ne communiquent pas avec la même intensité sur ce basculement, force est de constater que l’afro-pessimisme, voire l’afro-pitié a cédé la place à un afro-optimisme qu’il mérite de comprendre.

{{ {{{La vérité des chiffres ou les chiffres de la vérité}}} }}

{« Une nouvelle Afrique a émergé des cendres du passé et prend de l’ampleur. Beaucoup semblent avoir pris un peu connaissance de cette révolution silencieuse qui déferle sur l’Afrique. Il y a un optimisme croissant partout »},
Aliko Dangote, Dangote News, ISSN 0189-5826, avril 2012, P.4.

Alors que la tendance mondiale est au vieillissement de la population, le continent africain peut se targuer d’avoir un avantage comparatif majeur en la matière : une population jeune et scolarisée. « Avec près de 200 millions d’habitants âgés de 15 à 24 ans, l’Afrique possède la population la plus jeune du monde, et celle-ci continue de croître », indique dès ses premières pages le dernier document programmatique de la politique française en Afrique, datant de décembre 20131.

Selon les projections des démographes fondées sur l’évolution du taux de natalité, la réduction de la morbidité et donc de la mortalité, la population africaine devrait doubler (deux milliards d’âmes) en 2050. Ce qui fera de l’Afrique la première puissance démographique du monde, devant la Chine et l’Inde. Or la démographie est un facteur de puissance.

Toujours pour ce qui est des avancées enregistrées sur le continent, les statistiques du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) sont encore plus éloquentes. La mortalité des moins de cinq ans est passée de 146 décès pour 1 000 naissances vivantes en 1990 à 90 décès en 2011, soit une diminution de 38 %. De même, le taux de mortalité maternelle est passé de 745 décès pour 100 000 naissances vivantes en 1990 à 429 en 2010, soit une diminution de 42 % peut-on lire dans un récent rapport du PNUD intitulé Perspectives économiques en Afrique 20142. « Entre 2000 et 2012, l’espérance de vie a augmenté de 5,5 ans [sur le continent], passant à 55 ans, alors qu’entre 1990 et 2000, elle avait stagné», complète le quotidien Le Monde (19.05.2014).

Il est important de rappeler que les deux milliards d’Africains attendus d’ici 2050 constitueront deux milliards de main d’œuvre et autant de consommateurs qui boosteront la production et la consommation intérieures ainsi que le commerce intra-africain.

En attendant, il importe de constater que l’urbanisation avance à grand pas sur le continent. « En 1980, seulement 28% de la population africaine vivait dans les villes. Aujourd’hui, pour un milliard d’habitants, ce chiffre est passé à 40%, se rapprochant  ainsi de la Chine et dépassant l’Inde ». Bien plus, l’Afrique « abrite déjà 52 villes d’au moins un million d’habitants, comme c’est le cas en Europe occidentale3 ». Et « la population urbaine du continent devrait s’accroître de 414 millions à plus de 1,2 milliard d’ici 20504 ».

60% des terres arables non encore cultivées dans le monde se trouvent en Afrique. C’est d’ailleurs ce qui explique la ruée des multinationales de l’agroalimentaire sur le continent. Malgré le pillage séculaire et systématique de son sous-sol, l’Afrique dispose toujours d’une grande quantité de matières premières indispensables pour le fonctionnement des industries de la planète : manganèse, cobalt, uranium, alumine, fer…

{{ {{{L’Afrique aide l’Occident}}} }}

Le fait est assez marquant pour ne pas être souligné. Frappé de plein fouet par la crise économique de 2009, le Portugal a dépêché son Premier ministre en Afrique pour aller demander de l’aide à son ex-colonie : l’Angola. Face à un José Edouardo Dos Santos (président angolais) droit sur ses bottes, Pedro Passos Coelho (Premier ministre portugais) s’est plié en quatre pour demander un appui financier. « Le capital angolais est le bienvenu chez nous ! », a ainsi lancé le dirigeant portugais en visite à Luanda en novembre 2012. Un pays africain qui vole au secours de son ex-colonisateur, c’est une véritable dialectique maître-esclave, version Hegel !
Au-delà du symbolisme, les fonds injectés par l’Angola ont certes apporté une bouffée d’oxygène à l’économie portugaise devenue exsangue, mais ils ont surtout permis de changer la perception que nombre de pays occidentaux avaient de l’Afrique. Et depuis lors, le continent est devenu une terre d’opportunités et est traité avec plus de respect par les Occidentaux qui s’étaient jusqu’ici distingués par un paternalisme et une condescendance de mauvais aloi.

L’une des preuves de ce changement a par exemple été apportée par le ministre de l’Economie et des Finances français en 2013. Face à plusieurs centaines de dirigeants et hommes d’affaires africains réunis en marge du sommet Afrique-France tenu à Paris en décembre 2013, Pierre Moscovici n’est pas passé par quatre chemins pour avouer que « l’Afrique est une chance pour la France ».

{{ {{{L’Afrique de plus en plus courtisée}}} }}

On connaissait déjà les sommets France-Afrique, ces rencontres réunissant autour de la France ses ex-colonies autrement appelées « pays du pré-carré français ». Ces rendez-vous permettaient et permettent encore à la France de maintenir sa tutelle sur les matières premières et l’ouverture de l’économie des pays concernés aux entreprises françaises en priorité ; ceci dans le prolongement des accords économiques léonins signés au moment des indépendances des années 1960.
A la suite de la France, plusieurs autres pays ont initié des Sommets avec l’Afrique dans le but d’établir des relations politiques, diplomatiques, militaires et surtout économiques privilégiées avec le contient. On a désormais le Sommet Japon-Afrique connu sous l’acronyme Ticad, le sommet Chine-Afrique, le sommet Inde-Afrique, le sommet Brésil-Afrique et plus récemment le sommet Etats-Unis. Dans ce dernier cas, le président états-unien a réuni les chefs d’Etats africains à Washington en août 2014 afin de redorer le blason de son pays en espérant gagner le cœur des Africains de plus en plus sensibles aux sirènes de Pékin.

En 2013, la France s’est dotée d’une nouvelle boussole pour aller plus efficacement à la (re)conquête de l’Afrique où « elle a perdu la moitié de ses parts de marché en 10 ans ». Il s’agit d’un rapport de 170 pages rédigé sous la direction de l’ancien ministre des Affaires Etrangères Hubert Védrine, à la demande du ministère de l’Economie et des Finances. Intitulé « Un partenariat pour l’avenir : 15 propositions pour une nouvelle dynamique économique entre l’Afrique et la France », ce rapport passe en revue les différents secteurs économiques du continent, fournit des informations précises sur les puissances concurrentes qui s’y sont déjà établies et formule 15 mesures que la France doit adopter pour ne pas perdre « le continent de l’avenir ».

{{ {{{La compétition des barons}}} }}

Aujourd’hui, la bataille pour le leadership mondial oppose les pays de la Triade (Amérique du nord, Europe de l’Ouest et Japon) aux puissances émergentes dirigées par la Chine. Les premiers veulent rester maîtres de l’économie mondiale tandis que les seconds sont déterminés à leur ravir la vedette. L’Afrique est l’enjeu de cette compétition des barons. Tous savent que celui qui contrôle l’Afrique contrôlera le monde de demain. Car les ressources du continent évoquées plus haut permettront à une puissance quelconque de damer le pion à ses concurrents. Or si les deux groupes d’acteurs ont plus ou moins les mêmes intentions (profiter des ressources africaines), ils se distinguent par la différence de leur approche, d’une part et le poids de l’histoire, d’autre part.

Contrairement aux pays occidentaux qui trainent un lourd passé de domination et de colonisation, les pays émergents ont plutôt fait les frais de cette domination. Lorsque vous examinez le passé des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), une constance se dégage : l’impérialisme direct ou indirect de l’Occident. Ayant eux-mêmes expérimenté la domination et confirmé sa dangerosité, les nouveaux pays émergents ne brillent pas (jusqu’ici) par la condescendance et l’ingérence qui caractérisent les puissances occidentales. D’ailleurs, les BRICS semblent travailler pour améliorer les conditions de vie des citoyens des pays pourvoyeurs de matières premières.

En effet, depuis que l’Afrique a décidé de diversifier ses partenariats sur le plan économique, l’on assiste à la construction des infrastructures du nord au sud et de l’est à l’ouest du continent. On peut ici citer des écoles, des hôpitaux, des infrastructures sportives et routières. Autant de réalisations qui ont très vite conduit les Africains à faire le bilan de leur « coopération » avec l’Occident. A la lecture des médias du continent, il ne fait pas l’ombre d’un doute que ce bilan est négatif. Les éditorialistes ne cessent de parler d’un « esclavagisme des temps modernes ». Sur la question, Charles Ateba Eyene a publié un livre au titre évocateur: La pénétration de la Chine en Afrique et les espoirs de la rupture du pacte colonial avec l’Occident. Comme pour clouer les Occidentaux au pilori, l’auteur écrit « A Yaoundé comme à Douala, les routes construites par les Chinois nous font réaliser des économies. En le disant, nous mettons au défi chacun et tous en ce qui concerne le coût et l’opportunité de l’échangeur que la France vient de construire à Yaoundé, au niveau des services de la région. Au vrai, si ce marché avait été confié aux Chinois, le montant ne serait pas celui qu’on déclare et il n’y aura pas autant d’avenants5 ».

Ayant fait de la lutte contre l’exploitation de l’Afrique par l’Occident sa ligne éditoriale, la chaîne de télévision Afrique Média a le vent en poupe sur le continent. Ses émissions phares : « le débat panafricain » et « Le mérite panafricain » sont suivies par des millions de téléspectateurs qui appellent de toutes les régions de l’Afrique pour dire tout le mal qu’ils pensent de l’Occident. Et les présidents les mieux cotés dans Le mérite panafricain sont ceux qui résistent aux diktats de l’Occident : Robert Mugabé président du Zimbabwé, Obiang Nguema président de Guinée Equatoriale, Edouardo Dos Santos président angolais…

Face à la percée des pays émergents, l’Occident revoit progressivement son discours sur l’Afrique. Aujourd’hui, dans plusieurs rapports et documents officiels des pays occidentaux, on peut lire : « [le continent] affiche une situation économique flatteuse quand celle-ci se dégrade ou montre des signes de ralentissement dans de nombreux pays avancés et émergents »6. « Le potentiel agricole, hydroélectrique et énergétique de l’Afrique est immense », « L’épargne est aujourd’hui abondante en Afrique».  « La croissance des marchés financiers africains est spectaculaire depuis le début des années 1990» « L’Afrique subsaharienne possède également un extraordinaire potentiel naturel7»…

Au-delà du discours, l’on assiste également à une arrivée massive des investissements directs étrangers (IDE) en Afrique. La présence occidentale en Afrique est vieille de plusieurs siècles. Depuis les comptoirs coloniaux, les grands groupes commerciaux, les mastodontes du bâtiment et des travaux publics, de l’armement, les pétroliers occidentaux ont fait fortune en Afrique. Sont par la suite arrivés les opérateurs des télécommunications, les constructeurs automobiles…
Les deux facteurs évoqués plus haut, à savoir la crise économique et l’arrivée des pays émergents, ont incité des entreprises occidentales à s’implanter sur le continent africain autrefois réduit à une simple réserve de matières premières ou à un vaste débouché.

Pour ne prendre que le cas de la France, on constate qu’en moins de deux ans, ses principaux fabricants de voitures ont pris pied en Afrique. Pour satisfaire la demande en automobiles portée par la classe moyenne, Renault a ouvert une usine en Algérie, plus précisément dans la localité d’Oran. Celle-ci a été inaugurée début novembre 2014 par le ministre des Affaires Etrangères, Laurent Fabius, et son collègue de l’Economie, Emmanuel Macron. Le 21 mai 2015, le quotidien Les Echos a annoncé l’arrivée prochaine de PSA Peugeot Citroën au Maroc. Peu avant, l’agence Bloomberg, citant une source interne à PSA Peugeot Citroën, a révélé que le projet pourrait être officialisé dès juin 2015 en vue de répondre aux besoins du marché maghrébin.
Comme des abeilles attirées par le miel, les leaders mondiaux de la grande distribution affluent sur le continent : Wal-Mart, SPAR, Casino, etc.  « Un certain nombre d’entreprises ont créé ou sont en train de créer un département Afrique (Banque Lazard, Rothschild…) dont l’expertise pourrait être mobilisée », conclut le Rapport Védrine8.

Mais l’Afrique ne sera plus jamais le terrain de chasse exclusif des étrangers. Les fils et filles du continent y investissent déjà des sommes astronomiques.

{{ {{{L’économie africaine s’africanise}}} }}

Autrefois portée par les investisseurs étrangers, l’économie africaine s’africanise prodigieusement. Et on assiste à l’émergence d’une bourgeoisie continentale qui ne néglige aucun secteur. Déjà, les grands médias s’ouvrent au fur et à mesure à l’Afrique et aux Africains. Et le misérabilisme a vite cédé la place à l’espoir. Comment pouvait-il en être autrement lorsque des Africains figurent de plus en plus sur le top-100 des grandes fortunes du monde ? Dans l’édition du 7 mars 2012, le magazine Forbes énumérait 18 Africains qui avaient amassé une fortune de plusieurs milliards de dollars : les Nigérians Aliko Dangote et Mike Adenuga, Nicky Oppenheimer d’Afrique du Sud, l’Egyptien Nassef Sawiris…

{{ {{{La cimenterie}}} }}

Autrefois dominé par les groupes étrangers, le secteur de la cimenterie s’africanise rapidement grâce aux investissements consentis par Aliko Dangote. Le Noir le plus riche, classé 76ème fortune mondiale par Forbes avec une fortune de 24 milliards de dollars, a décidé de construire des cimenteries dans près de 10 pays du continent pour profiter d’une croissance qui permet des constructions tous azimuts. La plus grande des cimenteries Dangote a été inaugurée à Ibese dans l’Etat d’Ogun le 9 février 2013 par le président de la République fédérale du Nigéria, Goodluck Jonathan, entouré de…15 gouverneurs. Cette grande usine avait une capacité initiale de 6 millions de tonnes par an.

Dangote Cement Group s’est implanté au Sénégal, en Zambie, en Tanzanie, en Afrique du Sud, dans la République du Congo, en Ethiopie et au Cameroun. Dans ce dernier pays, l’arrivée de Dangote Cement est un coup dur pour la multinationale occidentale Lafarge qui avait depuis 50 ans le monopole de la production du ciment à travers sa filiale Cimencam. Aujourd’hui, Lafarge voit ses parts de marché se réduire comme peau de chagrin, grignotées par Dangote et Cimaf (Ciment d’Afrique).

{{ {{{ Quid du secteur bancaire ?}}} }}

Le secteur bancaire africain est lui aussi pris d’assaut par des Africains qui rivalisent de stratégies pour imprimer leur marque dans le cercle fermé de la finance. On y retrouve en bonne place les groupes sud-africains Standard Bank/Stanbic (présent dans 23 pays d’Afrique centrale, orientale et australe) et Nedbank. Le groupe nigéro-togolais Ecobank est établi dans 32 pays d’Afrique occidentale, centrale, orientale et australe. Bank of Africa BOA, groupe originaire du Mali, est implanté dans 15 pays d’Afrique subsaharienne. Le marocain Attijariwafa Bank poursuit son ascension. Il est déjà présent dans 11 pays d’Afrique. L’ivoirien NSIA ne cesse d’élargir son spectre d’implantation. Au Cameroun, Afriland First Bank, propriété du milliardaire et intellectuel prolifique Paul Fokam Kenmogne, est devenue la première banque au plan national en talonnant la BICEC, filiale locale du groupe français BNP-Paribas.

{{ {{{Télécommunication et média}}} }}

Dans sa deuxième édition publiée en février 2015, le Magazine Afrique, bimestriel de l’économie, du développement et de l’entreprenariat, a consacré un dossier de 5 pages à la percée de la téléphonie mobile en Afrique centrale. On y apprend que, de 2005 à 2009, « le marché du mobile africain [était] le premier en terme de croissance sur cette période avec le marché chinois ». Le journal relève surtout la grande compétition à laquelle se livrent les compagnies pour capter les milliards dans le secteur de la télécommunication. Airtel, Azur, Libertis, Orange, Sotel, Telecel, Moov, Etisat, Hits Telecom ou encore MTN se battent pour élargir leurs parts respectives dans un marché en plein essor. « Les entreprises de télécom ont enregistré 316 millions de nouveaux abonnés africains depuis 2000 », confirme le quotidien Le Monde (19.05.2014).

Les groupes africains sont bien présents dans cette compétition des grandes marques. Le sud-africain MTN est déjà présent dans seize pays. Maroc Telecom fait aussi la course en tête.

Le secteur des médias et de la culture n’est pas en reste. On y assiste à une véritable effervescence portée par des chaînes de télévision comme Africâble (malienne), Africa 24 et Afrique Media (détenues par les Camerounais Constant Nemale et Justin Tagouh), 3A Télésud, NotreAfrik… Dans le domaine de la production cinématographique, les nigérians Nollywood et Africa Magic ouvrent le génie artistique africain au monde.

{{ {{{Transport aérien}}} }}

Sur le continent, Kenya Airways et Ethiopian Airlines constituent des compagnies rentables et en expansion. Cette dernière possède la flotte la plus moderne d’Afrique. Première compagnie en nombre de destinations, premier opérateur cargo et première compagnie pour la qualité de ses services, elle dispose d’une flotte de 60 appareils Boeing et Bombardier. Ethiopian Airlines a transporté 5 millions de passagers et 160 000 tonnes de fret en 2011 et prévoit d’ici 2025 de doubler sa flotte, de transporter 18 millions de passagers et 1,2 million de tonnes de fret par an9.

L’expansion fulgurante de ces groupes illustre l’existence d’un environnement concurrentiel et montre les capacités des investisseurs africains.

{{ {{{Les grands médias à l’assaut du continent}}} }}

Autrefois délaissée par les grands groupes médiatiques, l’Afrique occupe une place importante dans la stratégie d’extension/expansion des médias mainstream. Depuis des décennies, Radio France International, la Voix de l’Amérique, la Deutsch Weller et BBC émettent en modulation de fréquence sur le continent. La chaîne BBC a ouvert une base à Dakar au Sénégal. Euronews envisage de créer une chaîne africaine. Selon des informations publiques, celle-ci va être implantée au Congo en 2015 et sera dirigée par Stephen Smith, ancien journaliste au Monde et auteur d’un livre controversé qui a pour titre Négrologie. Le groupe français Canal Satellite vient de lancer A+, une chaîne entièrement consacrée à l’Afrique.
En partenariat avec plusieurs journaux du continent, le quotidien Le Monde a créé un site consacré à l’Afrique : Le Monde Afrique. Le magazine Forbes a lancé son édition continentale avec pour titre Forbes Afrique sous la direction du journaliste Michel Lobè Ewane.

A son tour, la Chine investit largement dans les médias en Afrique. Le China Daily a lancé une édition africaine. La société d’État China Radio International dispose de stations FM dans 3 villes est-africaines. La China International Television Corporation a récemment acheté le groupe Independent News and Media, l’une des principales entreprises de presse sud-africaine. Pour boucler la boucle, la CCTV a installé le siège de sa branche africaine à Nairobi en 2012 et diffuse des émissions telles que « Africa Live » et « I Love Africa ».

On le voit, malgré le faible niveau de développement des infrastructures, l’insuffisance de l’énergie électrique, l’existence de nombreuses barrières douanières et les taxations multiples, l’Afrique devient une destination privilégiée pour les investisseurs. Ils sont encouragés par l’existence des matières premières, d’une main d’œuvre de plus en plus qualifiée, d’un marché constitué et surtout d’une stabilité politique qui s’enracine sur le continent. Autant d’atouts qui ont fini par renverser le misérabilisme collé pendant plusieurs siècles au continent des Pharaons.

Source : Le Journal de l’Afrique no.11, Investig’Action, juin 2015. Lien : http://investigaction.net/Le-Journal-de-l-Afrique-11-Le.html

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