De Villepin doit abroger la loi sur le révisionnisme historique

La formidable mobilisation aux Antilles pour demander l’abrogation de l’article honteux doit être entendue par le Premier Ministre, qui tout en déclarant qu’il n’appartient pas aux parlementaires de décider de l’histoire, refuse toute modification de la loi de 2005.

Dominique de Villepin est le chef du gouvernement, il doit passer aux actes et ne pas se contenter de mots ! 1°) Le Premier Ministre doit déposer un projet de loi dans les plus brefs délais afin de modifier les dispositions contestées du fameux article 4 de la loi n° 2005-158 du 23 février 2005 qui institue une lecture officielle de l’histoire, comme ont voulu l’imposer dans le passé des régimes totalitaires.

2°) Le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais demande la création immédiate d’un Centre National de Mémoire et d’Histoire de l’Esclavage.

3°) La date de commémoration de l’esclavage doit être arrêtée et des mesures concrètes doivent être prises afin que l’école et les médias offrent une place plus juste à cette histoire.

4°) Le Ministre de la Culture doit consentir à la célébration le 26 février 2006 du bicentenaire du Général Alexandre Dumas, né esclave, premier général antillais de l’histoire de France et symbole de l’intégration.

Explications : La crise de l’outre-mer alerte la République sur son existence.

Rappelons que le Collectif a tiré les sonnettes d’alarme depuis plus d’un an.

Rappelons que le 3 décembre 2005, 600 ultramarins se sont rassemblés dans la dignité devant les Invalides pour protester contre la glorification de Napoléon. Il a fallu la mobilisation des associations ultramarines et le livre courageux de Claude Ribbe, responsable de la commission culture du Collectif, (qui lui vaut d’être lynché par les médias) pour que la France prenne conscience « du crime de Napoléon » : le rétablissement de l’esclavage, le gazage et le massacre et la déportation de milliers de résistants antillais.

Rappelons que le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais a dénoncé l’article 4 de la loi du 23 février 2005 qui instaure une histoire officielle et, rejoint par des associations ultramarines, a soutenu l’initiative du Député de la Guadeloupe Victorin Lurel pour l’abroger, à la faveur d'une conférence de presse à l’Assemblée Nationale contre le révisionnisme historique et la glorification de Napoléon qui s’est tenue le 28 novembre à l’Assemblée Nationale.

Rappelons que l’échec de la proposition de loi soutenue par le Collectif a suscité un tollé en Outre-Mer dans l’indifférence des médias parisiens. Les aspects positifs et négatifs de la colonisation relèvent du débat de spécialistes. Il n’appartient pas aux politiques de se substituer aux chercheurs dans l’appréhension du passé. Cette injonction faite aux historiens d’écrire et à l’école de la République d’enseigner une histoire orientée entamerait les avancées considérables du travail de mémoire que la France a su accomplir sur l’esclavage, le commerce triangulaire et la colonisation de façon générale.

Le 11 décembre 2004, plus de 10 000 ultramarins défilaient à Paris contre les intolérables discriminations qui les visent et la négation de leur mémoire dans l’indifférence des médias et le silence des responsables politiques qui se préoccupent à juste titre des discriminations, mais seulement lorsqu’il s’agit de Français d’origine étrangère.

Les originaires d’outre-mer avaient noté que le Président de la République avait reçu après la crise des banlieues, des responsables d’entreprises ainsi que des médias sans qu’il n'ait été question de l’Outre-Mer. Le Premier Ministre avait reçu des associations de Français d’origine étrangère et avait oublié les ultramarins !

Où était la classe politique lorsque le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais a réagi sévèrement aux propos tenus le 6 mars 2005 sur RCJ et Radio Shalom par Alain Finkielkraut qui accusait les Martiniquais d’être des assistés et la créolité de porter l’antisémitisme et d’être anti-français ?

Un débat a d’ailleurs opposé sur RCJ, le président du Collectif, Patrick Karam à Alain Finkielkraut qui a dû se justifier et partiellement s’excuser.

Où était la classe politique lorsque le Collectif a engagé des poursuites judiciaires contre l’historien controversé, Olivier Pétré-Grenouilleau, pour des propos intolérables tenus dans le JDD du 12 juin, accusant la loi Taubira d’être responsable de l’antisémitisme en France, laissant entendre que les traites négrières et l’esclavage n’étaient pas des crimes contre l’humanité et remettant en cause la notion de descendants d’esclaves aux Antilles ?

C’est cette indifférence, voire ce mépris, qui bafoue leur sentiment profondément national, ardemment français, qui explique la colère et la mobilisation des Antillais !

Contact Patrick KARAM / 06 12 48 62 32 – 01 43 54 48 43

président du Collectif

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