Comment peut-on nous mentir si grossièrement ?

Comment expliquer que des médiamensonges comme le "Chavez antisémite" de Libération (voir ci-dessous l'article truqué et nos preuves) soit produit, puis repris avec autant de facilité ? Explications sur les causes et les méthodes de la "diabolisation"…

Lundi 9, Libération accuse Chavez d’antisémitisme. Le lendemain, Le Monde et Le Soir de Belgique et bien d’autres recopient. Mais quiconque va vérifier le texte du discours en question sur le site du gouvernement du Venezuela peut constater que… la citation est tronquée. Libé a supprimé tout un passage ! Sans même ajouter les traditionnels (…).

Mensonge par omission. Un classique. Prenez n’importe quelle citation d’une certaine longueur, découpez-la à votre manière et vous pourrez lui faire dire le contraire de l’original !

Libé a fait ce qui est interdit dans toute école de journalisme qui se respecte. On reprend une source archi-suspecte, déjà prise en flagrant délit, on truque une citation, on ajoute quelques suppositions gratuites, on écarte les faits réels. Et les autres recopient. Pourquoi ? Bavure ? Erreur de journalistes pressés par le temps ? L’excuse serait valable si

1. Toutes les « erreurs » commises par Libé (et d’autres) sur le Venezuela depuis quatre ans n’allaient pas toujours dans le même sens : contre Chavez, pour le diaboliser.

2. Si les médias présentaient une rectification honnête quand les faits sont prouvés. On attend toujours.

Il y a quelques mois, j’avais eu l’occasion de prononcer à Caracas justement, au Forum Mondial de la Jeunesse un discours intitulé « Les cinq règles de la propagande de guerre ». Inspiré notamment des travaux d’Anne Morelli en critique des médias, j’y analysais comment les médias travaillent quand ils ont décidé de diaboliser un peuple ou un dirigeant. Relisant ce discours , je constate que tous les principes de la propagande de guerre ont été appliqués contre Chavez ces dernières années et dans ce cas-ci :

1. Occulter les intérêts économiques

2. Démoniser qui résiste

3. Occulter l’histoire et la géographie

4. « Notre guerre ne vise pas un peuple, mais seulement un dirigeant »

5. Monopoliser l’info, empêcher le débat

http://www.investigaction.net/articles.php?dateaccess=2006-01-12%2011:51:38&log=attentionm

Les médias français, belges et occidentaux en général ont quasi tous « diabolisé » Chavez en l’étiquetant successivement de « populiste », « démagogue », « militariste », « simpliste », « primate » (sic), etc…

Ils ont caché l’essentiel : si Chavez déplaît tellement aux Etats-Unis mais aussi à toutes les multinationales, à tous les riches, c’est parce que sa révolution donne le mauvais exemple. Tous nos médias pleurent régulièrement sur la pauvreté dans le monde (en s’abstenant soigneusement de creuser les causes), or voici un homme qui résoud le problème, et on fait silence ou on le diabolise ! Comment est-ce possible ?

Parce que sa solution simple est un exemple « dangereux » si on l’appliquait dans tout le tiers monde : aujourd’hui, au Venezuela, l’argent du pétrole ne part plus dans les poches des multinationales et de l’élite locale ! Non, il sert à des programmes sociaux : nourrir, soigner, éduquer les pauvres. C’est-à-dire 60% de la population. Quand ces gens crevaient de faim non loin des piscines des riches, nos médias trouvaient le Venezuela tout à fait démocratique et fréquentable. A présent qu’ils ont à manger, c’est la « dictature » ! Et pour diaboliser Chavez on a déjà essayé diverses étiquettes qui n’ont pas marché, alors à présent, on essaie « antisémite ». En Europe, ça marche très bien pour étouffer un débat.

Ces médias qui décernent bons et mauvais points selon les intérêts des multinationales, ce sont eux que nous devons soumettre à un test-média sérieux. Voici une preuve de plus : un "vidéo-trottoir" a été réalisé à Bruxelles par ma partenaire Vanessa : elle demandait à des gens, au hasard, dans la rue : « Que savez-vous du Venezuela ? » Bilan catastrophique 1. La moitié ignorait quelle était la ressource principale de ce pays, à savoir le pétrole. 2. Personne n’était au courant que l’argent du pétrole servait à des réformes sociales. Mais si on cache ces deux éléments essentiels, comment le public pourrait-il comprendre pourquoi Bush veut à tout prix attaquer ce pays ? Une telle couverture médiatique, ce n’est pas une information, mais une propagande de guerre qui justifie de futures agressions.

Eh bien, de tels médiamensonges, ça suffit ! Quiconque souhaite lutter pour la paix, pour le progrès social, se retrouve forcé de lutter d’abord pour le droit à une information correcte ! Nous suggérons d’écrire à la rédaction de ces médias pour leur demander des explications et des rectifications.

Et comme nous ne nous faisons pas trop d’illusions, sachant que derrière la presse, il y a des intérêts puissants, nous appelons chacun à nous communiquer des exemples de médiamensonges qu’il a constatés ou qu’il soupçonne. Des choses sérieuses, précises, documentées. Nous préparons un groupe de travail anti-médiamensonges et vous tiendrons prochainement au courant.

Merci d’avance

Michel Collon

Vanessa Stojilkovic prépare un film documentaire « Bruxelles-Caracas aller/retour ». Michel Collon prépare un livre « Les 7 péchés d’Hugo Chavez ». Infos sur notre site en avril.

'Libération

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