Comment ça se passe aux check-points

Résumé mensuel de Machsom Watch – Janvier 2008

VOICI MAINTENANT SEPT ANS QUE NOUS ASSURONS UNE PRESENCE VIGILANTE AUX CHECK POINTS

Cela fait quatre ans et demi que nous avons commencé à publier nos alertes spéciales – résumé mensuel de ce qui se passe dans l'arrière-cour de l'Etat d'Israël.

Nos rapports reflètent la politique délibérée de punition collective qui s'exerce en Cisjordanie. Etranglement bureaucratique et restrictions aux déplacements rendent la vie impossible aux Palestiniens. Ils mettent sérieusement en danger la vie économique au quotidien, l'enseignement, les services de santé, et, d'une façon générale, la vie en société démocratique. Et pourtant ils ne représentent actuellement que le sommet de l'iceberg dans les Territoires Palestiniens Occupés. L'expression "tissu de la vie" est bien faible pour évoquer à quel point sont bafoués les droits humains, la dignité et la liberté des Palestiniens.

L'Institut Van Leer a récemment tenu un colloque (le 13 février 2008) sur les check points. Les participants – pour la plupart officiers supérieurs à la retraite, dont certains avaient pris une part active à la mise en place des check points – constatent tous aujourd'hui que les effets néfastes du système l'emportent largement sur les avantages qu'ils souhaitaient en tirer.

Ces dernières semaines nous avons été témoins à maintes reprises de la brutalité des soldats envers les Palestiniens au check point de Beit Iba. Le soldat commence par battre le Palestinien, ensuite il l'accuse d'agression :

Un soldat repousse un homme âgé qui cherche à s'approcher de l'enceinte où sont enfermés les détenus, et le renvoie dans la queue. Le commandant du check point se sert de son fusil pour battre un Palestinien qui est à terre dans l'enceinte. Nous nous avançons et voyons que c'est le commandant qui est en train de le frapper et de lui donner des coups de pied. L'intervention du représentant du DCO a fini par mettre fin à cet épisode. L'homme qu'on a forcé à rejoindre la queue est le frère de la victime de ces brutalités. Les soldats prétendent que le Palestinien a giflé le soldat au cours de la confrontation. Les témoins oculaires palestiniens n'ont pas vu de gifle. L'officier du DCO fait venir une ambulance et deux infirmiers s'occupent du jeune homme pendant une heure environ, avant de l'aider à monter dans l'ambulance. L'infirmier dit que l'homme a subi une opération très récemment et que les coups ont pu abîmer sa cicatrice.

Au cours de cette même permanence, le soldat qui avait repoussé le Palestinien se comporte constamment avec brutalité et grossièreté, ne cesse de hurler, et, à l'occasion, sanctionne sans raison d'autres personnes lors du contrôle. (23.1.08)

Violent incident au check point : le commandant pulvérise un pare-brise. La voiture se trouvait sur un emplacement marqué "stationnement interdit", et le conducteur assure qu'il n'avait pas compris qu'on lui avait signifié de s'arrêter. (12.2.08)

Midi – Un chauffeur de taxi en quête de clients qui s'approchait des personnes se trouvant au check point a été frappé à la tête par les soldats, et a eu la main fracturée. Envoyé dans l'enceinte des détenus, il est bandé par un infirmier militaire. A 17h30 il est toujours détenu : accusé d'avoir agressé un soldat, il attend d'être emmené par la police pour interrogatoire. Il est sous le coup de 69 heures de garde à vue – le maximum autorisé par la loi. On ne lui a rien donné à manger ni à boire depuis midi. Il a les yeux rouges, souffre manifestement, et n'a pas été autorisé à utiliser les toilettes. Nous avons appris plus tard qu'il a été détenu au check point jusqu'à minuit. Puis une ambulance est arrivée et l'a conduit à l'hôpital Rafidiya de Naplouse, où il a été admis avec une fracture à la main et des maux de tête. Les papiers du blessé sont restés entre les mains des soldats. Quand sa famille est venue les reprendre le lendemain, il leur a été répondu qu'étant donné qu'il était sous le coup d'une inculpation pour agression envers un soldat, ils ne seraient pas restitués.

A sa sortie d'hôpital il est venu récupérer ses papiers au check point, et on lui a dit d'aller les chercher au DCO. En appelant le DCO, il a appris qu'ils s'y trouvaient pas. Il a essayé de se rendre en personne au DCO, mais étant dépourvu de papiers, il n'a pas pu passer le check point… (13.2.08)

A 14h un jeune homme de Nakura est sorti d'un bus par deux soldats, et, après une vive discussion, ils se mettent à le frapper, l'accusant d'avoir agressé un soldat. Il est contraint à rester debout sous une pluie battante. Tremblant de froid, il appelle le responsable d'une organisation de défense des droits de l'homme, et lui demande de venir à son secours "avant qu'[il] ne meure sur place". A 20h il n'est toujours pas relâché, et ensuite nous n'avons plus de contact. Le lendemain nous apprenons qu'il a été retenu dans l'enceinte jusqu'à 22h. Il affirme qu'une fois l'officier parti, des soldats sont arrivés et l'ont de nouveau battu. (14.2.08)

Dans tous les cas cités ci-dessus, les Palestiniens sont accusés d'avoir agressé précisément les soldats qui les ont battus. Ce phénomène a été constaté régulièrement au check point de Beit Iba. Aucune "infraction" (c'est le terme qu'ils utilisent) ne peut justifier un tel degré de violence et de harcèlement de la part des soldats.

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