Chiffres et faits scandaleux après la restructuration de Bekaert

Fort de son expérience de directeur général de la VRT, le CEO de Bekaert, Bert De Graeve, a aisément écarté toutes les critiques jeudi 02 février. Mais vendredi, il a vu la chute de cette communication aérodynamique. « Nous ne payons pas d’impôts parce que nous ne faisons pas de bénéfices » a-t-on tout à coup entendu. Les montants des bénéfices se trouvent pourtant noir sur blanc dans le bilan annuel déposé à la Banque Nationale.

 



« Si c’est 0% en Belgique, c’est parce que nous ne faisons pas de bénéfices ici » a répondu la porte-parole Katelijn Bohez à la critique que Bekaert n’ait pas payé pendant les cinq dernières années un centime d’impôt sur les bénéfices réalisés en Belgique.

 

 

Le PTB qui, depuis un certain temps déjà, tape sur le clou des impôts dérisoires payés par les multinationales n’a pas tardé à réagir. « Comment ça pas de bénéfices? Selon les bilans que Bekaert a déposés à la Banque Nationale, la SA belge Bakaert a fait en cinq ans exactement 124 640 472 euros de bénéfices. Bekaert a donc remis pendant cinq ans une déclaration de revenus inexacte? », a demandé le président du PTB Peter Mertens.

 

Dans ce communiqué à la presse, Bekaert a encore plus pataugé. L’entreprise a bien payé des impôts, y lisait-on. Mais plutôt 120 millions  de précomptes mobiliers  sur dividendes, précomptes immobiliers, ONSS et contributions sociales patronales et encore une série de prélèvements et contributions. Bekaert considère donc les coûts salariaux (les contributions à la sécurité sociale sont une composante des coûts salariaux) comme un impôt sur ses bénéfices.

 

Grâce à la déduction des intérêts notionnels, le centre de coordination de la SA Bekaert a pu en 2010 (les chiffres de 2011 ne sont pas encore connus) compter sur une réduction d’impôts de près de 40 millions. Cette réduction d’impôt suffirait déjà à payer royalement les travailleurs menacés de licenciement.

 

Cet avantage s’ajoute à un subside à l’innovation et à la formation de 17,7 millions, sur lequel l’entreprise a pu compter pendant les cinq dernières années.

 

Cela ne doit-il ps être soumis à certaines conditions? « A quoi servent l déduction des intérêts notionnels et le soutien à l’innovation si l’entreprise ne veut pas embaucher en Belgique? » s’interroge le syndicat chrétien CSC .  La FGTB veut que ce soutien soit soumis à des conditions effectives d’embauche et de formation. A la demande du SP.A, le gouvernement flamand va examiner comment obtenir le remboursement de ce subside.

 

Dividende

 

On peut encore faire bien des réflexions à propos de la restructuration. « C’est simplement honteux  de constater que pendant l’année grasse de 2010 les actionnaires ont vu grimper leurs dividendes de 70% jusqu’à atteindre 100 millions d’euros alors que  600 travailleurs belges peuvent payer pour l’année maigre 2011. Le marché libre se montre une fois de plus sous son meilleur aspect. »  dit Caroline Copers de la CSC.

 

La CSC critique les choix stratégiques de Bekaert. Pour la division d’Alost, l’entreprise a tout misé sur la production de fil

utilisé dans la fabrication de panneaux solaires. Dans les derniers mois,  la production est tombée presqu’à zéro avec l’arrivée de nouveaux concurrents et l’arrêt des subsides pour la pose de panneaux solaires.

 

« Supposons qu’une usine d’automobiles fabrique un seul modèle. On constate que les ventes diminuent, elles finissent par s’arrêter complètement et six mois plus tard, la direction décide la fermeture de l’usine, car voilà, il n’y a pas d’autre modèle, on a tout investi dans ce seul modèle », dit la CSC. Une critique acerbe contre Bert De Graeve qui était élu manager de l’année en 2010 et touche chaque année 1,3 million d’euros.

 

Partant de la conviction que seules des économies drastiques peuvent nous sortir du marécage de la crise de l’euro, l’Italie et l’Allemagne ont coupé les subventions pour panneaux solaires. En Belgique aussi c’est devenu impossible de déduire l’investissement en panneaux solaires de la déclaration de revenus. Mais était-ce une si bonne idée que de laisser aboutir près de la moitié des subsides dans de grandes entreprises qui emplissent les toits de leurs hangars de panneaux solaires?

 

Si nos gouvernements respectifs veulent conserver une activité industrielle en Belgique, ils doivent finir par imaginer une réponse aux questions que nous venons de poser. Ce n’est pas des économistes de la VRT (Noels et co) que viendront les réponses. Tout ce qu’ils trouvent, c’est de déplorer les frais salariaux élevés. Scandaleux, car Bert  De Graeve lui-même a dit à la conférence de presse où il expliquait la restructuration: « Cette restructuration n’a rien à voir avec les coûts salariaux en Belgique ni avec le coût de l’énergie ni avec la productivité des travailleurs belges. »


Source originale: De wereld morgen


Traduit du néerlndais par Annette Pagnoulle pour Investig'Action

Source: investigaction.net

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