«C’était comme si une bombe atomique tombait sur Kaboul…»

Inhabituel, ce ton amer de l’envoyé spécial du Guardian: «Essayez de dire aux habitants de Kaboul que la guerre des USA ne vise pas les simples Afghans. Ou de persuader Faiz Mohammad que le petit bébé de six mois de son voisin n’était pas une cible.»

«C’était comme un enfer, lui confie un jeune homme. Les explosions étaient si énormes et si massives qu’on aurait cru un tremblement de terre, come si une bombe atomique était tombée sur Kaboul(1)

Commentaire de l’envoyé spécial du quotidien britannique: «Après une nuit de tirs de missiles quasi constants, les habitants se demandaient hier ce qu’ils avaient fait pour mériter une telle terreur. La cible des attaques US peut bien être la défense anti-aérienne talibane, mais les raids touchent droit au coeur des simples Afghans. Les impacts étaient ressentis dans toute la ville, secouant les fenêtres et les fondations». «Aucune chance de dormir, ajoute un autre habitant. Je ne peux vous dire à quel point les gens sont effrayés. C’est terrible

Un petit bébé a été tué et sa soeur gravement blessée lorsqu’une bombe est tombée à côté de leur maison. «Elle n’avait que six mois, elle était innocente comme tous les civils en Afghanistan. Pourquoi nous bombardent-ils?» lance un voisin, un instituteur en colère.

Des dizaines de familles quittaient la zone par crainte de nouvelles frappes. Y compris les parents du bébé: «Nous n’en pouvons plus. Les civils meurent et le monde regarde. Qu’avons-nous fait?» a dit Shah Mohammad en emballant ses biens sur un camion.

On le savait d’avance

Comme à chaque fois, les généraux nous ont servi leur habituelle guerre «propre»: «Nous ne frappons que des cibles militaires et si, par malheur, des civils meurent, c’est une bavure, un accident.» La grande majorité des médias servant de perroquet, avec images graphiques et froides de cibles sans chair et avec de nobles déclarations, non contestées : «Nous n’avons rien contre le peuple (irakien, yougoslave, afghan: barrer la mention inutile)». D’ailleurs, on largue des vivres, ou on promet de reconstruire (mais, deux ans plus tard, les Yougoslaves attendent toujours), en tout cas, on oeuvre dans l’intérêt des populations, et cetera…

La vérité, c’est que la guerre n’est jamais comme à la télé. La guerre, c’est toujours une horreur, injustifiable à moins d’y être forcé pour se défendre ou se libérer. La vraie guerre, c’est toujours du sang et des larmes, des corps déchirés par les bombes, qui se chient dessus de peur ou au moment de mourir, des nuits d’angoisse quand la mort peut à tout moment tomber du ciel et s’abattre sur vos enfants.

La guerre, c’est toujours le peuple qui la paie et on le savait d’avance puisque les «humanitaires» Etats-Unis et leurs alliés ont tué un million d’Irakiens, provoqué l’exode des Albanais du Kosovo et la mort de 2.000 Serbes bombardés.

Alors, comment des partis se disant de gauche ont-ils pu dire : «Il faut bombarder» ? Comment osent-ils à présent s’en tenir à un timide murmure : «Peut-être qu’il faudrait évaluer ou suspendre?» Viennent-ils de découvrir que les bombes tuent? Nos Di Rupo, Vande Lanotte et autres Isabelle Durant oseraient-ils regarder dans les yeux les parents de ce bébé afghan de six mois et leur dire: «C’est une bonne guerre»?

(1) The Guardian, 12 octobre.

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