40ème anniversaire du Plan Condor : globalisation et terrorisme d’état

Parce qu’il avait imaginé une société plus juste et plus solidaire, l’enseignant Martin Almada a été désigné par la dictature de Stroessner comme subversif et « terroriste intellectuel ». À l’instar de milliers d’étudiants, d’enseignants, d’intellectuels et de militants sociaux, le professeur Almada a été victime de la torture et de la répression militaire dans le cadre de l’ « Opération Condor » en Amérique du Sud. Malgré cela, Martin Almada n’a jamais renoncé à ses idéaux et il a été celui qui, en 1992, a découvert au Paraguay les « Archives de la Terreur », mettant au jour les preuves de l’existence d’un vaste réseau et d’un système de répression coordonné à l’échelle internationale entre les dictatures militaires, appuyé par la CIA. À l’occasion du 40ème anniversaire de la mise en marche de l’ « Opération Condor » le 25 novembre 1975, nous nous sommes entretenus avec le Professeur Almada, Prix Nobel alternatif de la Paix, afin de comprendre le mécanisme ainsi que les responsabilités derrière de cette vaste opération de répression.

 

Merci de nous accorder cette entrevue, monsieur Almada. Au milieu des années 70, vous avez écrit une thèse de doctorat dont le titre était « Paraguay, éducation et dépendance ». Quelle était le sujet de cette thèse ? Aviez-vous conscience que vous pourriez être persécuté pour vos idées ?

Dans ma thèse, j’affirmais essentiellement deux choses. La première, c’est qu’au Paraguay l’éducation ne profitait qu’à la classe dominante et qu’elle était au service du sous-développement et de la dépendance. Je me suis inspiré des travaux sur la pédagogie libératrice menés par Paulo Freire, un grand enseignant brésilien qui a lui aussi subi la persécution politique et a été contraint de s’exiler.

La deuxième, c’était la dénonciation de ce qui constitue pour moi la première surveillance nord-américaine massive au Paraguay à travers le Plan Camelot qui était un espionnage sociopolitique visant à mesurer et à anticiper les causes des révolutions et des insurrections. Le Projet élaboré par les chercheurs en sciences sociales de l’Université de Washington était parrainé par le Pentagone et par la CIA. Ce projet avait pour thème central la contre-révolution et la contre-insurrection.

L’USAID (NdT : Agence des États-Unis pour le Développement International) a d’abord essayé de l’appliquer au Chili, mais en août 1965, le professeur Johan Galtung, un Norvégien travaillant pour la FLACSO (Faculté Latino-américaine des Sciences Sociales), a dénoncé la dangerosité de l’application de ce Projet.

Toutes les universités chiliennes l’ont soutenu dans sa campagne et le gouvernement du Chili a été obligé d’annuler la proposition de l’USAID. Par la suite, le Professeur Galtung a été engagé par le Bureau régional de l’UNESCO pour l’Amérique Latine, qui se trouve à Santiago, et il a été accusé par la CIA d’être un activiste “anti-américain”.

Durant cette période, le Paraguay était sous la dictature féroce du Général Alfredo Stroessner qui affichait son soutien au Projet financé par l’USAID, réussissant à en faire « tout un succès » jusqu’en 1970. En effet, il réussit à éviter des explosions sociales et à garantir la « paix sociale » jusqu’au 2 février 1989, lorsque Washington décida d’appuyer le coup d’État militaire qui destitua Alfredo Stroessner, et que celui-ci fut remplacé par son propre beau-père, le Tsar de la drogue, Andrés Rodriguez.

Quarante années plus tard, Edward Snowden révélait l’existence des programmes de surveillance mondiale mis en place par la NSA, dénonçant l’obligation légale imposée aux services de télécommunications de faire parvenir les historiques d’appels téléphoniques et de courriers électroniques au gouvernement nord-américain. Ce qui l’a forcé à s’exiler lui aussi.

Mon travail s’est limité au cas du Paraguay, avec des moyens assez artisanaux, mais Snowden s’est servi de moyens de la plus haute technologie et au niveau mondial. Il s’est trouvé que, grâce à ma lutte contre la dépendance, j’ai été reçu au Parlement suédois en 2002 où l’on m’a remis le Prix Nobel Alternatif et Edward Snowden en a également été le lauréat en 2014. Il n’a pas pu le recevoir en personne mais son père l’a représenté.

J’avais pleinement conscience que l’ignorance et la torture étaient au coeur de la dictature paraguayenne, et cela provoquait en moi une peur paralysante. Mais grâce au soutien de mon épouse, l’enseignante Celestina Pérez, j’ai pu m’attaquer à l’infernal système qui essayait d’enfermer les consciences, d’emprisonner la pensée et de soumettre militairement des civils comme moi qui réclamaient la justice et la liberté.

Vous avez été directeur d’école, où vous avez mis en pratique les valeurs de solidarité et de coopération, ce qui vous a aussi valu d’être mis en détention par la police politique de Stroessner. Votre détention est-elle liée à l’avancée de vos projets d’enquête sociale ? Pouvez-vous nous parler de ces projets ?

Le plan de cursus de l’éducation paraguayenne avait été mis en place par les experts de la Banque Interaméricaine de Développement (BID) qui avait pour seul projet la reproduction du système socio-économique du pays. Par exemple, les universités devaient former des professionnels au service des entreprises privées et non de la société.

A l’Institut « Juan Bautista Alberdi », à mon initiative, nous avons commencé à remettre en question le système éducatif dominant, à partir du message lancé par l’Église Catholique de Medellín résumé par ces quelques mots : « l’éducation, à tous les niveaux, doit réussir à être créative et se doit d’anticiper le nouveau modèle de société auquel nous aspirons en Amérique Latine et aux Caraïbes ». Parmi nos mentors idéologiques figuraient Anibal Ponce ainsi que le Brésilien Paulo Freire.

Nous nous sommes également inspirés de quelques documents produits dans le cadre de la réforme éducative du Pérou mise en oeuvre par le gouvernement progressiste du Général Velasco Alvarado.

La période politique n’était pas la plus propice à une expérience pédagogique d’autogestion. Il suffit de se rappeler que, cette même année, le parti colorado « Stroniste », au moyen de son organe de répression idéologique, le Ministère du l’Éducation et du Culte, distribuait à toutes les écoles primaires et à tous les collèges du secondaire le tristement célèbre « décalogue anti-communiste » qui mettait en garde tous les enseignants contre les dangers supposés de l’idéologie marxiste.

Il faut souligner que la publication paraguayenne date de l’année et correspond au contenu de la publication du ministère de la Culture et de l’Éducation argentin connue sous le titre « Subversion en el ambito educativo – conozcamos a nuestro enemigo « (NdT : Subversion dans la sphère éducative – connaissons notre ennemi) diffusée par Buenos Aires en 1977. La résolution ministérielle N°538 ordonnant son application fut signée par le ministre en charge, Juan Jose Catalán.

Selon nous, cette concordance en temps et en contenu est la preuve que le texte/projet avait été envoyé par les agents de Washington aux pays membres du Cóndor (Argentine, Brésil, Bolivie, Chili, Équateur, Paraguay et Uruguay).

En revenant à l’Institut « Juan Bautista Alberdi » afin de définir les grandes orientations de notre future action pédagogique, nous nous sommes réunis durant plusieurs journées de réflexion en groupes de professeurs (en majorité chrétiens) liés par différentes affinités idéologiques.

Influencés également par le message de Medellín et par les événements de mai 1968 en France, nous pensions naïvement que l’on pouvait changer l’institution scolaire à l’intérieur d’un système politique répressif et rétrograde.

Nous avons décidé de mettre en oeuvre des actions précises visant à démocratiser notre enseignement. Dans les faits, cela signifiait que la communauté éducative (étudiants, professeurs, pères de famille) participait à la prise de décisions. Nous avons créé la Commissions des Pères, le Centre des Étudiants, qui produisait son bulletin d’information, nous encouragions les concours en mathématiques, physique, chimie, philosophie, cours oratoire, poésie, danses traditionnelles paraguayennes et latino-américaines, etc. ce qui provoqua la colère du tyran. (…)

À quel moment, durant votre emprisonnement sous cette dictature, avez-vous soupçonné qu’il s’agissait d’une répression systématiquement organisée et qui dépassait votre cas personnel ?

Mes premiers soupçons me sont venus lorsque j’ai été emprisonné au Commissariat Nº1, siège du tout récent Bureau d’Interpol, en mai 1975, (six mois avant la mise en place de l’Opération Condor, le 25 novembre 1975, à Santiago du Chili). Un commissaire partageait notre cellule, Mario Mancuello, coupable de ne pas avoir dénoncé son fils, étudiant à l’Université de La Plata, en Argentine. Le fait d’avoir intégré le centre universitaire signifiait, pour Stroessner, que l’on avait adopté l’idéologie communiste.

Au Paraguay, un pays où régna la plus totale impunité entre 1954 et 1989, les tortures se pratiquaient ouvertement. Nous connaissions tous nos bourreaux mais nous ne connaissions pas leurs noms véritables. Beaucoup venaient jouer au ping-pong et au baby-foot pour faire retomber le stress.

Tous les jours, les mêmes angoissantes questions m’obsédaient. Tout d’abord, comment est réellement morte mon épouse alors qu’ils m’ont dit qu’elle s’était suicidée ; et pourquoi ceux qui m’ont brutalement torturé sont des militaires étrangers, des Argentins, des Brésiliens, Boliviens, Chiliens, Uruguayens et, bien entendu, aussi des Paraguayens ? Le samedi, les visites des bourreaux recommençaient. Le commissaire Mancuello les connaissait. Je lui confiai que j’avais subi la première séance de torture des mains d’un militaire chilien, puis, ensuite, d’un Argentin, etc., et c’est là qu’il m’a dit :

— Nous sommes pris dans les griffes du Condor.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? fut ma question. C’est cette bête qui vole ?

— Non, me dit-il. C’est une association illicite que Pinochet et Contreras ont créée sous l’appellation « Opération Condor », pour perpétrer impunément des crimes dans la région. Pour comprendre cette organisation, il faut lire la Revue de la Police du Paraguay où tu trouveras des informations sur l’Opération Condor.

Le colonel chilien s’appelle Jorge Oteiza Lopez, précisa-t-il. Il appartient aux Services Secrets des Forces Aériennes du Chili et l’Argentin qui t’a torturé, c’est le Commissaire Hector Garcia Rey, Chef de la police de Córdoba, en Argentine.

J’enregistrai dans mon « chip » mental la précieuse information. Par la suite, puni, ils m’ont expédié au « sépulcre des vivants », c’est à dire le Commissariat Nº 3 de Haute Sécurité où se trouvaient tous les membres du Parti Communiste du Paraguay.

Dans le cachot voisin, je trouvai un prisonnier politique argentin, l’avocat Amilcar Latino Santucho, qui me raconta qu’il avait été arrêté en même temps qu’un sociologue chilien, le dirigeant du MIR, Jorge Fuentes Alarcon. Finalement, en septembre 1976, j’ai atterri au camp de concentration de Emboscada où la doctoresse paraguayenne, fille de parents allemands, Gladys M. de Sannemann, me dit : « nous sommes les victimes du Condor »

Qu’est-ce que l’ouverture de ces Archives de la Terreur a permis à ce jour ?

À la lumière de cette découverte historique, nous avons pris conscience du fait que la société civile sud-américaine a fait beaucoup trop confiance à ses forces armées nationales. Ces armées et ces forces de police n’obéissaient pas à la Constitution, mais aux ordres de Washington. Le fait que ces forces armées et policières aient été formées à l’École des Amériques, sise dans la zone du Canal du Panama, le fait que cette École soit un centre nord-américain spécialisé dans la répression de la contestation et dans l’enseignement de la torture comme méthode normale et quotidienne, expliquent leur comportement.

Ces forces ont été, par la suite, une composante fondamentale du Terrorisme d’État tel qu’il a été pratiqué dans nos pays latino-américains. Elles ont été coupables de crimes de lèse Humanité et elles ont commis des génocides contre des peuples originaires de plusieurs territoires d’Amérique du Sud. Elles ont mené à bien l’Opération Condor pour favoriser la mise en œuvre de modèles économiques néolibéraux favorables aux multinationales et générateurs de famines. Et, pour arriver à leurs fins, elles ont eu recours à l’extermination, la torture et l’exil de leurs ennemis civils et religieux, en priorité les intellectuels et les jeunes responsables.

La conséquence a été qu’aujourd’hui nous ressentons fortement cette carence de leaders aux fortes convictions morales pour mener la lutte contre les politiques d’austérité imposées par la Banque Mondiale et le FMI. Nous avons aussi pris conscience que nous, nous n’avions suivi aucune école pour être torturés, alors que nos bourreaux, eux, surtout avec l’aide de la USAID, ont appris les techniques les plus sophistiquées pour attaquer les parties les plus sensibles du corps. Nous avons trouvé des documents qui portent sur : Techniques de torture, sur : Comment garder en vie les torturés…

Depuis, des procès judiciaires ont-ils pu être intentés à l’encontre des responsables de ces crimes ?

Le 25 mai 1989, j’ai poursuivi en justice Stroessner, ses complices et ses protecteurs pour la mort de mon épouse, ma détention et les tortures que j’ai subies. À ce jour, la Justice ne s’est pas prononcée. Le juge qui instruit le dossier a déclaré que la torture n’était pas définie comme un délit dans le Code Pénal de la dictature. Selon des sources officielles, la majorité des tortionnaires ont été jugés et condamnés à la peine maximale, mais cela concerne les officiers et sous-officiers de la Police, alors que l’Opération Condor fut une opération éminemment militaire. Le 3 février 1989, Stroessner fut destitué de son pouvoir et les militaires et les civils qui lui ont succédé ont perpétué l’Impunité jusqu’à ce jour.

À votre avis, quel a été le rôle des États-Unis dans l’Opération Condor et dans l’organisation du terrorisme d’État ?

En résumé, l’Opération Condor a fonctionné sur trois piliers. Premièrement, c’est Henry Kissinger, alors Secrétaire d’État des États-Unis, le cerveau intellectuel du mal qui a ravagé la région et c’est lui qui a fourni les moyens financiers et l’armement le plus approprié, censément pour sauver la civilisation occidentale et chrétienne des griffes du communisme athée et apatride.

Pratiquement, nous pouvons dire que Kissinger a lancé une bombe atomique sur le Cône Sud de l’Amérique Latine, bombe qui a fait plus de 100 000 morts entre 1975 et 1989, tout comme ce qui est arrivé au Japon au cours de la Seconde Guerre Mondiale, lorsque le président Truman a ordonné le bombardement atomique contre les populations civiles innocentes de Nagasaki et Hiroshima, causant plus de 100 000 morts.

Le second pilier, ce fut Augusto Pinochet, Président de facto du Chili, qui devait épurer l’appareil d’État, la société civile et politique de ses communistes, en s’inspirant du modèle appliqué par Interpol. Et le troisième pilier ce fut Hugo Banzer, Président de facto de Bolivie, au profil bas puisque, dans la division du travail criminel, c’est lui qui prit en charge, principalement, le « nettoyage » de l’Église catholique et la chasse des religieux de gauche engagés dans la Théologie de la Libération. Méthodologie qui fut ensuite appliquée à toute la région.

Récemment, le Pape François vous a reçu, à votre demande, et vous lui avez demandé l’ouverture des Archives Secrètes du Vatican. Pourquoi ces Archives sont-elles importantes ?

Tout d’abord, pour que l’Église s’ouvre à la société. Nous savons en effet que ces Archives gardent de nombreux documents, des dénonciations et des renseignements, qui auraient été adressés par diverses personnes aux autorités du Vatican. Ce sont des informations et des demandes à propos de la tragique situation qu’ont connue nos pays durant ces terribles années du Terrorisme d’État. Nous aurions aussi des informations sur la centaine de citoyens/ennes paraguayens arrêtés et disparus, en Argentine et dans tout le Cône Sud.

Avec 85 kilomètres de rayonnages, il s’agit là d’une mémoire du monde assez complète. Les Archives du Vatican reflètent la vie de l’Église et les évènements du monde de ces vingt et un derniers siècles passés. Ces Archives sont une des sources de connaissance les plus vastes et les plus sûres aujourd’hui ; elles sont d’une utilité indiscutable pour exiger justice. Cette ouverture rendra leur consultation accessible aux chercheurs sociaux et pour toutes ces raisons nous suggérons que l’UNESCO les déclare Mémoire du Monde.

Nous avons apprécié l’engagement du Pape François en faveur des Droits de l’Homme lorsqu’il a remis, l’an dernier, au Tribunal de la Province de la Rioja, en Argentine, les documents du Vatican se rapportant à l’assassinat de Monseigneur Enrique Angelelli et d’autres, ce qui a conduit à la condamnation à perpétuité des militaires génocidaires de l’époque où était en vigueur ce pacte Criminel exclusivement militaire. Le 30 septembre 2015, au Vatican, j’ai fait mes adieux au Saint-Père François avec la conviction qu’il « n’y a rien de dissimulé qui ne soit un jour révélé et rien de caché qui ne soit un jour découvert » (Mathieu, 27)

Vous avez dit que l’Opération Condor n’a été qu’un aspect de la terreur infligée par les dictatures et que l’autre aspect ce fut l’application, simultanément, du modèle économique néolibéral. C’est le dixième anniversaire du NON à l’ALCA. Selon vous, quels sont les dangers des traités de libre-échange conclus avec les États-Unis et de la présence de dizaines de bases militaires en Amérique Latine, au XXIº siècle ?

Nous savons parfaitement et par expérience que le capital étranger ne vient pas s’investir dans nos pays pour y promouvoir le développement, mais pour nous soumettre et nous transformer en simple usine dépendante. C’est ainsi que l’Empire nous a proposé la création de l’ALCA (Aire de Libre Échange des Amériques) dans laquelle, parmi les pays membres, il n’y aurait pas d’associés, mais des patrons, surtout les patrons des multinationales.

Selon Hector Vega, éminent intellectuel chilien, dans son ouvrage fort intéressant : “Intégration économique et mondialisation” *, les 10 et 11 décembre 1994 eut lieu le Sommet des Amériques, à Miami, avec la présence de 33 chefs d’État, où fut proposée la création d’un marché unique sur le continent américain à l’horizon 2005, marché qui devait s’étendre depuis l’Alaska jusqu’à la Terre de Feu, en Argentine.

La rhétorique intégrationniste en rapport avec les Droits de l’Homme, la démocratie et la défense de l’environnement, n’était vraiment pas au centre des préoccupations de l’ALCA, qui visait seulement l’aspect commercial et une nouvelle colonisation, une nouvelle ère de conquête grâce au néolibéralisme sauvage et criminel. On nous propose un monde où les investisseurs spéculent sur tout. Comme nous en avertissait déjà Ignacio Ramonet : « La mise au pas de la finance doit devenir un objectif d’un intérêt civique de première grandeur si nous voulons éviter que le monde du prochain siècle ne soit une jungle où les prédateurs imposeront leur loi ». **

Pour l’implantation du néolibéralisme, les États-Unis ont dû avoir recours à une énergique intervention militaire dans les pays du Cône Sud, ce qui provoqua un recul du mouvement ouvrier et amena une ère de Terrorisme d’État, la destruction des espaces de participation démocratique, la destruction physique des militants et des leaders des mouvements sociaux. L’Empire a rendu possible un modèle de démocratie restreinte au Chili, au Brésil, au Paraguay.

Aujourd’hui, avec le succès de la droite aux élections en Argentine, suite à une féroce guerre médiatique, les avancées de l’intégration régionale sont en danger. Pour assurer son contrôle sur son « arrière-cour », l’Empire continue d’accueillir des militaires dans son École des Amériques et à leur enseigner les techniques de torture ; cette école est aujourd’hui installée à Fort Benning, dans l’État de Georgie. Il y a plus de 100 bases militaires qui entourent le Brésil, l’Argentine, la Bolivie, etc. Le Chili, non seulement envoie ses militaires suivre les cours de Terrorisme d’État, mais il met en place, lui aussi, une base militaire, à Concon, au cœur même du pays.

C’est pourquoi il est urgent de mondialiser les luttes contre l’Impunité du Terrorisme d’État. Le capital prédateur s’est mondialisé ces dernières années. Maintenant, c’est à notre tour de mondialiser nos convictions en faveur d’une citoyenneté active, d’une authentique démocratie adaptée à nos réalités. Il nous faut surtout vivre solidairement pour empêcher que la moribonde ALCA ne ressuscite.

Traduit par Rémi Gromelle et Manuel Colinas pour Investig’Action

Source : Investig’Action

Pour en savoir plus sur le Plan Condor, regardez cette émission de Radio Canada :

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