“Flamands travailleurs, Wallons fainéants” ? La réponse en chiffres

Titre original : Chômage : Quelques chiffres contre les mensonges. Trente-deux candidats par offre d’emploi

« Les réalités entre la Wallonie et la Flandre en matière d’emploi sont trop différentes. La régionalisation, c’est la meilleure formule pour que chaque région prenne sa responsabilité », disent les tenants d’une scission du marché de l’emploi. Info ou intox ?

Pour appuyer leurs dires, ils veulent donner l’image d’une Wallonie assistée, peuplé de chômeurs profitant d’allocations. Des arguments défendus par la droite en Flandre mais aussi par les libéraux francophones. Revue des principales affirmations.

« On est moins sévère avec les chômeurs en Wallonie. »

Intox. En 2006, en Belgique, 13 868 chômeurs ont été sanctionnés : 52 % en Wallonie, 30 % en Flandre et 18 % à Bruxelles1.

« Les chômeurs en Wallonie veulent moins trouver du travail qu’en Flandre»

Intox. Il y a aujourd’hui 32 demandeurs pour une offre d’emploi, en Wallonie. En Flandre c’est huit demandes pour un emploi. Normal qu’il est moins difficile de trouver du boulot en Flandre qu’en Wallonie.

« Les Wallons ne veulent pas se déplacer pour trouver du travail »

Intox. Une étude du professeur anversois Ann Verhetsel a établi une liste des communes dont les habitants parcouraient le plus grand nombre de kilomètres pour aller travailler. Le Top 10 est constitué exclusivement de communes… wallonnes.

« A Courtrai, des milliers de Français de la région de Lille travaillent et à peine quelques centaines de Wallons : la preuve que les Wallons ne cherchent pas de travail », a affirmé le nationaliste Jean-Marie De Decker.

Intox. C’est vrai qu’à Courtrai, 9 000 travailleurs frontaliers venus de France sont au travail. Certains viennent de villes situées à 80 km de là. Une non-connaissance du néerlandais n’est pas un problème pour eux.

Mais l’explication n’est pas à trouver dans la paresse des Wallons. Que tant de Français franchissent la frontière est dû en partie au taux de chômage élevé dans la région de Lille, mais surtout au fait qu’ils ont un gros avantage fiscal à travailler en Belgique. Ainsi, ils paient leurs impôts et leur sécurité sociale en France, et non en Belgique. C’est un avantage fiscal important. « Les Français qui gagnent ici 30 000 euros brut par an, conservent un peu plus de 3 000 euros de plus qu’un Flamand ou un Wallon2. »

En décembre dernier, Didier Reynders concluait un accord avec le gouvernement français : le statut fiscal spécial des travailleurs frontaliers français sera supprimé dès le 1er janvier 2009. Immédiatement, les patrons de la région de Courtrai ont craint que ça ne rende difficile de nouvelles embauches.

N’y-a-t-il pas des gens qui profitent ? Evidemment mais une infime minorité. La campagne d’affirmations mensongères justifiant une régionalisation vise à culpabliser les victimes, au lieu de pointer les véritables responsables du chômage en Walllonie (les patrons comme Albert Frère qui ont déserté la Wallonie pour investir ailleurs).

Elle vise en le divisant en deux, démanteler le système des allocations de chômage : au nom de coller à la réalité, on exigera de limiter dans le temps les allocations de chômage.1 6com, 5 mars 2007. • 2 De Standaard, 16 janvier 2008.

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