Rencontre Moon Jae-in – Emmanuel Macron : le président français se pose en émule de John Bolton

Le 15 octobre 2018, le Président Moon Jae-in a été reçu par son homologue Emmanuel Macron dans le cadre de sa visite en France. Le président français a adopté une position de fermeture particulièrement nette (refus de considérer tout allègement des sanctions contre Pyongyang, refus d’envisager l’établissement de relations diplomatiques complètes entre la France et la République populaire démocratique de Corée – Corée du Nord) qui s’inscrivent dans le droit fil des déclarations hostiles à tout dialogue de certains de ses collaborateurs. Sur le dossier coréen, Emmanuel Macron s’est posé en émule de John Bolton, qui souhaite l’échec du dialogue entre Washington et Pyongyang et a été, à ce titre, mis à l’écart sur le dossier nord-coréen par le président Donald Trump.

 

Emmanuel Macron a-t-il les moyens de faire échouer le dialogue, la réconciliation et la marche vers la paix dans la péninsule coréenne ? Sollicité par le président sud-coréen Moon Jae-in pour soutenir sa politique de discussion avec le Nord, le président français s’est en tout cas posé en Monsieur Niet, refusant de prendre en compte les évolutions diplomatiques en cours autour de la péninsule coréenne depuis neuf mois.

Pour ce faire, le jeune président français n’a pas hésité à travestir la réalité. Ainsi, il a cru judicieux d’affirmer devant son visiteur sud-coréen que Pyongyang n’aurait pris aucun engagement précis ou concret sur la voie de sa dénucléarisation, ce qui est un mensonge. Selon lui, “Nous attendons maintenant des engagements précis de Pyongyang démontrant sa volonté réelle de s’engager dans un processus de démantèlement de ses programmes nucléaire et balistique.”

Pour enfoncer le clou, Emmanuel Macron a “martelé” (dixit l’AFP) que dans l’attente de ces engagements vers une “dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible“, la communauté internationale doit maintenir les sanctions contre Pyongyang, en se montrant hermétique aux arguments du Président Moon Jae-in, qui a observé à juste titre que Pyongyang n’a aucune raison de s’engager dans un désarmement unilatéral sans garanties de sécurité : “La Corée du Nord, en plus de laisser de côté l’arme nucléaire, doit pouvoir garantir sa sécurité. Ils doivent être assurés qu’ils aient fait le bon choix en acceptant la destruction de l’arme nucléaire.”

Conséquence de cette politique de fermeture catégorique et ne méritant aucune discussion : non à l’établissement de relations diplomatiques complètes entre la France et la Corée du Nord, alors que la France est le dernier pays de l’Union européenne – avec l’Estonie – à ne pas avoir franchi le cap de la reconnaissance diplomatique. Toujours selon le Président Emmanuel Macron, La France n’envisage en revanche pas “à ce stade” de reconnaître la Corée du Nord. “Il est bon de garder des leviers pour s’assurer qu’il y ait des changements”, a-t-il insisté.

Emmanuel Macron feint ainsi de croire que la France disposerait de leviers pour faire évoluer la Corée du Nord sur la voie de la dénucléarisation et de l’amélioration des droits de l’homme, alors qu’elle a choisi une politique de retrait sur le dossier coréen (souligné par des parlementaires de tous bords politiques) qui restreint définitivement toute marge de manœuvre.

Les arguments du président français n’ont rien de nouveau : ce sont ceux que martèle le néo-conservateur John Bolton, partisan hier de la guerre en Irak au nom d’armes de destruction massive… qui n’existaient pas. Ce qui n’empêche pas John Bolton de défendre, encore aujourd’hui, une guerre dévastatrice qui a aussi nourri le terreau du terrorisme islamique qui frappe l’Occident.

 

Source : Amitié France Corée

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