L’inaction de l’Occident causera le prochain massacre à Gaza

Les images contrastantes venant d’Israël et des territoires palestiniens occupés, lundi 14 mai, n’auraient pas pu être plus rigides – ou plus troublantes.

 

Confrontés à des manifestations au périmètre de la barrière à Gaza, les tireurs d’élite israéliens ont tué des dizaines de Palestiniens non armés et en ont blessé plus de 2.000 autres, y compris des enfants, des femmes, des journalistes et des paramédicaux, dans une grêle de tirs réels. Amnistie, l’organisation internationale des droits humains, l’a appelé avec justice « un spectacle d’horreur ».

Une telle horreur est maintenant si routinière que les présentateurs télé pouvaient seulement titrer l’information comme le pire jour de perte de sang à Gaza en quatre ans, quand Israël avait massacré des civils dans sa dernière attaque militaire majeure.  

Ayant déjà les moyens coupés par le choc du blocus d’une dizaine d’année par Israël, les hôpitaux locaux  s’effondrent maintenant par le poids des victimes.

A quelques kilomètres, cependant, des Israéliens faisaient la fête. 

Le dit Tel Aviv “libéral” était occupé avec “la dance des poules” avec Netta, qui venait juste de gagner le Concours de chant de l’Eurovision et donnait une représentation gratuite à l’air libre pour célébrer. 

Et à Jérusalem, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou accueillait avec plaisir une bande d’autorités US, y compris Ivanka Trump, la fille du Président et sa conseillère politique. Ils étaient là pour rayonner devant les caméras, alors que les US ouvraient leur ambassade dans la ville occupée.

L’action s’occupe de négociations sur le sort de la ville et les sabotages des ambitions palestiniennes pour Jérusalem-Est de devenir la capitale du futur état palestinien. 

Le sourire épanoui de Netanyahou exprimait tout cela. Alors qu’il exprimait des platitudes sur « la paix au Moyen-Orient », il a finalement eu la bénédiction de Washington pour l’entièreté de Jérusalem comme capitale d’Israël. Et l’an prochain, l’Europe donnera sa bénédiction implicite pour accueillir le Concours de chant de l’Eurovision aussi.

Mais au milieu de l’euphorie, quelques commentateurs israéliens ont compris que la politique c’est plus que le pouvoir – c’est aussi l’image. La boisson de champagne  à Tel Aviv et à Jérusalem alors que Gaza baignait dans le sang a laissé un goût profondément amer dans la bouche.

Il y avait plus qu’une bouffée d’hypocrisie aussi dans des déclarations sur « défendre les frontières » de la part d’un état qui a refusé de déclarer ses frontières depuis sa création, il y a exactement 70 ans – ainsi que du gouvernement Netanyahou essayant actuellement  d’établir un Plus Grand Israël sur les territoires palestiniens.

Mais l’hypocrisie n’a pas été limitée à Israël et à Washington, qui ont repris comme des perroquets les arguments de Mr. Netanyahou.

Il y a eu une affreuse tergiversation d’autres dirigeants occidentaux. Ils parlaient de « regrets », de « tragédie » et de « préoccupation par la perte de vies », comme si un acte de Dieu avait frappé Gaza, pas un ordre de commandants israéliens d’étouffer l’insistance palestinienne à la liberté, par des balles réelles  

Tout aussi malhonnête était le discours de la “nécessité de refréner les deux côtés » et les « tumultes d’armes », comme si les manifestants avaient lutté avec des soldats israéliens dans un combat la main dans la main plutôt que d’être choisis froidement par des signes télescopiques.

Des politiciens et les medias  israéliens ont désespérément cherché une justification morale pour ces exécutions. Ils ont parlé de cerfs-volants « terroristes » et d’une menace supposée de lancement de pierres contre des soldats positionnés à des centaines de yards.

Alors que des milliers de Palestiniens ont été exécuté ou mutilés, combien d’Israéliens ont-ils été touchés, ces six dernières semaines de manifestations Gaza ? Précisément aucun.

C’est une forme étrange de terreur.

La réalité est que ce minuscule Gaza devient rapidement inhabitable, comme l’ont, à plusieurs reprises, mis en garde les Nations Unies. Depuis plus d’une décennie, Israël l’a bloqué d la terre, de l’air et de la mer, tout en arrosant de manière intermittente l’enclave avec des missiles et des invasions militaires.

Un correspondant important du New York Times a tweeté lundi que les Palestiniens de Gaza avaient l’aspect comme s’ils avaient « un vœu de mort ». Mais deux millions de Palestiniens – une population qui croît rapidement – sont détenus dans ce qui est effectivement une prison qui se contracte, dont les chambres de magasin sont presque vides.  

Des dizaines de milliers d’entre eux ont montré qu’ils sont préparés à risquer leur vie non pas par un certain culte de la mort mais pour gagner leur liberté, l’impulsion humaine la plus précieuse de toutes.

Et ils ont préféré une résistance non violente con-frontale de manière à rendre Israël scandaleux et que le monde reconnaisse leur condition.

Et pourtant au lieu de cela, Israël les a dépouillés de toutes les agences en déclarant faussement que ce sont des pions dans un jeu du Hamas pour faire pression sur Israël..  

Mais si le Hamas essaie d’influencer Israël, quel est son objectif ?

La semaine dernier un media israélien avide a rapporté que le Hamas appelait tranquillement  à une trêve à long terme avec Israël, renonçant effectivement au droit des Palestiniens de résister violemment contre l’occupation d’Israël

Ce ne serait pas la première fois. Mais alors qu’autrefois le Hamas avait cherché une trêve en échange d’une solution à deux états, maintenant on dit qu’il a demandé simplement une fin du blocus et une chance de reconstruire Gaza.

Même cette concession minimale est rejetée par Israël. Au lieu de cela, un ministre israélien a répondu au massacre de lundi en proposant qu’Israël assassine le leadership du Hamas.

Israël peut ne pas avoir de remords, mais les dirigeants occidentaux ressentent-ils de la honte ?

Excepté l’Afrique du Sud et la Turquie, aucun n’a jusqu’ici retiré un ambassadeur. Il n’y a pas d’appels pour des embargos sur la vente d’armes, pas de demandes d’investigations pour crimes de guerre, pas de menaces de sanctions commerciales.

Et pas de plans, bien sûr, pour une forme « d’intervention humanitaire » que les gouvernements occidentaux ont promu âprement dans d’autres parties du Moyen-Orient où des civils sont menacés.

Pendant sept décennies, l’Occident a dorloté Israël dans chaque cas. Le manque de toute punition significative pour violer les droits des Palestiniens a directement conduit au massacre de lundi.

Et l’absence d’infliger un prix à Israël pour ce massacre – en fait, le contraire : des récompenses visibles avec une ambassade US relocalisée et l’occasion d’accueillir le Concours de Chant de l’Eurovision – conduira au prochain massacre, et le suivant

Se lamenter ne suffit pas. Il est temps pour toute personne avec une conscience d’agir. 

 

Jonathan Cook est un journaliste basé à Nazareth. Il a remporté le Prix Spécial du Journalisme Martha Gellhorn. https://www.jonathan-cook.net/

 

 

Source : Information Clearing House

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