Amérique Latine : la justice comme arme de guerre

Les affaires “Oderbrecht” et “Lava Jato” ont été instrumentalisées afin d’écarter des personnes clés des gouvernements progressistes comme Jorge Glas en Equateur ou Lula Da Silva et Dilma Rousseff au Brésil.

 

En ce début d’année, la route vers la deuxième indépendance est toujours aussi sinueuse pour les peuples latino-américains. Le signal de départ a été donné par la crise post-électorale au Honduras, dont la séquence a été une mascarade mettant en scène l’appui des USA à une fraude électorale qui prolonge le coup d’État de 2009.

Quant aux gouvernements de Macri et de Temer, ivres du pouvoir récemment acquis, ils se dépêchent de démanteler ce qui a été conquis grâce aux mobilisations populaires dans les années 1990 et 2000 : aides sociales aux plus démunis, droit des travailleurs, loi sur le monopole des médias…Certes, les présidences de Cristina Kirchner, Lula Da Silva, Dilma Roussef et Rafael Correa n’avaient pas détruit les fondements du système, mais elles s’étaient attaqué au vaste problème de l’inégalité structurelle en Amérique Latine. Des pratiques qu’il s’agit maintenant de délégitimer, afin que personne n’ose plus les envisager pendant très longtemps.

Comment s’y prendre ? D’abord, en diffamant les acteurs de ces “Révolutions Citoyennes” à travers un acharnement très idéologique : accusation de “populisme” et/ou “castro-chavisme”, intoxications de la vue et de l’esprit à travers des doses journalières d’un poison médiatique anti-Venezuela, amalgame de tout ce qui bouge au-delà du consensus en faveur d’une économie basée sur le libre-échange… Ensuite, en utilisant la justice comme arme de guerre (“lawfare”), afin de couper l’herbe sous le pied des leaders latino-américains qui bénéficient d’un appui populaire massif comme Lula ou Correa. C’est ainsi que les affaires “Odebrecht” et “Lava Jato” ont été instrumentalisées afin d’écarter des personnes clés des gouvernements progressistes comme Jorge Glas ou Lula lui-même.

Leur message est clair : gare à ceux qui permettent aux peuples de s’emparer progressivement des vrais enjeux et de se constituer en sujets de leur avenir. Osez donner de l’espoir aux peuples, et c’est la case prison qui vous attend. Or, les dessous politiques de cette bataille inégale qui se déploie sur le terrain judiciaire et médiatique sautent aux yeux du monde entier.

Mais le tendon d’Achille apparaît au grand jour : si on attaque des grands leaders de façon aussi flagrante, c’est que le système craint la révolution plus que jamais. Surtout, ce que cette bataille expose, c’est le mépris envers les “damnés de la terre”, que les puissants de ce monde ne conçoivent pas comme disposant de l’initiative historique. Alors, notre message est tout aussi clair : gare à vous en retour, car les résistances aux représentants du “mauvais gouvernement” se multiplient déjà, influant sur le rapport de force dans cette année électorale, ce qui pourrait aboutir à des surprises.

 

 

 

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