Le Journal de l’Afrique n°35 : Thomas Sankara, l’incompris

Thomas Sankara, l’incompris

15 octobre 1987- 15 octobre 2017, trois décennies déjà que Thomas Sankara nous a quittés. Aujourd’hui, grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, des millions de personnes à travers le monde ont accès aux informations sur l’homme et son combat. Mais la popularisation du nom de Thomas Sankara et la libre circulation massive de ses portraits ne sont que des signes qui trompent.

A l’évidence, les pays africains ont pris une direction opposée à celle proposée par le président révolutionnaire en 1987 lors de la 25ème conférence des chefs d’Etat de l’Organisation de l’unité africaine à Addis-Abeba. Dans son discours-testament lu ce jour-là devant ses pairs africains et des émissaires d’autres continents tous médusés, Thomas Sankara avait insisté sur les conséquences néfastes de l’endettement de l’Afrique, la nécessité de produire, transformer et consommer les produits africains, le panafricanisme… Qu’en est-il aujourd’hui, 30 ans après ?

Contrairement aux vœux de Thomas, l’Afrique ploie sous le joug d’un impérialisme multiforme. Sur le plan monétaire, le franc des Colonies françaises d’Afrique (CFA) reste utilisé dans 14 pays. Ayant refusé de suivre le conseil de Sankara qui demandait à ses homologues présents à Addis-Abeba en 1987 de refuser de payer la dette illégitime due aux institutions de Bretton Woods, plusieurs pays africains ne peuvent plus construire des écoles ni créer des emplois parce que les ressources de l’Etat sont utilisées pour assurer le service de la dette. Les administrateurs du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale sont devenus les vrais ministres des finances en terre africaine et y décident de tout !

30 ans après l’appel lancé par Thomas Sankara pour inviter les Africains à produire ce qu’ils consomment et à consommer ce qu’ils produisent, qu’observe-t-on ? Le continent est devenu un dépotoir. Les rebuts et autres produits arrivés en fin de cycle en Occidentaux, retrouvent une nouvelle vie en Afrique. De Libreville à Dakar en passant par Abidjan, le made in Africa est moins présent sur les étals comme les révolutionnaires le sont à l’Union africaine.

Comme pour mieux enterrer le vœu sankariste de voir des Africains vivre librement et dignement parce qu’ils produisent ce qu’ils consomment et consomment ce qu’ils produisent, les présidents africains, à tour de rôle, signent des Accords de libre échange avec l’Union européenne. Il n’y a pas pire moyen de tuer la production locale

Le meilleur hommage à rendre à un combattant étant la poursuite de son combat, Le Journal de l’Afrique, dans cette édition, vous donne des armes théoriques pour comprendre afin de mieux affronter les enjeux d’aujourd’hui et de demain.

 

 

Source : Investig’Action

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