Le commerce du CO2 peut-il sauver le climat ?

Pour lutter contre le réchauffement climatique, les entreprises ne jurent que par des mesures « conformes au marché », telles l’achat et la vente de droits d’émission. Tour d’horizon.

Que sont les droits d’émission de CO2 ?

Le 1er janvier 2005, l’Union européenne a introduit un système imposant aux entreprises un plafond dans le rejet de CO2, le principal gaz à effet de serre. Si, par exemple, une entreprise peut rejeter 10 millions de tonnes de CO2, elle reçoit alors autant de droits d’émission.

En ce moment, le droit de rejeter une tonne de CO2 coûte environ 20 euros. On s’attend à ce qu’il grimpe à 34 euros dans les prochaines années. Si une entreprise a acheté trop peu de droits d’émission, elle devra bientôt payer une amende allant jusque 100 euros la tonne de CO2. Par contre, si elle en a trop, elle peut les vendre sur le marché à des entreprises qui en ont trop peu. L’idée sous-jacente est que le libre marché agit comme un régulateur.

Pourquoi les entreprises reçoivent-elles des droits d’émission gratuits ?

Toutes les entreprises qui consomment beaucoup d’énergie se voient octroyer des droits. Dans une première phase (de 2005 à 2007), elles ont reçu 95 % des droits de rejet gratuits. Entre 2008 et 2012, ils ont été ramenés à 90 %. Le reste, elles doivent l’acheter sur le marché. À partir de 2013, elles devront payer complètement leurs droits d’émission. L’intention consiste à encourager les entreprises à investir dès maintenant dans les restrictions sur le CO2.

Le commerce du CO2 va-t-il s’avérer positif pour le climat ?

Pas à très long terme. Entre 2005 et 2007, les entreprises de l’énergie ont gagné beaucoup d’argent avec leurs droits de rejet de CO2. Il y a l’exemple bien connu d’Electrabel, qui a même obtenu la gratuité de ses droits d’émission en les facturant à ses clients industriels. Parce qu’ils ne le ressentent pas dans leur portefeuille, ils n’ont pas été tentés de remédier à leur rejets. De la sorte, les gouvernements ont subsidié des années durant les entreprises les plus polluantes.

Arcelor Mittal a vendu une grande partie de ses droits parce qu’il dégageait moins en raison de la fermeture de certains de ses sites. Ca lui a rapporté gros. Mais il ne s’est pas gêné de réclamer à la Région wallonne des droits d’émission gratuits pour la réouverture du haut fourneau 6 à Seraing ! En fait, tout cela n’a pas grand-chose à voir avec l’environnement.

Sanctionner les entreprises propres, récompenser celles qui polluent… N’est-ce donc pas un bon principe ?

Il y a des méthodes bien meilleures pour réduire le rejet de CO2. Les entreprises doivent tout simplement être obligées d’appliquer les meilleures techniques disponibles, d’investir dans l’économie et la récupération de l’énergie.

Il faut également obliger les entreprises de l’énergie à produire un maximum d’énergie renouvelable. Aujourd’hui, le charbon polluant est toujours bien meilleur marché que l’énergie éolienne, non polluante. C’est pourquoi les entreprises de l’énergie investissent massivement, aujourd’hui, dans des centrales à charbon, bien qu’une centrale au charbon dégage annuellement entre 4 et 6 millions de tonnes de CO2. En Europe, 40 nouvelles centrales au charbon sont actuellement en chantier, et elles continueront à fonctionner durant les 50 années à venir.

On ne peut d’ailleurs pas exclure que des entreprises achètent des droits d’émission pour les revendre plus cher par la suite, c’est-à-dire pour spéculer purement et simplement sur l’environnement !

Source : Solidaire – Belgique

http://www.ptb.be/fr/hebdomadaire/article/article/emission-de-co2-le-libre-marche-peut-il-sauver-le-climat.html

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