La France, sponsor des terroristes ? Les États-Unis et leur guerre permanente (6/10)

L’objet n’est pas d’entrer ici dans le détail sordide des exactions perpétrées par les États-Unis à travers l’histoire. Nous nous contenterons de rappeler quelques chiffres tragiques liés aux multiples conflits dans lesquels se sont engagés les USA au cours de la seconde moitié du XXème siècle. Si les auto-proclamés « occidentaux » évoquent l’après-guerre comme une période de « guerre froide » entre les États-Unis et l’URSS, d’autres régions du monde eurent à subir les conséquences bien chaudes de l’affrontement idéologique Est-Ouest.


Depuis 1950, les États-Unis ont été impliqués dans plus de 30 conflits et ont bombardé de nombreux pays, faisant des millions de victimes : guerre de Corée (1950-1953), Guatemala (1954, puis 1960 puis 1967-1969), Indonésie (1958), Cuba (1959-1961), Congo (1964), Laos (1964-1973), Vietnam (1961-1973), Cambodge (1969-1970), Grenade (1983), Liban (1983-1984), Libye (1986, puis 2011), Salvador (1980′), Nicaragua (1980′), Iran (1987), Panama (1989), Irak (1991, puis 2003-2011), Koweit (1991), Somalie (1993, puis 2007-2008, puis 2011, puis 2015), Bosnie (1994-1995), Soudan (1998), Afghanistan (1998, puis 2001-2014), Yougoslavie (1999), Yémen (2002, puis 2009, puis 2011, puis 2015-présent), Pakistan (2007-présent)…

Le chercheur états-unien Micah Zenco a calculé que les États-Unis ont largué pour la seule année 2015 plus de 23.000 bombes sur L’Irak, la Syrie, l’Afghanistan, le Yémen et la Somalie[1]. Étonnamment, le Pentagone ne déclare que six victimes civiles dans les bombardements U.S., ce qui paraît totalement irréaliste et sous-estimé au vu de l’intensité des bombardements.

 

 tableau 1
Sources : Estimate based upon Combined Forces Air Component Commander 2010-2015 Airpower Statistics; Information requested from CJTF-Operation Inherent Resolve Public Affairs Office, January 7, 2016; New America Foundation (NAF); Long War Journal (LWJ); The Bureau of Investigative Journalism (TBIJ).

Tableau tiré de l’article de Micah ZENKO, “How Many Bombs Did the United States Drop in 2015?”, Blogs.cfr.org, 7 janvier 2016.

 

 

Quant à la France, qui fait partie intégrante de la Coalition contre Daesh en Irak et en Syrie et qui a entamé en 2014 « l’opération Chammal », elle aurait mené au 3 décembre 2015 2.500 sorties aériennes, 321 frappes, largué 680 bombes et détruit 580 objectifs selon le bilan officiel[2].

Les attentats du 13 novembre 2015 à Paris ont eu deux conséquences majeures pour l’armée française : 1. la déclaration de l’état d’urgence et le renforcement de l’ « opération Sentinelle » (près de 13.000 militaires engagés sur le territoire national[3], pour un coût estimé à un million d’euros par jour depuis janvier 2015[4]) et 2. une recrudescence des frappes aériennes en Irak et en Syrie.

L’État-Major des armées français se targue du fait que “depuis le début de la phase d’intensification des frappes aériennes (15 novembre 2015), la France a multiplié par 2 le nombre de ses sorties aériennes (moyenne hebdomadaires de 63 sorties)[5]”. Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian évalue à 22.000 le nombre de jihadistes qui ont été tués par la Coalition contre Daesh en Irak et en Syrie depuis l’été 2014, dont un millier environ est mort sous les bombes françaises[6]. Mais combien de civils ont été les « victimes collatérales » des bombes françaises, cela le ministre le passe sous silence. Pourtant, c’est le même ministre se félicitant des frappes françaises, qui indique que les jihadistes « s’insèrent au milieu des populations civiles et [qu’]ils se protègent de cette manière[7] ».

Guha-Sapir, la directrice du Centre for Research on the Epidemiology of Disasters (CRED), affirme qu’en Syrie « les gens avaient accès à une bonne éducation, à de bonnes conditions sanitaires » et que « l’intervention armée de la communauté internationale n’a quasiment jamais eu de résultat positif[8] ». Elle atteste que « le bombardement chirurgical ou tactique n’existe pas[9] », ce que corrobore le lourd tribut payé par les civils tués dans les frappes aériennes. Rappelons par exemple que le bombardement de l’hôpital de Kunduz en Afghanistan par l’aviation états-unienne le 3 octobre 2015 a fait 30 morts, dont 13 employés de Médecins Sans Frontières. Selon l’ong, cette attaque contre des médecins et des civils « a été menée dans le but de tuer et de détruire[10] », et constitue un crime de guerre.

En effet, l’article 51 du Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux stipule que « la population civile et les personnes civiles jouissent d’une protection générale contre les dangers résultant d’opérations militaires. […] Ni la population civile en tant que telle ni les personnes civiles ne doivent être l’objet d’attaques. Sont interdits les actes ou menaces de violence dont le but principal est de répandre la terreur parmi la population civile. […] Les attaques sans discrimination sont interdites [, telles que] les attaques dont on peut attendre qu’elles causent incidemment des pertes en vies humaines dans la population civile, des blessures aux personnes civiles, des dommages aux biens de caractère civil, ou une combinaison de ces pertes et dommages, qui seraient excessifs par rapport à l’avantage militaire concret et direct attendu.[11] » L’attaque menée par l’aviation états-unienne contre l’hôpital de Kunduz – outre le fait qu’elle soit moralement inacceptable – est donc bien contraire au droit international.

Le très bon site Aiwars.org recense au quotidien les frappes aériennes menées par la Coalition en Irak et en Syrie, ainsi que les morts civils subséquents. Au 18 avril 2016 et après 621 jours de campagne, le site relève 11.695 frappes aériennes de la Coalition (7.911 en Iraq, 3.784 en Syrie), soit 41.697 bombes et missiles largués par la Coalition sur les deux pays[12]. Entre le 14 avril 2014 et le 18 avril 2016, soit après deux ans de frappes aériennes intensives, ce sont plus de 3.000 civils non-combattants qui sont morts en Irak et en Syrie dans les frappes de la Coalition[13]. Pourtant, ces chiffres sont sans doute en-deçà de la réalité, étant donné la difficulté d’accès au terrain et de la vérification des sources.

En effet, de nombreux pays membres de la Coalition ne déclarent même pas leurs opérations militaires. Ainsi, la vérité sur le nombre de victimes civiles des frappes aériennes de la France, des États-Unis et des autres pays de la Coalition ne sera connue qu’après des années de recherches et l’ouverture des archives confidentielles.

tableau 2

Par ailleurs, le soutien des États-Unis à des groupes salafistes jihadistes à des fins géostratégiques est régulièrement dénoncé, y compris par des membres de l’armée états-unienne ou du renseignement. Le colonel de l’US Army et ex-directeur du Defense Human Intelligence Service (DHS) au sein de la Defense Intelligence Agency (DIA) W. Patrick Lang révèle que les États-Unis ont soutenu Jabhat al-Nosra, l’émanation d’Al-Qaïda en Syrie, pour s’opposer au régime de Bachar al-Assad. Cela alors que « dès 2012, le général Flynn [directeur de la Defense Intelligence Agency (DIA) entre 2012 et 2014] savait qu’Al-Nosra avait des visées hostiles aux intérêts occidentaux et que le but de cette franchise jihadiste était l’établissement d’émirats islamiques régis par la charia[14] ».

Cette accusation grave implique que les États-Unis sont en partie responsables de l’épanouissement de groupes terroristes liés à Al-Qaïda en Irak, dont est issu l’État islamique. Le 9 avril 2013, le chef de l’État islamique Abou Bakr al-Baghdadi a déclaré que Jabhat al-Nosra était une branche de l’État islamique d’Irak (EII) en Syrie et a annoncé la fusion de l’EII et d’al-Nosra pour former l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL)[15]. Cette proposition a par la suite été rejetée par al-Nosra, qui se considère comme la seule branche d’Al-Qaïda en Syrie, actant la scission et la concurrence entre al-Nosra (soutenu par les États-Unis) et l’État Islamique (combattu par les États-Unis).

L’appui des États-Unis à des groupes islamistes contre des pays communistes ou pro-soviétiques n’est pas nouveau. Il date de la seconde guerre mondiale, et les États-Unis n’ont fait qu’utiliser une stratégie et des réseaux mis en place par le régime nazi pour lutter contre l’URSS en instrumentalisant un « ennemi de l’intérieur ». En effet, « les Allemands, pendant la Seconde Guerre mondiale, ont utilisé les Tchétchènes, les Kazakhs, les Ouzbeks, les musulmans vivant en URSS contre les communistes athées. Les Américains ont ensuite pris le relais, soutenant les islamistes contre le bloc communiste et ses satellites[16] ».

Plus récemment, l’organisation terroriste Al-Qaïda, fondée en 1987 par Abdullah Yusuf Azzam et Oussama ben Laden, a été largement soutenue par les États-Unis dans le cadre de leur affrontement idéologique avec l’URSS. A travers l’Opération Cyclone (1979-1992) de la CIA, les USA ont armé les moudjahidin afghans pour contrer l’offensive russe et précipiter la chute de l’Empire soviétique. Au cours de ce conflit, les États-Unis et l’Arabie Saoudite ont dépensé chacun plus de trois milliards de dollars pour armer les moudjahidines[17], dont le saoudien Oussama Ben Laden qui n’était à l’époque qu’un représentant du Prince Turki al-Fayçal, le chef des services de renseignements saoudiens[18]. Ces mêmes services de renseignement qui viraient l’argent à destination des moudjahidines sur un compte suisse de la CIA, qui l’utilisait alors pour ses achats d’armes[19]. Le conflit qui opposa en réalité les USA à l’URSS sur le terrain afghan pendant la décennie 1980 (au cours de ce que l’on appelle encore cyniquement la guerre « froide ») coûta en réalité la vie à plus de 1.240.000 personnes, dont 80 % de civils[20].

Écoutons ce qu’écrit l’auteur Bahar Kimyongür à propos de ce qu’il appelle « la ceinture verte de l’Oncle Sam » : « Au début des années 1980, tant les nationalistes et les marxistes que les minorités religieuses des pays arabo-musulmans subirent la barbarie de djihadistes armés et financés par les États-Unis et leurs alliés locaux, l’Arabie saoudite et le Pakistan. A l’époque, dans le cadre de l’opération « Cyclone » de la CIA, les hommes de Gulbiddin Hekmatyar, chef du Hezb-i Islami, déchiquetaient progressistes et communistes afghans, y compris les « imams rouges » à coup de bombes et de roquettes. Trois décennies plus tard, équipée d’un ardillon nommé Al-Qaïda, cette ceinture verte se resserre inexorablement autour du cou des minorités peuplant la Syrie. Et trois décennies plus tard, qui aperçoit-on derrière Obama dans le rôle du souffleur ? Zbigniew Brzezinski[21], le créateur de la ceinture verte, encore lui.[22] »

Les USA sont donc non seulement dans la continuité en soutenant Al-Qaïda en Syrie contre le gouvernement de Bachar al-Assad, mais ils sont en réalité à l’origine même du phénomène jihadiste en Afghanistan il y a plus de 35 ans. A travers le temps, les noms changent mais l’objectif reste le même. A l’époque : lutter contre le communisme soviétique ; aujourd’hui : lutter contre le socialisme panarabe défendu par le parti Baas dont se revendique Bachar al-Assad. En effet, le parti Baas est l’une des principales expressions du nationalisme arabe révolutionnaire, et a pour objectif de « faire disparaître l’inégalité de classe et la discrimination[23] » (Article 32 de la charte du parti). Impensable pour la classe capitaliste internationale, en particulier pour l’establishment néoconservateur états-unien et européen.

Oussama Ben Laden et son organisation (qui préfigurait Al-Qaïda) étaient les fers de lance de la lutte contre le communisme à la fin du XXème siècle. Au début du XXIème siècle, le voilà remplacé par l’État Islamique, qui empêche opportunément une union de « l’arc chiite » (Iran, Irak, Syrie, Hezbollah libanais) et retarde l’émergence d’une monde multipolaire activement promu par les BRICS. L’idéologie wahhabite salafiste, diffusée à travers le monde à coups de pétrodollars et gazodollars, s’accommode très bien du néolibéralisme économique. Les deux idéologies conjuguées permettraient de faire perdurer un système de domination où les inégalités se creusent entre une poignée d’oligarques ploutocrates et des populations de plus en plus muselées et appauvries. Pour résumer : il s’agit d’une alliance de circonstance entre une doctrine capitaliste écrasante et une idéologie religieuse mortifère, qui met le terrorisme international au service de la contre-révolution des masses pour empêcher  l’émancipation des peuples.

Faut-il évoquer ici les liens incestueux entre la famille Ben Laden et la famille Bush, à travers le Carlyle Group ? Le groupe Carlyle est une société de gestion d’actifs états-unienne fondée en 1987, qui investit dans de nombreux domaines d’activités : l’aéronautique, la défense, l’industrie automobile, les transports, l’énergie, les télécommunications, les médias. C’est la troisième plus grande société d’investissement au monde, qui gère plus de 150 milliards de $ d’actifs en gestion diversifiée (rapport annuel 2010[24]) et possède 89,3 milliards de dollars de capitaux propres[25].

Parmi les membres du groupe Carlyle, on trouve pêle-mêle des Présidents et des Premiers ministres (George H. W. Bush, John Major, Anand Panyarachun, Fidel Ramos, Thaksin Shinawatra), un directeur de la CIA (Frank Carlucci, qui fut également secrétaire états-unien à la Défense sous la présidence de Ronald Reagan), un secrétaire d’État états-unien (James Baker), des fonds de pension, un oligarque russe anti-Poutine (Mikhaïl Khodorkovski), des banquiers, financiers ou spéculateurs (Karl Otto Pöhl, Olivier Sarkozy, George Soros), mais aussi des membres de la famille d’Oussama Ben Laden qui, à travers leur multinationale Saudi Binladin Group, bénéficient d’investissements dans le Carlyle Group[26].

Il existe donc des liens économiques funestes entre George H. W. Bush (41è Président des États-Unis mais aussi ancien directeur de la CIA) et les sponsors du terrorisme international. Comme il existait des liens économiques funeste entre son père Prescott Bush et le IIIè Reich allemand, grâce auquel il fit fortune. Prescott Bush était en effet à la tête de la Union Banking Corporation de la famille Thyssen (grande donatrice au Parti Nazi) dans les années 1930. Son fils et ex-Président George H. W. Bush fricote donc avec les Ben Laden, alors que son petit-fils, George Walker Bush, s’est fait remarquer en initiant deux guerres (Irak et Afghanistan) qui ont fait – et font encore – des centaines de milliers de victimes au Moyen-Orient. Quelle famille !

Il est intéressant de noter que le 11 septembre 2001, le jour même de l’attaque d’Al-Qaïda contre les tours du World Trade Center, le groupe Carlyle réunit à Washington son conseil annuel comprenant plusieurs centaines d’investisseurs liés au groupe. Parmi les invités se côtoient George H. W. Bush et l’homme d’affaires saoudien Shafig Ben Laden, le demi-frère du chef d’Al-Qaïda Ouassama Ben Laden[27].

Le 19 septembre 2001, soit huit jours à peine après l’attaque contre les twin-towers, le demi-frère de l’homme le plus recherché au monde et douze autres membres de la famille Ben Laden quittent tranquillement les États-Unis à bord d’un Boeing 727 sans éveiller les soupçons de la justice[28]. Il ne s’agit pas de n’importe quel avion, mais du Boeing 727 immatriculé N521DB, l’avion normalement affrété par la Maison Blanche pour le corps de presse qui accompagne le Président Bush dans ses déplacements[29]. Un de ses passagers est Omar Awad bin Laden, un neveu d’Oussama Ben Laden, qui est suspecté par le FBI d’être proche d’une organisation terroriste visant la propagation de l’idéologie wahhabite : la World Assembly of Muslim Youth (WAMY). La branche U.S. de la WAMY a été fondée par un ancien membre des Frères musulmans, Kamal Helwabi, et par un autre neveu d’Oussama Ben Laden, Abdullah Awad-bin Laden, qui en est resté le président et le trésorier jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001[30]. Étrangement, le siège de la WAMY, situé dans la banlieue sud-ouest de Washington[31], se trouve à quelques rues du domicile de Abdullah Awad-bin Laden[32], et à peine à 10 minutes à pied de l’appartement[33] où vivaient quatre des pirates de l’air qui ont détourné les avions le 11 septembre[34].

Autre fait inquiétant : l’association Human Right Watch a publié un rapport révélant que l’administration états-unienne « pourrait avoir créé des terroristes chez des individus respectueux de la loi en leur suggérant l’idée de commettre un acte terroriste[35] ». Un article du journal Le Monde révèle comment « le FBI a encouragé, poussé et parfois même payé des musulmans américains pour les inciter à commettre des attentats, au cours d’opérations de filature montées de toutes pièces. […] Des informateurs ou policiers infiltrés auraient alors interagi avec [des personnes vulnérables] en élaborant le plan d’attentat, en fournissant les ressources pour le mettre en œuvre, puis en persuadant, voire en faisant pression sur la personne pour qu’elle y participe. […] Dans 30 % des cas, l’agent infiltré a joué un rôle actif dans la tentative d’attentat[36] ». C’est un rapport accablant pour l’administration et les services de renseignements états-uniens, pour qui la fin semble justifier les moyens, au plus grand mépris de la sécurité intérieure et des vies humaines.

Ainsi, les États-Unis ne sont pas en position de donner des leçons de paix et de démocratie aux autres nations, alors qu’ils propagent la guerre, la terreur et la désolation à l’étranger. Rappelons ici l’accusation lapidaire de Noam Chomsky : « les plus importantes opérations de terreur internationales que je connaisse viennent de Washington[37] ».

De surcroît, les détentions arbitraires et la torture sont largement utilisées aux États-Unis pour extorquer des aveux aux prisonniers, au mépris des droits fondamentaux garantis par les traités internationaux. Selon un rapport d’Amnesty International, « le président Obama a reconnu que la torture avait été utilisée à la suite des attentats du 11 septembre 2001 dans le cadre d’un programme de détentions secrètes autorisé par son prédécesseur et mené à bien par la CIA[38] ». De plus, le rapport de 6.700 pages produit par la Commission du Sénat sur le renseignement, portant sur le programme de détentions et d’interrogatoires secrets mis en œuvre par la CIA entre 2002 et 2008, est toujours classé « top secret »[39].

Les États-Unis sont critiqués par le Comité des droits de l’homme à propos de « l’absence d’obligation de rendre des comptes pour les violations des droits humains commises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le placement à l’isolement dans les prisons, les inégalités raciales dans le système de justice pénale, les homicides ciblés au moyen de drones, l’utilisation excessive de la force par les responsables de l’application des lois, le traitement des migrants et la peine de mort[40] ». À la fin de 2014, 127 personnes étaient toujours détenues à Guantánamo, beaucoup sans avoir été inculpées ni jugées, au plus grand mépris du droit international et du sens moral.

Enfin, comment ne pas qualifier de « terroriste » un État dont la police terrorise la population, en commettant des exactions et des « bavures » mortelles contre la population, en particulier des afro-américains ? En 2015, 35 personnes ont été tuées par des policiers au moyen de pistolets de type Taser, alors que « la plupart des personnes mortes n’était pas armée et ne semblait pas constituer une menace grave au moment où elles ont reçu les décharges[41] ». Ces crimes d’État tragiques portent à 602 le nombre total de décès attribués à la Police états-unienne depuis 2001. Par ailleurs, 33 hommes et 2 femmes ont été exécutés aux États-Unis au cours de l’année 2014, portant à 1394 le nombre de prisonniers exécutés depuis 1976, alors même que plusieurs ont été reconnus innocents après leur exécution[42].

 

Source: Investig’Action

 

Notes:

[1]      . Micah ZENKO, “How Many Bombs Did the United States Drop in 2015?”, Blogs.cfr.org, 7 janvier 2016.

[2]      . Nathalie GUIBERT, “Les non-dits de l’opération « Chammal » en Irak et en Syrie”, Lemonde.fr, 4 décembre 2015.

[3]      . « Opérations : point de situation au 21 janvier 2016 », Defense.gouv.fr, 22 janvier 2016.

[4]      . « Attentats : «L’opération Sentinelle coûte 1 million d’euros par jour» », Leparisien.fr, 8 février 2015.

[5]      . « Opérations : point de situation au 21 janvier 2016 », Defense.gouv.fr, 22 janvier 2016.

[6]      . “22 000 jihadistes tués par la coalition anti-Etat islamique, depuis 2014, selon Le Drian”, Francetvinfo.fr, 21 janvier 2016.

[7]      . Idem.

[8]      . Izaskun SANCHEZ AROCA, Pablo ELORDUY, « Le bombardement chirurgical ou tactique n’existe pas », Investigaction.net, 25 janvier 2016.

[9]      . Idem.

[10]     . Associated Press, « Death toll rises to 30 in Afghan hospital bombing », Usatoday.com, 25 octobre 2015. & Lucie SOULLIER, “L’hôpital de Kunduz a été ciblé « dans le but de tuer et de détruire », selon le rapport de MSF”, Lemonde.fr, 6 novembre 2015.

[11]     . “Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux (Protocole I), 8 juin 1977”, Icrc.org.

[12]     . Airwars.org, page consultée le 19 avril 2016.

[13]     . “Civilian and ‘friendly fire’ casualties”, Airwars.org/civilian-casualty-claims, page consultée le 19 avril 2016.

[14]     . W. Patrick LANG, « Le renseignement militaire états-unien et la Syrie », Voltairenet.org, 21 décembre 2015.

[15]     . Romain CAILLET, « De la désaffiliation de l’Etat islamique à al-Qaïda », Huffpostmaghreb.com, 8 octobre 2013.

[16]     . Ian HAMEL, Quand la CIA finançait les Frères musulmans”, Lepoint.fr, 6 décembre 2011 & Ian JOHNSON, Une mosquée à Munich. Les nazis, la CIA et la montée des Frères musulmans en Occident, JC Lattès, 2011.

[17]     . Noam CHOMSKY, Israël, Palestine, États-Unis : Le triangle fatidique, Edition remise à jour en mars 1999, p. 10.

[18]     . Jason BURKE, Al-Qaida, la véritable histoire de l’islam radical, La Découverte,‎ p. 78.

[19]     . Steve COLL, Ghost Wars, 72, 82. & Milton Bearden et James Risen, CIA-KGB : Le Dernier Combat,  260-261.

[20]     . Rapport Spécial Afghanistan de la FAO, 2 juillet 1998.

[21]     . Stratège états-unien à la Maison Blanche et ancien conseiller à la sécurité nationale du 39è Président des États-Unis Jimmy Carter.

[22]     . Bahar KIMYONGÜR, Syriana, la conquête continue, Investig’Action, 2011, p. 72.

[23]     . Paul BALTA, “Le premier échec de la démocratie arabe”, Euromed-ihedn.fr, janvier/février 2012.

[24]     . “Carlyle Group annual report”, Carlyle.com, 2010.

[25]     . “Carlyle Group website”, Carlyle.com.

[26]     . Daniel GOLDEN, James BANDLER, Marcus WALKER, “Bin Laden Family Has Intricate Ties With Washington”, The Wall Street Journal Europe, Friday / Saturday September 28-29 2001, p.4.

[27]     . Eric LESER, « L’empire Carlyle », Lemonde.fr, 30 avril 2004.

[28]     . Dana MILBANK, “Plane Carried 13 Bin Ladens”, Washingtonpost.com, 22 juillet 2004.

[29]     . Idem.

[30]     . Document secret du FBI Case ID – 199-Eye WF 213 589 obtenu par Newsnight, inBBC News night”, News.bbc.co.uk, 6 novembre 2001.

[31]     . Au 5613 Leesburg Pike, Falls Church, Virginie, États-Unis.

[32]     . Au 3411 Silver Maple Pl, Falls Church, VA 22042, États-Unis.

[33]     . Au 5913 Leesburg Pike, Bailey’s Crossroads, Virginie, États-Unis.

[34]     . “BBC News night”, News.bbc.co.uk, 6 novembre 2001.

[35]     . “Illusion of Justice, Human Rights Abuses in US Terrorism Prosecutions », Hrw.org, 21 juillet 2014.

[36]     . “Le FBI mis en cause dans l’organisation d’attentats par des Américains musulmans”, Lemonde.fr, 21 juillet 2014.

[37]     . Interview de Noam Chomsky dans le documentaire “La fabrication du consentement” (partie 2), à 18 min 25 sec.

[38]     . « Le rapport États-Unis d’Amérique 2014 », Amnesty.org, 2015.

[39]     . Idem.

[40]     . Idem.

[41]     . Idem.

[42]     . Idem.

 

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