Honduras: “Nous ne tirerons pas sur le peuple parce que ce sont nos frères”

Cette semaine, les membres des Forces spéciales de la Police Nationale du Honduras se sont mis en grève par solidarité. Ils déclarent refuser de réprimer le peuple qui est dans la rue pour protester contre la fraude électorale. 

 

Dans plusieurs unités de la police anti-émeutes, les Cobras et les Tigres (les unités les plus répressives de la police hondurienne), il y a des assemblées et des concentrations de membres, la plupart cagoulés. Tous sont d’accord pour accuser le Gouvernement d’être corrompu et de les abandonner.

Des groupes de citoyens, qui sont dans la rue pour protester contre la fraude, se sont approchés de certains lieux et au cri de « Ne tire pas sur tes frères, » ont manifesté leur soutien à ceux qui se révoltent.

Un membre des Cobras a déclaré à UNE Noticias : « Nous, nous ne pouvons pas nous tuer en tuant le peuple. Nous n’allons pas affronter la société dans la rue. Nous sommes des êtres humains. Nous n’irons pas dans la rue. Cet appel s’adresse à toutes les polices nationales. Nous ne sommes ni des machines ni des robots. Notre famille, personne n’en prend soin et nous, nous devrions prendre soin de quelque chose que le peuple ne veut pas, ce n’est pas possible. »

Dans le premier communiqué de la Police nationale hondurienne, celle-ci exprime son mal-être vis-a-vis du gouvernement et le considère comme responsable de la crise que traverse le pays. Elle réaffirme son engagement pour la paix et la démocratie au Honduras, qui résident dans la souveraineté du peuple. Elle signifie son désaccord quant à l’application par la force de l’état de siège contre la population. Elle dénonce également « l’inefficacité de ses supérieurs ainsi que leur alignement politique ». Nuit du lundi 4 décembre.

 

 

Deuxième communiqué des forces spéciales de la police hondurienne

 

 

Des membres du groupe « Cobra » répondent aux questions des journalistes : «  – Vous n’agissez pas pour l’argent ? » « Personnne n’a de revendications salariales ici, ceci n’est pas une grève, ce n’est pas un piquet, ce n’est pas une interruption de travail. »

 

Les fourgons de police circulent au milieu d’un concert de klaxons. Les agents saluent le peuple hondurien qu’ils croisent dans la rue, faisant fi de l’état de siège. À Tegucigalpa, matin du mardi 5 décembre.

 

https://www.facebook.com/MyshiGalvez/posts/1175778382566687

 

Entretien de plusieurs médias avec un porte-parole des forces spéciales « Cobra » de la police, avant de donner une nouvelle conférence de presse le mardi 5 décembre.

 

Le porte-parole explique que  le personnel est en train de retourner dans les camions car la « haute hiérarchie réprime et menace, comme elle l’a fait avec nous. Si elle veut nous licencier, qu’elle nous licencie, mais nous partirons la tête haute. »

 

A la question des journalistes demandant si « une augmentation de salaire [était] demandée », l’agent répond que « c’est quelque chose que vous affirmez pour pouvoir détourner notre lutte. Nous voulons que la paix règne sur notre pays. »

 

https://www.facebook.com/bertasoyyo/videos/1799984953633627/

 

Face à la désobéissance de la Police nationale qui n’applique pas l’état de siège, Juan Orlando Hernández lui promet un salaire et un logement dignes, un meilleur équipement et de meilleurs infrastructures… « pour qu’elle puisse faire son travail correctement ». En revanche, pas un mot sur les victimes de la répression policière…

 

Conférence de presse de Juan Orlando Hernandez, 5 décembre 2017

 

Dossier sur l’état de siège au Honduras actualisé selon l’évolution des événéments sur place.

Pour aller plus loin, lisez aussi cette analyse, ainsi que la récente interview du candidat Salvador Nasralla à France 24.  

 

Source : TeleSur, Resumen Latinoamericano, équipe de tournage Berta Soy Yo, sources citoyennes.

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