Au sujet du Venezuela et d’une déclaration de la CGT

Ancien syndicaliste et auteur du livre “Camarade, je demande la parole”, Jean-Pierre Page réagit à une déclaration de la CGT sur la situation au Venezuela. Non pas qu’un syndicat français n’a pas à se mêler des troubles qui agitent l’Amérique latine. La lutte contre l’impérialisme concerne aussi les travailleurs occidentaux. Il n’est pas non plus question de verser dans un anti-syndicalisme primaire. L’auteur, au contraire, souhaite que le syndicat maintienne le cap dans la lutte des classes. (IGA)


Depuis plusieurs jours on était en droit d’attendre une ferme condamnation par la CGT de la  tentative de putsch au Venezuela ! Il n’en sera rien !

 

En fait sans aller aussi loin que leurs compères de la CFDT dans leur soutien à Macron et Guaido, la direction de la CGT et Philippe Martinez cherchent  dans leur déclaration à renvoyer tout le monde dos à dos. 

 

* Cette prise de position ne condamne pas clairement le leader fascisant Juan Guaido dans sa tentative de coup d’état perpétré avec l’appui des USA, de leurs vassaux Latinos américains, de l’UE et de la France.

 

Aux côtés de ces gouvernements, les médias présentent scandaleusement cet usurpateur comme un jeune démocrate épris de liberté, quand à l’instar de Macron il est un falsificateur. En fait il est un libéral à tout crin, représentant presque caricatural de cette bourgeoisie Vénézuélienne arrogante et féodale d’Altamira ce quartier hyper résidentiel de Caracas.

 

* Cette déclaration de la CGT interprète celle du secrétaire général de l’ONU qui non seulement refuse d’admettre les prétentions illégitimes de Juan Guaido, mais reconnait Nicolas Maduro comme seul et unique Président du Venezuela, démocratiquement élu. Faut il rappeler que l’immense majorité des pays membres de l’Assemblée Générale de l’ONU soutiennent Maduro, y compris la majorité de l’Organisation des Etats Américains (OEA) pourtant sous influence directe de Washington.

 

* Par ailleurs, le département international de la CGT condamne « les atteintes aux droits humains » et « une situation économique et sociale épouvantable », laissant entendre hypocritement qu’elles sont le fait du gouvernement Bolivarien du Venezuela.  Mais, elle se garde bien de stigmatiser la subversion depuis plusieurs années de l’extrême droite, les ingérences militaires de la Colombie avec l’appui des Etats Unis, les tentatives d’assassinat de Nicolas Maduro, les menaces successives d’intervention armée des USA comme celles du nouveau président fasciste Brésilien, le rôle des services secrets Etatsuniens des multinationales et de certaines ONG pour déstabiliser un gouvernement légitime comme elles l’on fait et continuent à le faire en Bolivie, au Nicaragua, à Cuba et partout ou les peuples défendent leur souveraineté face aux ingérences, aux sanctions économiques et financières .

 

* Dans sa déclaration la CGT se déclare « prête à oeuvrer aux côtés de la CSA»( Confédération syndicale des Amériques ou TUCA) structure régionale de la CSI qui a condamner à plusieurs reprises le régime de Nicolas Maduro. Elle souhaite apporter son concours aux affiliés vénézuéliens de la CSI : l’ASI, et la CTV (Confédération des travailleurs vénézuéliens) cette Centrale est connue particulièrement pour sa corruption. Elle est en effet, la partenaire privilégiée de l’AFL-CIO qui la finance comme ce fut le cas à l’occasion du coup d’état de 2002 contre  Hugo Chavez ou elle reçu officiellement à cette occasion la somme de 159 000 dollars US pour se retrouver aux côtés du patronat putschiste, finalement mis en échec par la mobilisation populaire.

* Une fois encore la direction de la CGT se trompe de camp et se retrouve du mauvais côté de la barricade, c’est à dire celui ou campe la CFDT et particulièrement la CSI à laquelle il y a des années, elle a fait le choix de s’affilier et  dont il faut rappeler qu’elle est l’héritière de la CISL(Confédération internationale des syndicats libres). Cette organisation dont la structure sud américaine fut l’ORIT(ex TUCA-CSA) instrument volontaire dans la répression sanguinaire et de masse des progressistes et syndicalistes d’Amérique Latine qui luttaient contre les dictatures de Pinochet, Videla et autres régimes dictatoriaux, les mêmes dont l’extrême droite vénézuélienne et brésilienne se déclare nostalgique. 

* Cette déclaration tortueuse du département international de la CGT montre une forme de  duplicité car en réalité, elle cherche à se camoufler en donnant l’impression de ne prendre aucunement partie entre le  gouvernement de Nicolas Maduro et les factieux de Juan Guaido. En fait elle manque de courage et se refuse à témoigner la plus élémentaire des solidarités aux travailleurs, à la majorité des citoyens Vénézuéliens à leurs authentiques forces syndicales et populaires qui résistent depuis longtemps à l’extrême droite.

 

* Elle n’apporte aucun soutien aux importantes réformes sociales engagées par Hugo Chavez puis Nicolas Maduro, malgré l’hostilité déclarée de la réaction vénézuélienne et des Etats-Unis  avides de mettre la main sur les ressources pétrolières du Venezuela, dont Juan Guaido souhaite la privatisation de cette industrie au plus vite.

 

Comme hier en faveur de la République Espagnole, la CGT dont de nombreux militants s’engagèrent  dans les brigades internationales pour barrer la route au fascisme, s’honorerait en prenant partie pour le pouvoir populaire et démocratique du présent légitime Nicolas Maduro. Elle devrait organiser partout dans les entreprises la solidarité pour faire barrage à la tentative de coup d’état fasciste au Venezuela, à la menace de guerre voulue par les Etats Unis avec le soutien de l’Union Européenne, et de Macron, l’homme de la violence et de la répression contre le mouvement populaire des gilets jaunes.

 

 

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       Déclaration de la CGT

 

La CGT exprime sa profonde inquiétude face à l’escalade des tensions au Vénézuéla.

Elle condamne fermement l’ingérence étrangère, incarnée en premier lieu par les États-Unis, qui ont reconnu Juan Guaidó comme « président par intérim » alors même qu’il n’y a pas de vacance du pouvoir. Cet « adoubement » par le président Trump porte la signature de John Bolton, son secrétaire à la sécurité nationale, qui s’est juré de faire tomber les pays de la « tyrannie de la troïka », à savoir le Vénézuéla, Cuba et le Nicaragua. Mais, cet acharnement politique ne saurait masquer la convoitise économique des États-Unis pour le pétrole vénézuélien.

À cette ingérence, s’ajoute maintenant celle de plusieurs pays de l’Union européenne dont la France qui vient, aujourd’hui, de reconnaître la légitimité de Juan Guaidó, au mépris du processus démocratique légitime au Vénézuéla.

Le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a refusé d’accéder à la demande de Guaidó de reconnaître sa légitimité, indiquant que là n’était pas le rôle des Nations Unies. Il a, en revanche, proposé ses bons offices pour tenter de résoudre cette crise. De leur côté, les présidents du Mexique et de l’Uruguay ont convoqué, le 7 février, une conférence internationale, dans le but de trouver une issue raisonnable et pacifique à la situation actuelle. Le président Maduro a annoncé sa participation à cette conférence et s’est déjà engagé à la tenue d’élections législatives au cours du premier trimestre.

Nul ne saurait nier la situation économique et sociale épouvantable du Vénézuéla, pas plus que le manque de respect des droits humains. Mais, la CGT reste convaincue que c’est par un dialogue apaisé entre toutes les parties prenantes que pourra se dessiner une sortie démocratique et souveraine de cette crise.

Il faut substituer à l’ingérence extérieure la coopération internationale. La CGT se déclare prête à œuvrer aux côtés de la Confédération syndicale des Amériques (CSA) afin de coopérer avec les travailleurs et les organisations syndicales du Venezuela.

 

Montreuil, le 4 février 2019

 

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