Venezuela : Une défaite peut apprendre davantage que dix victoires

Le bilan complet de cette défaite ne pourra être établi que par Chavez et les Vénézuéliens. Une défaite peut apprendre davantage que dix victoires. Mais analyse et examen de conscience prendront forcément du temps. Cependant, vu que les médias internationaux continuent à désinformer, indiquer déjà quelques points de repère sera utile pour ne pas se laisser manipuler.

1. On n’a pas voté pour ou contre « Chavez président à vie ». Ca, c’est un mythe fabriqué par les médias internationaux pour diaboliser. Si demain, il y avait une élection présidentielle, Chavez gagnerait à nouveau. La toute grande majorité des pauvres et des gens du peuple lui sont reconnaissants d’employer l’argent du pétrole non plus pour enrichir les multinationales et l’élite vénézuélienne, mais pour les sortir de la pauvreté, leur apporter des soins de santé, l’éducation et la formation, à manger. Et la dignité face à l’Empire.

2. L’Empire, justement, est intervenu avec tous ses moyens dans la campagne. Ford, General Motors, DaimlerChrysler, Bridgestone Firestone, Goodyear, Alcoa, Shell, Pfizer, Dupont, Cargill, Coca-Cola, Kraft, Novartis, Unilever, Heinz, Johnson & Johnson, Citibank, Colgate Palmolive, DHL et Owens Illinois ont apporté huit millions de dollars pour distribuer des tracts du genre « Si vous êtes une Mère, VOUS PERDREZ. Vous perdrez votre maison, votre famille, vos enfants (les enfants appartiendront à l’Etat) ! Des tracts spécifiques visaient les paysans, les étudiants, les petits patrons, etc. Méthodes déjà employées pour faire paniquer les Chiliens en 1973 et préparer l’écrasement d’Allende et la dictature de Pinochet.

3. L’impact de la télé privée, aux mains des milliardaires vénézuéliens, a joué à fond sur cette peur du communisme, matraquée depuis des années.

4. La menace très réelle d’un coup d’Etat made in CIA (voir nos articles précédents sur l’Opération Tenaza) a certainement fait hésiter beaucoup de gens (et cette menace existe toujours). L’opposition n’a pas augmenté son score. Mais trois millions de gens qui avaient voté Chavez l’an passé, se sont abstenus cette fois-ci.

5. Les facteurs externes ont donc joué à fond. Mais c’est pareil à chaque élection ou référendum. Le livre d’Eva Golinger Code Chavez – CIA contre Venezuela montre qu’il s’agit d’un investissement permanent. La raison de la défaite devra donc être cherchée à l’intérieur. Quelles faiblesses ont joué dans le camp révolutionnaire ?

6. D’abord, la bureaucratie et la corruption. Le Venezuela n’est pas l’enfer décrit par Bush & C°, mais ce n’est pas non plus le paradis où tout va bien. L’appareil d’Etat et aussi le mouvement bolivarien sont gangrenés par la bureaucratie : ceux qui sont chavistes pour s’approprier une part du gâteau. Quantité de réformes engagées par Chavez ne se réalisent pas sur le terrain à cause de cette bureaucratie. Le logement, par exemple, reste un problème dramatique. L’insécurité aussi pose tout le problème de la corruption dans la police. Il est hypocrite de dire que tout cela est de la faute à Chavez. Les mêmes maux règnent dans toute l’Amérique Latine et depuis longtemps. Mais ici l’opposition les exploite à fond.

7. La question centrale de la réforme était justement de donner plus de pouvoir aux conseils communaux de base afin qu’ils puissent contrôler et contourner la bureaucratie. C’est pour cela que certains bureaucrates n’ont pas mobilisé comme d’habitude. L’ennemi le plus dangereux est à l’intérieur.

8. A-t-on voulu aller trop vite sur certaines questions ? Est-il correct de définir le Venezuela comme socialiste ou faut-il plutôt proposer un Etat avec un large front uni pour assurer la démocratie, le développement économique et l’indépendance face à l’Empire ? Nous reviendrons sur cette question, et les autres, dans notre prochain livre « Les 7 péchés d’Hugo Chavez ».

9. Les médias de la révolution ont-ils trouvé la parade et le style correct face au bourrage de crâne des médias de l’élite et de l’Empire ? Beaucoup de chavistes pensent que non.

10. En tout cas, la guerre médiatique se livre aussi sur le plan international. Diaboliser Chavez fait partie d’une campagne des multinationales pour contrôler le pétrole et le gaz partout dans le monde : Irak, Iran, Afrique, Russie et… Amérique Latine. La Bolivie aussi est sous la menace. Mais les peuples ont le droit de décider eux-mêmes de leur avenir. Cette bataille de l'info, c’est donc à chacun de nous de la mener là où il peut. Dans les semaines et les mois à venir, nous essaierons de vous apporter les moyens de lutter pour le droit à une véritable information. Livre, film, test-médias, débats contradictoires, forums vous seront proposés. Nous avons besoin de vous. Vous pouvez nous écrire : michel.collon@skynet.be

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