Un plan d'invasion du Venezuela

La découverte d'un jeu de guerre de l'armée nommé "Plan Balboa" inquiète particulièrement le président vénézuélien Hugo Chavez qui accuse les États-Unis d'élaborer la prochaine attaque de son pays.

21 septembre 2005

stopinfos.com

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Future stratégie d'invasion du Venezuela ou "simple exercice de simulation d'opérations par la terre, la mer et l'air". Si les États-Unis n'ont de cesse d'envisager tous les scenarii inimaginables dans le monde, Hugo Chavez ne prend pas à la légère le dernier "jeu de guerre" lancé par Washington. Le plan Balboa réalisé par le Commandement de Base Major de l'État espagnol entre le 3 et le 18 mai 2001, soit moins d'un an avant le coup d'État manqué contre le gouvernement vénézuélien. Un exercice qui propose une tactique d'invasion de la partie occidentale du pays par les forces nord-américaines et par ses alliés de l'Otan.

Est-ce un simple exercice théorique ? Un de ces jeux de guerre avec lequel l'armée s'entraîne ? Pour peu qu'il soit un simple entraînement, il contient de nombreuses informations secrètes sur les défenses militaires du Venezuela, du Panama, de la Colombie… Le président vénézuélien lui l'a pris très au sérieux. Dans son émission hebdomadaire "Alo Présidente", il a annoncé qu'il disposait de documents "fournis par des renseignements militaires" prouvant l'intention américaine d'envahir son pays. Puis interviewé, vendredi, lors de l'émission "Nightline" de ABC, il a précisé que le plan baptisé "Balboa" implique "porte-avions et avions de chasse". "Ils ont tout calculé le nombre de jours de bombardements, le nombre d'avions, de munitions" a-t-il ajouté.

Contexte

La simulation met en scène quatre pays protagonistes codés par des couleurs, mais si on se place du point de vue politique de Washington, ils sont facilement identifiables. Ces pays sont nommés Bleu, Marron (avec une zone à envahir en noir), Blanc et Cyan (un mélange de bleu-vert).

Le pays Bleu (États-Unis) "a prêté appui a Marron (Venezuela), matériel et techniques qualifiées, pour qu'il puisse développer son industrie pétrolifère, car bien que nationalisée, il ne dispose pas de personnel capable de l'exploiter". Bleu soutient que ce pays nécessite la venue de personnel étranger, notamment de sa région, "afin de maintenir le rythme de la production et l'activité des installations". Pour justifier une possible intervention dans le pays ennemi, une zone de conflit est placée dans la partie occidentale du pays Marron et le scénario est envisagé où un radical et nationaliste parti du Peuple Libre "propose des actions contre les intérêts du gouvernement légalement construit" et contre les biens et les intérêts du pays Bleu.

Dans la zone noire de Marron, "une force révolutionnaire VFL contrôle pratiquement toute la région avec l'appui des guérilleros de Blanc (Colombie), des secteurs populaires et des forces armées". Notons que ce sigle VFL n'est pas sans rappeler celui des FBL, les Forces bolivariennes de libération, un petit groupe de rebelles qui opère à la frontière de la Colombie. Enfin, vient l'allusion au FARC et à l'ingérence militaire américaine en Colombie. Le pays Cyan (Panama), lui, est élégamment comparé à une colonie des États-Unis, un pays qui maintient avec Bleu "d'étroites relations aussi bien économiques que commerciales".

Prétexte d'une intervention

Le prétexte à une intervention dans la zone occidentale de Marron prend la forme de la lutte contre le terrorisme. Le plan Balboa avance la théorie que le gouvernement vénézuélien fomente des groupes terroristes contre les États-Unis. "L'affrontement entre les deux partis politiques majoritaires de Marron s'est accru de façon notable. La situation politique a dévié vers une radicalisation du Parti du Peuple Libre. Celui-ci propose des actions contre les intérêts du gouvernement légalement constitué et contre Bleu". Le texte se poursuit sur une description des activités les plus incroyables de cette VLF contre BLeu.

Le déroulement de la guerre

Naturellement l'intervention armée est sous couvert de L'ONU. L'intervention contre Marron interviendrait sous le mandat d'une supposée résolution 1580 du Conseil de sécurité. "Devant cette situation, le Conseil de sécurité des Nations unis, par sa résolution 1580, a autorisé la création d'une force alliée commune (…) Il autorise, alors, sans condition, les actions aériennes nécessaires contre le pouvoir et le potentiel aérien des VLF".

Blanc s'est déclaré neutre dans le conflit, craignant que celui-ci s'étende à l'intérieur de ses frontières, mais il offre aux forces alliées l'utilisation de son térritoire et de ses bases aériennes, Cartagène, Soledad et Simon Bolivar au cas où elles seraient nécessaires pour les opérations". Cyan offre sa base de Howard dans le cadre des accords militaires de défense.

Les acteurs de Bleu et de la force alliée "respecteront les moyens de production importants de la zone contrôlée par les VLF". Une allusion claire qu'ils prendront soin de ne pas endommager les puits de pétrole de Zulia au Venezuela, dans la zone noire. C'est certainement celui-ci le véritable objectif du Plan Balboa, outre celui dans finir avec la Révolution, le contrôle du pétrole.

Le plan inclu aussi un grand nombre de détails techniques, de règles bélliqueuses, de descriptions des forces alliés et des ennemis. Comment tant d'informations classées ont-elles pu transparaître ? Chavez, lui, a d'ores et déjà annoncé un "contre-plan Balboa". "Cela signifie que si le gouvernement des États-Unis tente imprudemment de nous attaquer, il sera embarqué dans une guerre de 100 ans. Nous sommes prêts", a-t-il déclaré.

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