Témoignage : Gaza bombardée

A ce que je lis dans les médias français, avant, c’était la trêve. Ça veut dire que l’occupant continuait à tirer sur la foule dans les manifestations en Cisjordanie, à arrêter et torturer des manifestants, à attaquer les pêcheurs en mer, à leur tirer dessus et voler leurs bateaux, à survoler Gaza avec les F16 et à lancer des bombes sonores par provocation, à faire des incursions chaque nuit au nord et à l’est, mais que les Palestiniens ne lançaient rien contre l’occupant.

 

 

Nous avons appris aujourd’hui que pour la deuxième fois en un mois, un prisonnier palestinien est mort. Le premier, Arafat Jaradat, avait été torturé à mort. Celui-ci a été… torturé à mort. Ou plutôt, disons qu’il est mort d’un cancer de la gorge, sans soins suffisants, et qu’il a vécu ses derniers jours menottés, pieds et poings… Il s’agit de Maysara Abu Hamdiyeh, 62 ans, jadis militant des Brigades des Martyrs d’Al Aqsa (branche militaire du Fatah) et passé au Hamas lors de sa détention. Il s’agit du 205ème prisonnier palestinien mort en détention. Nous savons aussi que plusieurs détenus avaient entamé une grève de la faim pour qu’il soit libéré avant sa mort.

 

Des émeutes ont éclaté en Cisjordanie occupée, notamment à Hébron, et à Jerusalem, avec jets de pierres et de cocktail molotov sur l’armée d’occupation. Trois roquettes ont été tirées de la Bande de Gaza, dont deux sont tombées près de la base militaire de Kyisofeem, sans faire de "victimes", comme disent les médias. Cette riposte n’a pas été revendiquée.

 

Le Hamas a tenu quatre rassemblements ce soir (2 avril NDLR) à Gaza avec quelques milliers de participants en tout. Lors du plus grand d’entre eux, dans le centre ville, il y avait notamment le ministre des Affaires religieuses, deux anciens prisonniers grévistes de la faim, et des représentants des Brigades Al Qassam (branche armée du Hamas). Nous avons eu droit aux discours habituels tenus depuis quelques semaines pour maintenir une pression sur l’occupant, et continuer à incarner la résistance. […]

 

Et donc ce soir, après les tirs de roquettes, l’occupant israélien a décidé que Gaza avait rompu la trêve, et peut compter sur la bienveillance de beaucoup de médias qui font à chaque fois débuter leur récit par la riposte palestinienne et déploient beaucoup d’énergie pour tenter de gommer les agressions quotidiennes commises contre la population de Gaza. Le ciel a donc été survolé plus que de coutume par les F-16 et deux bombes sont tombées. L’une au nord de la Bande de Gaza, l’autre à l’est. Le port de Gaza a aussi été longuement survolé et menacé, mais "rien" ne s’est passé. Les bâtiments officiels ont été évacués, et les autorités ont appelé à ne pas s’en approcher (de quoi contredire la propagande sioniste sur le-Hamas-qui-utilise-la-population-civile-comme-bouclier-humain). Seul un Palestinien aurait été blessé, selon l’hôpital Al Shifa de Gaza. Les hôpitaux de Gaza ont déclaré l’état d’urgence à cause des bombardements.

 

Le nombre de chars israéliens à l’est de la ville de Rafah a augmenté. L’état d’urgence est déclaré par l’occupant israélien dans le sud de "son" territoire, afin d’anticiper d’éventuelles représailles palestiniennes.

 

L’occupant israélien a informé l’Égypte que la trêve avait été "violée par Gaza" et menace de continuer les bombardements. On ne sait pas trop ce qu’il va se passer, mais on note tout de même que "plomb durci" et "piliers de défense" n’avaient pas commencé par des bombardements dans des zones non habitées… Nous sommes donc assez optimistes quant au fait que cela n’aura pas de suites, et nous supposons que le seul but était de terrifier la population alors que la menace d'une troisième intifada plane.

 


Vivian Petit, militant local de l’association France Palestine Solidarité, enseigne le français à l’université Al-Aqsa de Gaza. Il donnera une conférence à Gonfreville l’Orcher dans quelques mois à son retour. En attendant, il nous livre à chaud son témoignage sur le quotidien des Gazaouis dans ce qui ressemble à la plus grande prison à ciel ouvert du monde.


Source : jeunesgonfrevillais.fr

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