Le président Evo Morales a convoqué un référendum révocatoire pour le 10 août.

Le président a réaffirmé sa confiance envers le processus démocratique pour résoudre les différences et déclare "considération populaire" la fonction de président que lui ont confiée les Boliviens en décembre 2005, et avec lui, le processus de changement qu’il mène en Bolivie

Le président bolivien Evo Morales a promulgué ce matin, heure bolivienne, la loi de convocation officielle du référendum révocatoire du mandat populaire du président, vice-président et des préfets (gouverneurs) départementaux. Il aura lieu le 10 août prochain.

En même temps, il a convoqué à une réunion tous les préfets pour cet après-midi (nuit en Espagne).

Il a rappelé qu’avant le 4 mai, les préfets n’avaient pas écouté les appels au dialogue formulés par la communauté internationale (la O.E.A.) et l’Eglise Catholique.

Il a ajouté: " Maintenant, en tant que président constitutionnel, je vous appelle au dialogue ".

Son intention est que les différends entre Boliviens se résolvent par les urnes et non par les armes. Le gouvernement souhaite qu’à travers le dialogue, de nouveaux référendums autonomes soient évités, comme celui qui a eu lieu à Santa Cruz le dimanche 4 mai, en marge de la loi et de la constitution bolivienne.

Pour la première fois dans toute l’histoire de la Bolivie, le peuple a le droit non seulement de choisir mais également de révoquer les autorités si celles-ci ne sont pas utiles ou ne sont pas au service du peuple, a affirmé Evo Morales, au moment de sanctionner la loi.

Samedi dernier, lors d’un discours à Oruro, Evo Morales avait anticipé le fait que l’opposition « dépoussiérerait » le projet qu’il avait lui-même envoyé en décembre dernier au parlement.

A l’époque, les députés du MAS avaient approuvé la convocation mais l’opposition fit tomber le projet au Sénat, où ils ont la majorité.

Maintenant, sans doute en supposant que le gouvernement a été affaibli suite au référendum illégal effectué à Santa Cruz, l'opposition a décidé de manière surprenante de le « sortir du tiroir » et de l’approuver.

Il semblerait que les opposants aient cru que le président utiliserait son droit de veto pour rejeter leur référendum.

Mais au contraire, Evo Morales a déclaré « ne pas avoir peur » du vote populaire et qu’il se soumettrait à ce référendum afin que ce soit le peuple qui décide de manière pacifique et par les urnes qui « doit rentrer à la maison ».

Le vice-ministre Héctor Arce a affirmé que l’opposition s’est trompée en pensant que le premier mandataire allait rejeter une loi initiée par lui-même, et ce faisant générer un scénario d’usure pour le gouvernement.

La sanction de cette norme, a-t-il ajouté, permettra au peuple de décider par ce vote qui reste et qui s’en va, c’est-à-dire qui a fait son devoir, et qui ne l’a pas fait .

De son côté, la députée bolivienne Elizabeth Salguero a déclaré « qu'il s’agissait, de la part du congrès, d’une mesure judicieuse afin de rendre viable la demande du président de faire appel à une consultation populaire, face aux interrogations des secteurs oligarchiques ». Et d’ajouter : « Nous nous réjouissons qu’ils aient rendu possible cette consultation populaire car nous devons en revenir à l’institution démocratique et le peuple doit décider s’il accompagne le président Morales pour poursuivre ce processus de changement ou s’il ne veut pas de ces changements structurels, pour qu’ainsi soit résolue cette dichotomie du pouvoir. »

Comme l’a dit le président, a-t-elle ajouté, que ce soient les urnes qui décident et non les armes.

Salguero a expliqué que le “référendum a été convoqué par le biais d’une loi, énoncée par le congrès, et applicable après promulgation par le président. La loi affirme que, pour qu’Evo Morales soit révoqué en consultation populaire, le « non » doit dépasser les 53,7% des votes qu’il a obtenus lors des dernières élections de 2005 », lorsqu’il fut élu président.

Au sujet de la consultation sur l’autonomie qui a eu lieu à Santa Cruz, la législatrice a déclaré qu’il s’agit d’un « carnaval autonome plus que d’un processus démocratique » et a souligné que le « régime autonome n’existe pas dans la constitution ».

Enfin, elle a répété que « le référendum révocatoire va réorienter la voie démocratique pour que le peuple décide s’il veut ce processus de changement ou s’il nous faut accompagner le président ».

Avec ces deux mesures, celle d’exposer son poste et celui du vice-président à la considération du vote populaire, ainsi que celle de la convocation de tous les préfets à un dialogue, Evo Morales prend à nouveau l’initiative d’une option risquée qui confirme sa vocation démocratique et sa conviction de la nécessité des changement qu’il promeut pour son pays.

L’opposition devrait reconnaître l’illégalité du référendum réalisé à Sant Cruz, et accepter le jeu démocratique avec toutes ses conséquences. Le référendum révocatoire est une issue « in extremis », mais qui, face au refus de dialoguer persistant de la part de l’opposition, s'avère valable pour éviter l’éclatement de la crise et la progression de la division interne.

Traduit par Magali Urbain pour Investig’Action

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