La ville de Grigny soutient officiellement le mouvement guadeloupéen

Nous, membres du conseil municipal de Grigny, demandons au Président de la République de transformer sa volonté de régler les problèmes de la Guadeloupe en propositions concrètes, sans délai. Vigilants, nous mettons en garde le Président sur des annonces qui ne seraient qu’une simple opération de communication.
Motion du conseil municipal

Depuis le 20 janvier 2009, le peuple de Guadeloupe, opprimé par le système économique et politique du gouvernement actuel, exprime son désarroi.

Les prix à la consommation ont fortement dérapé. L’économie guadeloupéenne est tenue par une poignée d’individus qui se partage les richesses du pays (1 % de la population détient 80 à 90 % de l’économie locale), sans que soit exercé un quelconque contrôle de la part des services de la Concurrence, consommation et répression des fraudes.

Pour exemple :

Le litre d’essence sans plomb est à 1,36 €, le lait 1, 45 €/l , le kg de tomates 90 % plus cher qu’en France métropolitaine.

Le salaire moyen est de 30 à 40 % moins élevé qu’en métropole sauf pour les fonctionnaires.

Le coût de la vie est plus cher de 30 à 40 % qu’en France métropolitaine

Le taux de chômage est de 22,7, alors qu’il est de 8,1 % en métropole.

Le taux de chômage des jeunes de moins de 30 ans est de 39,8 %, contre 8 % en métropole.

La protestation lancée, d’abord contre le prix excessif du carburant, s’est étendue : en protestation contre la baisse du pouvoir d’achat, en demande de mise à plat de tous les dossiers laissés à l’abandon, en manifestations de toute une société qui se découvre sans projet global.

Plus d’une cinquantaine d’organisations syndicales et culturelles regroupées dans un collectif “Lyannaj Kont Pwofitasyon” (LKP), le Rassemblement contre l’exploitation outrancière, a lancé un mouvement de grève général et a soumis aux décideurs une plate-forme de 146 points de revendications.

Alors que les discussions se déroulent pour aboutir à des points d’accord, le Préfet de Guadeloupe, M. Nicolas Desforges, quitte la table de négociations.

Le samedi 24 janvier 2009, des milliers d’hommes et de femmes humiliés, descendent dans les rues de Pointe à Pitre à l’appel de ce collectif.

Un pré-accord prévoyait une augmentation de 200 euros pour les salariés percevant jusqu’à 1,6 fois le Smic et de 3 %, à négocier, entreprise par entreprise, ou dans les branches, pour ceux rémunérés au dessus de 1,6 fois le Smic. Un ensemble de mesures qui est chiffré à 108 millions d’euros.

Le 28 janvier 2009, une note en ce sens est transmise aux services du Premier ministre par le secrétaire d’Etat chargé de l’Outremer, Yves Jego, “installé” en Guadeloupe depuis une semaine..

Il quitte à son tour le pays, contre toute attente, sur ordre du Premier ministre. Ce dernier lui fait part de son refus. A son retour, Yves Jego réitère le refus du gouvernement français de consentir une aide fiscale directe. Deux médiateurs sont alors désignés pour mener les discussions sur place.

Le collectif LKP, « Collectif contre l’exploitation outrancière », appelle à amplifier la mobilisation.

Le 5 février 2009, face à la grogne syndicale en France métropolitaine, le président de la République, en direct à la télévision, s’adresse aux Français et propose des mesures pour « relancer l’économie », dit-il. Pas un mot en direction des Guadeloupéens….

Cette attitude, qualifiée de méprisante qui ne peut laisser indifférent aucun militant, a renforcé les réflexions et les débats dans ce département français d’Amérique et ailleurs.

Les élus d’Outre Mer ont le sentiment de ne pas être entendu. Le mouvement s’amplifie. Chaque jour plus de 10 000 personnes manifestent dans les rues de Guadeloupe et s’interrogent sur ce silence.

Lundi 16 février 2009, la tension est montée d’un cran et, pour la première fois après quatre semaines de grève, des affrontements ont opposé les grévistes aux forces de l’ordre.

Frustration et colère radicalisent le mouvement et malheureusement survint le drame : Jacques Bino est abattu par arme à feu sur un barrage, dans la nuit du 17 février 2009.

La ministre de l’Intérieur, quant elle, sort de son silence pour annoncer l’envoie de 4 escadrons de gendarmes mobiles pour le rétablissement de l’ordre dans l’île.

La communauté antillaise de métropole partagée entre tristesse et colère soutient l’action du collectif LKP et se fait l’écho du LKP sur le territoire national.

Et enfin un mot du Président de la République ! Il propose une série de mesures après avoir rencontré les élus de Guadeloupe le jeudi 19 février 2009.

Ces mesures pour partie ne sont pas très claires où correspondent à certaines déjà arrêtées lors du pré-accord.

Au-delà de cette situation économique, ressurgissent toutes les problématiques de la reconnaissance identitaire et des responsabilités. Quelle est la place du Français des DOM dans la société française ? Comment est-il perçu au sein de cette société ?

Pour mémoire : 3 dates – 3 événements

1848 – Abolition de l’esclavage après 213 années de purgatoire.

1946 – Les colonies sont érigées en Départements d’Outre-Mer, mais l’esprit colonialiste persiste et demeure. Les Guadeloupéens doivent mener de longues luttes sociales et politiques pour obtenir une égalité avec la métropole.

2009 – Cette lutte demeure d’actualité et le niveau d’existence entre la France et la Guadeloupe est, largement et dans tous les domaines, déséquilibré.

L’erreur serait de penser qu’un rattrapage est encore possible entre la Guadeloupe et la France.

Il suffit de s’apercevoir qu’après 63 ans de transferts financiers, les lois de défiscalisation et autres plans ont renforcé la dépendance et favoriser l’assistanat.

M. Sarkozy a proposé les états généraux dans 3 mois, après un audit de l’autorité de la concurrence, et les discussions devraient s’orienter selon les thèmes suivants : la formation des prix, la production locale, la question du statut, la cherté de la vie, la relance du dialogue social.

La Ville de Grigny, à travers les élus de la majorité municipale, s’associe au mouvement de protestation du collectif LKP .

Elle se réjouit que le président de la République soit enfin sorti de son silence et prenne en charge personnellement ce dossier si sensible. Elle considère par ailleurs que la situation de la Guadeloupe ne peut être résolue uniquement à travers ces 5 points évoqués.

Elle lui demande de prendre en compte les autres dossiers évoqués par la collectif LKP :

Environnement : Mesures sanitaires de protection des populations concernées par la contamination des terres agricoles par le pesticide chlordécone (taux très élevé de cancer de la prostate lié à cette contamination).

Transport : Favoriser la continuité territoriale des Domiens au même titre que la Corse.

Formation professionnelle : Augmentation des fonds alloués avec la création de véritables filières de formation, en lien avec les secteurs qui favorisent le développement économique de la Guadeloupe.

Emploi : Favoriser le financement de la formation professionnelle de tous les chômeurs et non plus pour les seuls bénéficiaires de l’ARE. Reclassement et formation obligatoire quelque soit le nombre de licenciés et l’effectif de salariés.

Production agricole : Maintien et aménagement du foncier agricole, afin de créer des unités de production viables et en constante recherche d’autonomie.

Pêche : Mise en place d’un véritable plan de formation professionnelle aux différentes activités de la pêche. Acquisition des techniques de capture, d’utilisation de matériel électronique embarqué et aux techniques de conservation et de vente nouvelles.

Source: http://www.rene-balme.org/24h00/spip.php?article1213

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