La place des migrants dans la cité et dans les médias

Quelle est la place de l’étranger dans notre société médiatique, notre inconscient collectif ainsi que dans notre quotidien ? Le Festival Cinéma Méditerranéen de Bruxelles se penchera sur ces questions ce jeudi 11 novembre dans le cadre de projections-débats. L’occasion de partager trois sujets vidéo réalisés par des jeunes de l’émission « Coup2Pouce » de TéléBruxelles. Pour en savoir plus, nous avons interviewé le responsable de la journée « No Border » : Pierre Martin.

Pouvez-nous nous présenter brièvement le projet de la journée «No Border» dans le cadre du Festival Cinéma Méditerranéen de Bruxelles?
 
La séance sur "L'image de l'étranger dans les médias" portera une attention à toutes sortes de questions qui se sont posées lors des tournages sélectionnés dans l'après-midi. Droit à l'image, traitement et manipulation médiatiques des problématiques de l'immigration. Le premier sujet s'interroge sur la problématique de l'immigration avec la question du squat de sans-papiers, en coexistence avec d'autres groupes de gens qui n'ont pas les mêmes raisons d'occuper un immeuble vide (association pour le droit au logement, artistes, familles immigrées précaires, et occupants volontaires). Ensuite, nous aborderons le sujet du groupement d'activistes qui s'est réuni à Tour&Taxis pendant une semaine pour échanger et agir contre la répression de l'immigration. Il sera question de la différence du traitement de l'info, du droit à l'image, de la contradiction entre mener des actions (pas toujours légales) de protestation et leur nécessaire impact (social donc médiatique). Enfin, nous aborderons la manipulation des médias quant au sort des sans-papiers avec les grévistes de la faim afghans qui ont mené une action à Ixelles, il y a quelques mois. Avec les mêmes images, nous avons traités deux faux-JT (un pour, l'autre contre). Nous avons fait mentir les gens, nous avons sorti les propos de leur contexte puis nous expliquons quelques astuces de manipulations médiatiques en fin de sujet.

C'est une séance de projections/débats qui s'articulera autour de trois reportages. On enchainera un sujet de 15' et 30' de débat, avec à chaque fois un intervenant extérieur, un jeune réalisateur puis vers le public (dont quelques "privilégiés" qui nous ont déjà demandé la possibilité d'intervenir, comme des gens d'Indymédia et Zoé Genot -qui passe dans le sujet JT (manipulation des médias).

 
A partir de quel constat est venu cette idée d'appréhender la question de la représentation de l'étranger dans notre société médiatique?
 
Bruxelles est une ville cosmopolite et coup2pouce (émission télé faite par des jeunes diffusée sur TéléBruxelles, rediffusée dans les archives sur La Trois le mercredi soir) est un projet composé de jeunes bruxellois représentant cette diversité. Les sujets traités ont donc un lien avec les problématiques bruxelloises ainsi que celles qui traversent certains des jeunes réalisateurs. Enfin, étant un projet audiovisuel d'éducation permanente, nous nous efforçons d'avoir un regard critique sur les choses et notre travail, ce qui nous amène à avoir une réflexion sur l'utilisation de la vidéo, du média télé et d’internet.

 
Quel est le principal objectif du No Border Camp et comment les jeunes réalisateurs de l'émission Coup2pouce ont-ils abordés ce sujet ?
 
Nous avons du, tout d'abord, littéralement s'infiltrer officiellement dans ce rassemblement européen d'activistes en tout genre (anarchistes, écologistes, mouvements de gauche, altermondialistes, etc.) pour pouvoir mieux cerner et prendre le temps de comprendre l'organisation et l'esprit de ce camp et pour pouvoir s'adapter aux consignes strictes par rapport aux médias (interdits dans le camp). Dès lors, il y a eu tout un travail de sensibilisation (dans les deux sens) aux intérêts communs qu'une représentation plus juste de leurs activités puisse avoir droit de cité (puisque les seules images qui sortaient dans les médias étaient les actions et manifestations, avec une focalisation réductrice sur certaines confrontations avec les forces de l'ordre). Nous avons donc choisi, après s'être imprégné du rassemblement, de traiter de l'organisation de l'évènement (horizontale, avec consensus, par groupes affinitaires) ainsi que la problématique du traitement médiatique (refus d'image, différence entre médias mainstream et médias activistes style IndyMédia et DeWereldMorgen)


Pourquoi le choix des intervenants suivants : Manu Raboulin , Adi et Souhail Chichah ?
 
Manu sera absente pour des raisons personnelles (on l'avait choisie pour son combat du droit au logement via l'occupation Place Morichar), elle sera remplacée par Naïma (Radio Panik) qui a déjà traité du sujet. Quant à Adi, il a collaboré à la programmation du No Border Camp et Souhail Chichah peut porter un regard plus sociologique et objectif sur la présence de l'immigration dans la cité.


Vous avez également décidé d'aborder le sujet de la manipulation médiatique quant au sort des sans-papiers. Pourquoi ce choix ?
 
Au départ, des jeunes réalisatrices voulaient traiter de l'Iran, d'où est sorti une émission en forme de questions-réponses (elles s’interrogeaient mutuellement), par rapport au régime islamique. Dès le début, elles ont voulu faire également un sujet sur le traitement médiatique pur (en montrant que nos médias opéraient souvent des réductions, voir des manipulations par rapport à l'Iran). On a donc cherché un sujet d'actualité pour pouvoir aborder la question de la manipulation médiatique.
 

Qu'attendez-vous de cette journée «No Border» ?
 
Cet après-midi sur "L'image de l'étranger dans les médias", dans le cadre du Festival Méditerranéen est un enjeu pour pouvoir à la fois sortir nos sujets du cadre hebdomadaire de nos diffusions et pour pouvoir les utiliser comme outils pédagogiques afin d'ouvrir la réflexion par rapport aux sujets qu'ils abordent. C'est dans cette optique que nous essayons de sortir du format type journalistique d'actualité pour traiter des sujets de fond, plus larges, plus intemporels que leur stricte actualité médiatique. A la fois, dans notre philosophie également, nous espérons pouvoir créer un dialogue, un échange entre les intervenants (jeunes et invités) et le public.
 

 
Infos pratiques:

Coup2pouce : la place des migrants dans les médias et dans la cité

Jeudi 11 novembre de 15h à 18h • Rotonde (Botannique)

Entrée libre

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