Israël-Palestine : il n’y a pas un signe « égal » entre deux camps…

Il y a ceux qui soutiennent inconditionnellement l’Etat d’Israël, quoi qu’il fasse. Jetterait-il une bombe atomique sur Téhéran, ils diraient encore que c’est bien. Et il y a l’hypocrite légion de ceux qui placent un signe égal entre les deux camps, et qui ne distinguent pas entre ces éternelles victimes, le peuple palestinien, et l’Etat prédateur qui refuse les bases d’un traité de paix équitable, ce qui rendrait la position du Hamas intenable.
Ceux qui ont mis sur le même plan ses roquettes dites artisanales, dont l’imprécision est telle qu’il faut un malencontreux hasard pour qu’elles tuent ou blessent, mais cela arrive, et ce déluge de feu et de mort qui s’est abattu sur la population palestinienne de Gaza, comme punition collective d’avoir des dirigeants islamistes.

Il faut lire, sur le fond du problème, les textes admirables d’Uri Avnery, ce courageux militant israélien des droits du peuple palestinien…(Très accessibles sur Internet).

Petit rappel historique. En 1956, l’Etat d’Israël (Disons bien « L’Etat » et non « Israël ») joue le rôle d’élément déclencheur de l’opération colonialiste franco- britannique contre l’Egypte.

En 1967, en riposte au blocus du golfe d’Akaba par Nasser, l’Etat hébreu se lance dans une guerre foudroyante. Notons bien que le blocus d’Akaba était un casus belli, mais que le blocus de la bande de Gaza par Israël n’était pas un acte de guerre…

Toujours deux poids, deux mesures.

Jusque vers la fin du siècle dernier, la personnalité distincte des Palestiniens est simplement niée. Ce sont des « Arabes ». S’il y a un problème avec la Cisjordanie, la solution est « jordanienne », jusqu’à ce que la Jordanie quitte la table de ce jeu trouble.

Oui, il y a eu un terrorisme palestinien, trop souvent sanglant, fruit du désespoir. Et oui, deux anciens Premiers ministres en Israël, Begin et Shamir, avaient eux-mêmes un passé de terroristes. Au Liban en 2006, à Gaza maintenant, l’appareil politique et militaire israélien a pratiqué le pire terrorisme d’Etat.

On ne le sait pas assez : lors de la naissance du mouvement Hamas en 1987, la partie israélienne le considéra avec une certaine bienveillance : il devait affaiblir l’OLP de Yasser Arafat. Mission accomplie au delà de toute espérance…

Qui veut de Gaza ? Personne ?

Lorsque, sous Ariel Sharon, le gouvernement israélien a évacué la bande de Gaza, ce n’était pas pour poser un acte de bonne volonté envers l’Autorité palestinienne, mais parce que ce réduit surpeuplé est ingérable. Et ils le firent en détruisant les maisons évacuées des colons, pour qu’elles ne puissent pas servir à des Palestiniens !

Et quand l’Egypte de Moubarak, si inféodée à l’administration américaine, refuse d’ouvrir sa frontière pour accueillir la masse des malheureux qui veulent fuir la nasse dans laquelle on souffre et on meurt, c’est parce qu’il ne veut pas de nouveaux camps de réfugiés sur son territoire. Tandis que la partie israélienne « refilerait » volontiers à Moubarak un Gaza en ruines.

Comment la masse adhère à la guerre…

On a assisté, en Israël, au même phénomène qu’aux Etats-Unis quand Bush déclencha la guerre contre l’Irak : une adhésion massive, « patriotique », exempte de toute pensée critique, voire du moindre doute, de la masse des citoyens. Adhésion encadrée par la quasi-totalité des médias. La courageuse petite minorité pacifiste submergée, rendue inaudible. On allait prendre sa revanche sur la « défaite » du Liban. On allait montrer à ces sauvages qui ont des prétentions guerrières avec leurs roquettes artisanales de quel bois on se chauffe.

Ce phénomène de l’entraînement patriotique des masses, si fréquent dans l’Histoire, est inquiétant pour l‘avenir de la démocratie, alors qu’à notre époque les moyens d’information sont si diversifiés…

Avec Obama : un certain rééquilibrage…

A peine installé dans son bureau de président des Etats-Unis, Obama a appelé en premier lieu le président Abbas de l’Autorité palestinienne. Il a désigné comme médiateur dans le conflit un homme qui n’est pas connoté, de par son passé, comme « ami d’Israël », et ceci à la surprise de beaucoup : George Mitchell, l’homme des accords de paix en Irlande du Nord. Sans tirer des deux faits une conclusion prématurée, on peut y voir le souci de rééquilibrer quelque peu la position de l’administration américaine.

Si, aux élections israéliennes de février, la pire droite sioniste l’emporte avec Netanyahou, la « médiation » américaine sera encore plus difficile, la paix plus éloignée dans le futur, et la coalition Kadima de Tzipi Livni en aura été pour ses frais de sale guerre.

Il faut savoir aussi que seule la Cour suprême a pu empêcher une interdiction de se présenter aux élections des partis « arabes israéliens ».

Pour l’unité du mouvement palestinien !

La tâche la plus urgente pour le mouvement palestinien devrait être le rétablissement de l’unité gouvernementale, la fin de la coupure entre Gaza et la Cisjordanie. Que le Hamas mette la religion au second plan et cesse d’entretenir le mythe de Saladin par un verbalisme irréaliste. Que l’Autorité palestinienne reconnaisse ses propres erreurs et mette le monde arabe en demeure de lui assurer un appui plus cohérent, moins dicté par d’étroits intérêts nationaux.

Pour la gauche internationale en Occident, il faut assurer la promotion de l’Initiative de Genève de 2003, en deça de laquelle il n’y a pas de paix juste, équitable, qui tienne…

Robert Falony

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Ps. Davos ! Les « décideurs économiques » de la planète, les financiers naufrageurs, les faussaires, les banqueroutiers, les abuseurs de biens sociaux, auraient pu avoir la décence de ne pas se réunir cette année…

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