Darfour: conversation secrète de Powell

« Un génocide a eu lieu et pourrait encore se poursuivre au Darfour », vient de déclarer Colin Powell, ministre US des Affaires étrangères. Une fuite à son ministère nous permet de vous diffuser – en exclusivité – la bande enregistrée d’une conversation tenue le 3 septembre dans le huis clos de son cabinet…

(Un conseiller termine la lecture de son rapport sur le Soudan)

-Colin Powell : Ces Soudanais m’énervent à désobéir encore ! Comme si je n’avais pas déjà assez d’emmerdes (« piece of shit » dans l’original) avec les Irakiens, les Afghans, Castro et tout ce bordel !

-Brown (son conseiller ‘pétrole’) : Oui, c’est d’autant plus gênant que les Chinois ont augmenté leurs commandes et sont devenus l’acheteur n° 1 du pétrole soudanais.

-Powell : Je sais. Si nous voulons coincer les Jaunes, pas question de leur laisser un approvisionnement que nous ne contrôlons pas.

-Houghton, adjoint de Brown : En plus, les Frenchies de Total y ont acquis une concession pétrolière de 120.000 km2. Et les Allemands aussi font du business avec Khartoum. Ils sont en train de nous doubler !

-Powell (à l’ensemble de ses conseillers) : Bon, on fait quoi ?

-Hessler (conseiller militaire) : Ca dépend de ce que vous voulez, mais quelques bombes bien placées ne nous poseraient pas de problèmes, leur armée n’a pas les moyens de se défendre.

-Douglas (conseiller communication) : Attention ! Faudra d’abord travailler un petit peu l’opinion publique, nous n’avons pas encore bien ‘noirci’ les Soudanais et le public ne sait même pas que ça existe, ce foutu pays !

-Powell (impatient) : C’est votre boulot, ça ! Qu’avez-vous à proposer ?

-Le conseiller com : Ben, sans vouloir vous offenser, je ne suggère pas de refaire les ‘armes de destruction massive’. Si je peux me permettre, ça n’a pas tellement bien marché la fois passée.

-Powell (énervé) Je sais, merci ! De toute façon, on ne peut pas le répéter trop vite. On reprendra ‘les armes’ quand sera venu le tour des Coréens.

-Le conseiller com : Ben, le ‘terrorisme’, alors ?

-Powell : Je me demande pourquoi, je vous paie ! Le terrorisme, ça sert déjà pour l’Afghanistan. Et on est aussi en train de le ‘chauffer’ à propos de Cuba. De toute façon, vous savez que ça marche pas très fort en dehors des USA. Non, il faut autre chose.

-Brown : Si je peux me permettre …

-Powell : Allez-y !

-Brown : Ben, on a quelque chose qui n’a pas servi depuis quelques années, et qui avait super bien marché…

-Powell : On vous écoute…

-Brown : ‘Génocide’.

-Powell : Mais y a rien de ce genre au Soudan, juste quelques rivalités ! Attisées par nous-mêmes, d’ailleurs…

-Brown : Eh bien, il n’y avait pas non plus de génocide au Kosovo. Mais tout le monde a marché. Encore maintenant, les gens y croient. Personne n’a compris que c’était pour contrôler les routes du pétrole dans les Balkans.

-Powell : Vous savez quoi, vous autres ?

-Tous : (…)

-Powell : Je crois que je vais nommer Brown à la com et aux relations médias. (Au conseiller com) : Mon petit James, pour la semaine prochaine, vous me faites un topo – bref hein ! – sur le thème génocide, avec les intellectuels de renom qui diffuseront ça, et une liste de médias à qui nous pouvons offrir le ‘scoop’ et le voyage sur place !

-Le conseiller com : Pas de problèmes, Monsieur !

N.B. Avons-nous vraiment reçu cette bande ? Probablement pas. Mais tout le reste est certifié fiable. Quand Powell parle de ‘génocide’, comprenez ‘pétrole’.

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