Comment la CIA mène la "guerre psychologique"

Comment se préparent les agressions de Bush (Venezuela, Palestine Liban, Irak, Afghanistan, Kosovo…) ? Par une intense "guerre psychologique" basée sur la désinformation et organisée par la CIA.

Pour bien évaluer cette activité de la CIA, il faudrait connaître les théories qui la fondent. Pas facile. Elle a pour principe d’être discrète. Heureusement pour nous, un militaire britannique l’a été beaucoup moins…

Extrait de la préface rédigée pour l'ouvrage d'Eva Golinger – Code Chavez, CIA contre Venezuela, page 24

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En 1970, après avoir « brillamment » servi dans la répression des mouvements anticoloniaux au Kenya, en Malaisie, à Chypre, le général britannique Kitson est nommé en Irlande, avec pour mission d’y coordonner la répression. Cette expérience, il va l’exposer dans un livre exceptionnel, et très cynique, intitulé « Opérations de basse intensité – Subversion, insurrection et maintien de la paix ». Livre publié en 1971 et très vite retiré de la circulation . Kitson y expose toute sa doctrine de la « guerre spéciale »…

Kitson, leur père à tous

Tout général qu’il soit, Kitson considère que la répression militaire et policière classique n’a aucune chance de réussir sans une « campagne pour gagner les cœurs et les esprits », qu’il appelle « guerre psychologique stratégique ». Que recouvre ce terme mystérieux ? Cela se clarifie quand on examine l’ensemble des méthodes prônées, et utilisées, par Kitson :

– Former tous les cadres importants des ministères (Armée, Affaires étrangères…) aux techniques de « psy ops » (manipulations psychologiques de l’opinion).

– Monter de « pseudo-gangs » qui recueilleront un maximum d’informations. Mais qui, surtout, en menant des « coups » attribués à l’ennemi, permettront de le discréditer.

– Employer les « forces spéciales » (SAS) pour réaliser des attentats qui seront attribués à l’ennemi afin d’augmenter la tension et justifier la répression.

– Créer des diversions, par exemple en provoquant une « guerre de religions ».

– Fabriquer de faux documents (« black propaganda ») qui seront attribués à l’ennemi afin de le discréditer.

– Infiltrer des agents, ou recruter des traîtres (par chantage ou corruption), au sein des organisations de l’adversaire toujours afin de le discréditer, voire de provoquer des scissions.

– Militariser l’info de la BBC et y censurer totalement le point de vue adverse.

– Filtrer l’information à destination de la presse internationale, et s’y assurer des complicités.

– Fournir des documents photographiques pour influencer l’opinion.

– Utiliser des journalistes comme espions sur le terrain.

– Utiliser la musique pour attirer des jeunes avec un message apparemment « dépolitisé ».

– Mettre en place et populariser de faux mouvements « spontanés », présentés comme neutres et indépendants, en réalité financés et téléguidés afin de diviser et affaiblir le soutien au camp adverse.

Ce dernier point est particulièrement important. En Irlande, Kitson mit en place un « Mouvement pour la Paix », que la presse internationale présenta comme une initiative « spontanée », mais qui était en réalité financé par Londres et Washington. Deux femmes, dont le passé fut soigneusement caché, furent présentées comme des « citoyennes ordinaires » et reçurent tous les fonds et la publicité nécessaire pour se créer une large réputation et diminuer le soutien à l’IRA. En Irlande même, elles furent, après un an et demi, démasquées et discréditées, mais pas à l’étranger.

Pseudo-gangs, pseudo-attentats, opérations « psy ops », contrôle et manipulation de l’info, faux documents, infiltration d’agents, recrutement de traîtres, fabrication de faux « mouvements spontanés ». Toutes ces méthodes forment un tout : la doctrine Kitson. Que son auteur résume de la façon suivante :

« La guerre psychologique stratégique poursuit des objectifs à long terme et principalement politiques. Elle a pour but de détruire la volonté d’un ennemi ou d’un groupe hostile, de combattre et de réduire sa capacité à poursuivre la guerre. Elle peut être dirigée contre le parti politique dominant dans le pays ennemi, le gouvernement et/ou la population toute entière (nous soulignons) , ou des éléments particuliers de cette dernière. Tout cela est planifié et contrôlé par la plus haute autorité. » (p.101)

Cette citation résume l’essence de la « doctrine Kitson » :

1. L’ennemi n’est pas seulement un adversaire armé. C’est toute une population.

2. Ce qui est décisif, c’est la « bataille des idées et de l’information ». Pour la gagner, tous les moyens sont bons.

3. Toute cette bataille est placée sous le commandement global des autorités politiques et militaires.

Cette doctrine Kitson ne s’applique-t-elle qu’à des situations d’occupation militaire et de résistance ? Non. Kitson avertit : « L’armée doit se préoccuper et se préparer à faire face aux mouvements populaires longtemps avant qu’ils ne prennent la forme d’un soulèvement violent. » (p.32)

(…)

La pieuvre à l’oeuvre

Après ses succès en Irlande, la doctrine Kitson devint la doctrine officielle des services britanniques et occidentaux, et celle de l’OTAN. On la retrouvera appliquée dans tous les grands conflits de ces dernières années. Particulièrement dans les programmes que Washington appelle « changements de régime » et qu’il faudrait plutôt appeler « coups d’Etat ».

Extrait de la préface rédigée pour l'ouvrage d'Eva Golinger – Code Chavez, CIA contre Venezuela, page 24

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