Bush affaibli sera-t-il plus ou moins enclin à attaquer l'Iran?

Le Prochain Acte

Une administration affaiblie est-elle moins ou plus encline à attaquer l'Iran ?

Avec la victoire des démocrates aux dernières élections législatives, l'Administration Bush va-t-elle changer de cap ou bien « stay the course » continuer sur la même voie de l'enlisement en Irak, y envoyer plus de troupes, et, le dos au mur, s'aventurer à attaquer l'Iran, pressé par le gouvernement sioniste de Tel Aviv, lui-même aux abois depuis la défaite de la guerre au Liban ? Quelques réponses de Seymour Hersh qui donnent un éclairage interne sur ce qui se passe à la Maison Blanche et autour.

Le Prochain Acte – Seymour Hersh

Un mois avant les élections de novembre, le vice président Dick Cheney participait à une discussion de sécurité nationale dans l'immeuble du bureau exécutif. La discussion a pris un tournant politique : et si les démocrates gagnaient à la fois le Sénat et le Congres ? Quel impact cela aurait-il sur la politique menée à l'égard de l'Iran, qu'on croit être sur le point de devenir une puissance nucléaire ? A ce moment là, selon quelqu'un au parfum de la discussion, Cheney a commencé à évoquer des souvenirs concernant son travail comme technicien de lignes au début des années 60 pour une compagnie d'électricité dans le Wyoming. Les lignes de cuivre coûtaient cher, et les techniciens des lignes avaient reçu l'instruction de ramener tous les morceaux inutilisés faisant 1 mètre et plus. Personne ne voulait s'occuper de la paperasserie en résultant dit Cheney, aussi lui et ses collègues ont trouvé une solution : mettre des « raccourcis » sur la ligne – – c'est-à-dire la couper en petits morceaux et jeter les chutes à la fin de la journée de travail. Si les démocrates gagnaient le 7 novembre dit le vice président, cette victoire n'arrêterait par l'Administration dans sa poursuite d'une option militaire concernant l'Iran. La Maison Blanche mettrait des « raccourcis » à toute restriction législative, a dit Cheney, et ainsi empêcherait le Congres de lui barrer la route.

La préoccupation de la Maison Blanche ce n'est pas que les démocrates coupent les fonds pour la guerre en Irak, mais qu'une future loi interdise le financement d'opérations visant à renverser ou déstabiliser le gouvernement iranien, pour l'empêcher d'acquérir la bombe.

« Ils ont peur que le Congres vote une résolution contraignante pour stopper un coup contre l'Iran, du type Nicaragua dans la guerre des Contras » m'a dit un ancien fonctionnaire des renseignements.

Fin 1982, Edward P. Boland, un représentant démocrate a présenté le premier de toute une série d'amendements « amendements Boland » qui ont limité l'administration Reagan dans sa capacité à soutenir les Contras, qui travaillaient à renverser le gouvernement de gauche sandiniste du Nicaragua. Les restrictions de Boland ont conduit les fonctionnaires de la Maison Blanche à organiser des activités illégales de collectes de fonds pour les Contras, incluant la vente d'armes américaines, via Israël, à l'Iran. Le résultat ce fut le scandale de l'Iran-Contra dans la moitié des années 80. L'histoire de Cheney, selon la source, c'était sa façon de dire que peut importe ce que ferait un Congres à majorité démocrate l'année prochaine pour limiter l'autorité du président, l'Administration trouverait un moyen de le contourner. (En réponse à une demande de commentaire, le bureau du vice président a dit qu'il n'avait pas de trace de la discussion).

Au cours d'interviews, d'anciens et d'actuels fonctionnaires de l'Administration, reviennent sur une question : l'influence de Cheney sera-t –elle aussi importante les deux dernières années de la présidence de Bush comme elle l'a été les 6 premières années ? Cheney est catégorique en ce qui concerne l'Irak. Fin octobre, il a dit au Time à propos de l'Irak : « je sais ce que le président pense ». « Je sais ce que je pense. Et nous ne cherchons pas une stratégie de sortie. Nous cherchons une victoire. » Pour lui c'est également clair que l'Administration utilisera, si nécessaire, la force contre l'Iran. « Les Etats-Unis gardent toutes les options sur la table face à la conduite irresponsable du régime », a t- il dit à un groupe de lobbying israélien en début d'année. « Et nous nous joignions à d'autres nations pour envoyer un message clair à ce régime : nous n'autoriserons pas l'Iran à avoir une arme nucléaire. »

Le 8 novembre, un jour après que les républicains aient perdu le Congres et le Sénat, Bush a annoncé la démission du secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et la nomination de son successeur, Robert Gates, un ancien directeur de la CIA. La décision a été largement interprétée comme une reconnaissance que l'Administration payait un prix politique pour la débâcle en Irak. Gates a fait partie du groupe d'étude sur l'Irak – – dirigé par l'ancien secrétaire d'état James Baker et Lee Hamilton, un ancien élu démocrate au Congres – – chargé d'examiner de nouvelles approches concernant l'Irak, et il a depuis plus d'un an publiquement pressé les US de commencer des discussions directes avec l'Iran. La décision du président Bush de nommer Gates était un signe de la « désespérance » de la Maison Blanche m'a dit un ancien haut fonctionnaire de la CIA qui a travaillé avec la Maison Blanche après le 11 septembre. La relation entre Cheney et Rumsfeld était l'une des plus étroites au sein de l'Administration, et la nomination de Gates a été vu par certains républicains comme le signal que l'influence du vice président dans la Maison Blanche pourrait être défiée. La seule raison pour laquelle Gates prend le poste après avoir refusé celui de nouveau directeur des renseignements nationaux, a dit l'ancien haut fonctionnaire de la CIA, c'est que « le père du président, Brent Scowcroft et James Baker » – – anciens aides du premier président Bush – – « ont mis le paquet et le président a finalement dû accepter une supervision adulte. »

Des décisions extrêmement importantes seront prises dans les tout prochains mois a dit l'ancien fonctionnaire de la CIA. « Bush a suivi les conseils de Cheney pendant 6 ans, et la suite de l'histoire sera : « Va-t-il continuer à choisir Cheney plutôt que son père ? Nous le saurons bientôt. » (La Maison Blanche et le Pentagone ont refusé de répondre à des demandes précises de commentaire pour cet article, disant seulement qu'il contenait des inexactitudes sans préciser lesquelles).

Un Général 4 étoiles à la retraite qui a travaillé de manière rapprochée avec la première Administration Bush m'a dit que la nomination de Gates signifie que Scowcroft, Baker, et Bush le père, et son fils « disent que de gagner les élections de 2008 c'est plus important que l'individu. Le problème pour eux c'est comment préserver l'agenda républicain. La vieille garde veut isoler Cheney et donner à leur « fille » Condoleezza Rice « – la secrétaire d'état – – « une chance de réussir » La combinaison de Scowcroft, Baker, et de Bush senior, travaillant ensemble, a ajouté le général, « est suffisamment forte pour s'en prendre à Cheney. Une seule personne ne peut s'y opposer. »

Richard Armitage, le secrétaire d'état pendant la première présidence de Bush, m‘a dit qu'il croyait que la victoire démocrate aux élections suivie par la démission de Rumsfeld, cela voulait dire que l'Administration avait « reculé » en ce qui concerne son rythme de planification d'une campagne militaire contre l'Iran. Gates et d'autres décisionnaires auront maintenant plus de temps pour impulser une solution diplomatique en Iran, et s'occuperont d'autres problèmes considérés plus urgents. « La situation en Irak est aussi mauvaise qu'elle en à l'air, et en Afghanistan c'est pire que cela en a l'air » a dit Armitage. « Il y a un an, les Talibans combattaient par groupe de 8 à 12, et maintenant, ils sont parfois en groupe de la taille d ‘une compagnie et même plus grand. » « Bombarder l'Iran et espérer que le public iranien « se soulèvera » et renversera le gouvernement, comme certains à la Maison Blanche le croient, « a ajouté Armitage, « c'est une course folle ».

« Nous devons nous défaire du désastre en Irak, et l'Iran c'est le désastre qu'il faut éviter » a dit Joseph Cirincione vice président de la sécurité nationale lors d'une intervention au Centre Libéral pour le Progrès Américain. « Gates sera en faveur de discussions avec l'Iran et d'écouter les conseils de l'ensemble des chefs d'état majors, mais les néo conservateurs sont toujours là. – – dans la Maison Blanche – – et pensent toujours que le chaos sera un petit prix à payer pour se débarrasser de la menace. Le danger c'est que Gates pourrait être le nouveau Colin Powell – – celui qui s'oppose à la politique mais finit par rendre des comptes au Congres et soutenir publiquement cette politique. »

D'autres sources proches de la famille Bush ont dit que les machinations derrière la démission de Rumsfeld et la nomination de Gates étaient complexes et que le triomphe apparent de la vieille garde peut être illusoire. L'ancien haut fonctionnaire des renseignements qui a autrefois travaillé en étroite collaboration avec Gates et le père du président, a dit que Bush et ses proches conseillers à la Maison Blanche ont compris à la mi octobre que Rumsfeld devrait démissionner si les résultats des élections à mi terme étaient une défaite retentissante. Rumsfeld a été impliqué dans des discussions concernant le moment de sa démission avec Cheney, Gates et le président avant l'élection, a dit l'ex haut fonctionnaire des renseignements. Des critiques qui ont demandé pourquoi Rumsfeld n'avait pas été viré avant, ce qui aurait pu booster les républicains, ne comprenaient pas. « Une semaine avant les élections, les républicains disaient que la victoire des démocrates produirait un retrait américain, et maintenant Bush et Cheney vont changer leurs politiques nationales sécuritaires ? « L'ancien haut fonctionnaire des renseignements a dit « Cheney savait que cela allait arriver. Laisser tomber Rummy après les élections semblait être un geste de conciliation – – « Vous avez raison, démocrates. Nous avons un nouveau type et nous considérons toutes les options. Rien n'est écarté. » Mais ce geste de conciliation ne sera pas accompagné d'un changement significatif de politique, au lieu de cela, la Maison Blanche a vu en Gates quelqu'un qui a la crédibilité pour aider à maintenir le cap sur l'Iran et l'Irak. Gates représente aussi un avantage face au Congrès. Si l'Administration a besoin de prouver que le programme d'armement de l'Iran pose un danger imminent, Gates sera un meilleur avocat pour défendre le cas que quelqu'un qui aura été associé avec les renseignements bidon concernant l'Irak. L'ancien fonctionnaire a dit : « Ce n'est pas lui qui nous a dit qu'il y avait des ADM en Irak, et il sera pris au sérieux au Congrès ».

Une fois que Gates sera installé au Pentagon, il devra soutenir l'héritage de Rumsfeld sur l'Iran, l'Irak, l'Afghanistan – – et Dick Cheney. Un ancien haut fonctionnaire de l'administration Bush, qui a aussi travaillé avec Gates, m'a dit que celui-ci avait bien conscience des difficultés de son nouvel emploi. Il a ajouté que Gates ne soutiendrait pas simplement les politiques de l'Administration et dirait « en agitant un drapeau » « allez-y, allez-y «, tout spécialement au prix de sa réputation. « Il ne veut pas détruire 35 ans passés au service du gouvernement. Cependant, sur la question de savoir si Gates affrontera activement Cheney, l'ancien fonctionnaire a dit, après un moment de réflexion, « je ne sais pas ».

Un autre problème urgent pour Gates ce sont les efforts croissants du Pentagone pour mener des missions clandestines et camouflées à l'étranger. Ces activités ont traditionnellement été de la responsabilité de la CIA, mais, sous la pression systématique de Rumsfeld, des actions militaires clandestines se sont développées en nombre. Ces 6 derniers mois, Israël et les Etats-Unis ont travaillé aussi ensemble pour soutenir un groupe de la résistance kurde connu sous le nom du parti de la vie libre du Kurdistan. Le groupe a mené des incursions clandestines en Iran, m'a dit un conseiller du gouvernement qui a des liens étroits avec la direction civile du Pentagon, « cela fait partie d'un effort pour explorer des moyens alternatifs de faire pression sur l'Iran » (Le Pentagon a établi des relations clandestines avec des hommes de tribus kurdes, azéries et baluchies et a encouragé leurs efforts pour saper l'autorité du régime de Téhéran au sud et au nord de l'Iran). Le conseiller du gouvernement a dit qu'Israël donne au groupe kurde « équipement et entraînement ». Le groupe a aussi reçu « une liste de cibles à l'intérieur de l'Iran qui intéressent les US «. (Un porte parole du gouvernement israélien a nié l'implication d'Israël).

De telles activités, si elles sont considérées comme étant des opérations militaires plutôt que celles des renseignements n'ont pas besoin d'être présentées devant le Congres. Pour des opérations identiques de la CIA, le président devrait, selon la loi, produire une note formelle déclarant que la mission est nécessaire, et l'Administration devrait en informer les dirigeants du Congres et du Sénat. L'absence de telles consultations dérange certains démocrates au Congres. Cet automne, on m'a dit que David Obey un démocrate du Wisconsin, le démocrate qui fait partie du sous comité autorisant le financement des activités militaires secrètes, a demandé précisément, lors d'une rencontre à huit clos des membres de la Chambre des représentants et du Sénat, si « quelqu'un avait été informé sur le plan d'activité militaire de l'Administration en Iran ». La réponse c'était non (un porte parole d'Obey l'a confirmée).

Les victoires des démocrates ce mois ci ont conduit à un appel pour que l'Administration commence des discussions directes avec l'Iran, notamment pour obtenir son aide pour résoudre le conflit en Irak. Le premier ministre britannique Tony Blair s'est distancé du président Bush après les élections et a déclaré qu'on devrait offrir à l'Iran « un choix stratégique clair » qui pourrait inclure un « nouveau partenariat » avec l'Occident. Mais nombreux sont ceux qui à la Maison Blanche et au Pentagon insistent sur le fait que se montrer dur avec l'Iran, est le seul moyen de sauver l'Irak. « C'est un classique cas d'échec avec fuite en avant « selon un conseiller du Pentagone. « Ils croient qu'en s'en prenant à l'Iran ils vont récupérer leurs pertes – c'est comme un double pari. Ce serait une nouvelle tentative de répandre la démocratie au Moyen Orient en créant un nouveau modèle d'état. »

Condoleezza Rice a repris à son compte le point de vue qu'il y a une connexion entre l'Iran et l'Irak, disant le mois dernier que l'Iran « doit comprendre qu'il ne va pas améliorer sa propre situation en stimulant l'instabilité en Irak, « de même que le président qui a dit en août que « l'Iran soutient des groupes armés dans l'espoir de stopper l'enracinement de la démocratie en Irak. « Le conseiller du gouvernement m'a dit : « de plus en plus de personnes voit le fait d'affaiblir l'Iran comme un moyen de sauver l'Irak. »

Le conseiller a ajouté que pour certains qui soutiennent une action militaire, « l'objectif en Iran ce n'est pas le changement de régime, mais une attaque qui enverra un signal que les Etats-Unis peuvent toujours atteindre leurs buts. » Même si cela ne détruit pas le réseau d'installations nucléaires iranien, il y en a beaucoup qui pensent qu'un bombardement de 36 heures est le seul moyen de rappeler aux Iraniens le coût élevé de continuer à avancer sur la bombe – – et de soutenir Moqtada al-Sadr et ses éléments pro iraniens en Irak » (Sadr qui commande une milice Shi ‘ite a des liens religieux avec l'Iran).

Dans une parution récente de politique étrangère, Joshua Muravchik, un néo conservateur important, affirme que le choix de l'administration était restreint : « ne faites pas d'erreur : le président Bush devra bombarder les installations nucléaires iraniennes avant de quitter son poste, » écrit-il. Le président sera critiqué amèrement pour avoir attaqué préventivement l'Iran, Muravchik a dit, et donc les néo conservateurs « doivent maintenant ouvrir la voie intellectuellement et être préparés à défendre l'action quand elle viendra. »

Le principal expert du personnel du vice président sur le Moyen Orient, c'est David Wumser, un néo conservateur qui a été un vigoureux défenseur de l'invasion de l'Irak et le renversement de Saddam Hussein. Comme beaucoup à Washington, Wurmser, « croit que, jusqu'à maintenant, l'Iran n'a pas payé le prix pour ses efforts en matière de nucléaire et son agitation continuelle et son intervention en Irak » a dit le conseiller. Mais, contrairement à ceux dans l'Administration qui appellent à des frappes limitées, Wurmser, comme d'autres au bureau de Cheney « veut la fin du régime » a dit le conseiller. « Ils affirment qu'il ne peut pas y avoir de solution pour l'Irak sans changement de régime à Téhéran. »

La planification par l'Administration d'une attaque militaire contre l'Iran a été rendue plus compliquée en début d'automne à cause d'une note secrète d'estimation de la CIA mettant en cause les allégations de la Maison Blanche comme quoi l'Iran se rapprocherait du moment où il pourrait construire une bombe nucléaire. La CIA n'a pas trouvé de preuve concluante, de l'existence actuelle d'un programme d'armement nucléaire en parallèle à son programme nucléaire civil déclaré auprès de l'AIEA (La CIA a refusé de faire un commentaire sur cette histoire).

L'analyse de la CIA, qui a circulé parmi d'autres agences pour commentaires, était basée sur des renseignement techniques collectés par des satellites et sur d'autres preuves empiriques comme des mesures de radioactivité dans des échantillons d'eau et des émissions de fumées des usines et installations nucléaires. Des données supplémentaires ont été rassemblées, des sources des renseignements m'ont dit, par du matériel High Tech (et top secret) de détection de radioactivité que des agents clandestins américains et israéliens ont placé près d'installations suspectées de fabriquer de l'armement nucléaire à l'intérieur de l'Iran aux environs de l'année passée. Aucun taux signifiant de radioactivité n'a été trouvé.

Un haut fonctionnaire des renseignements actuellement en poste a confirmé l'existence d'une analyse de la CIA, et m'a dit que la Maison Blanche y était hostile. Le rejet par la Maison Blanche des résultats de la CIA sur l'Iran est très largement connu dans la communauté du renseignement. Cheney et ses aides ont dévalué cette estimation, a dit l'ancien haut fonctionnaire des renseignements. « Ils ne cherchent pas le déclencheur » a-t-il ajouté se référant aux renseignements spécifiques concernant le planning nucléaire iranien. « Ils cherchent l'environnement favorable dont ils ont besoin pour accomplir la mission. » . Les services de renseignements du Pentagon ont également mis en doute l'analyse de la CIA. La DIA (Defense Intelligence Agency ndlt) combat les conclusions de la CIA et critique son approche, a dit l'ex haut fonctionnaire. Bush et Cheney, a-t-il ajouté, peuvent essayer d'éviter que l'estimation de la CIA soit incorporée dans l'estimation des renseignements nationaux à venir concernant les capacités nucléaires de l'Iran, « mais ils ne peuvent empêcher l'agence de la distribuer dans les milieux des renseignements pour commentaires. » L'estimation de la CIA prévient la Maison Blanche que ce serait une erreur de conclure que l'échec pour trouver un programme secret d'armement nucléaire en Iran voudrait simplement dire que les iraniens ont fait du bon travail pour le dissimuler. L'ex haut fonctionnaire des renseignements a noté que lorsque la guerre froide a atteint son pic, les soviétiques étaient tout aussi doués pour tromper et conduire sur de fausses pistes, et pourtant les renseignements américains ont été capable de révéler les détails de leurs programmes de missiles longue portée et d'armement nucléaire. Mais, certains à la Maison Blanche et dans le bureau de Cheney ont juste fait la supposition suivante – – que le manque de preuve voulait dire qu'il devait en avoir un (programme d'armement nucléaire ndlt) » a dit l'ancien fonctionnaire.

L'Iran est signataire du TNP, sous lequel il est autorisé à mener des recherches nucléaires à des fins pacifiques. Malgré une offre d'accords commerciaux et l'éventualité d'une action militaire, il a défié une demande de l'AIEA et du Conseil de Sécurité, en début d'année de stopper l'enrichissement de l'uranium – – un procédé qui peut produire du matériau pour des centrales fournissant de l'énergie nucléaire de même que des armes – – et il n'a pu ou pas voulu justifier des traces de plutonium et d'uranium enrichi détectées lors d'inspections de l'AIEA. L'AIEA s'est plainte de manque de « transparence », bien que, comme la CIA, elle n'ait pas trouvé de preuve non ambiguë d'un programme secret de fabrication d'armement nucléaire.

La semaine dernière, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a annoncé que l'Iran avait progressé dans son programme d'enrichissement d'uranium, et il a dit : « nous savons que certains pays ne seront peut être pas contents ». Il a insisté sur le fait que l'Iran respectait les accords internationaux, mais il a dit : « le temps est actuellement totalement du côté du peuple iranien. » Un diplomate à Vienne, où l'AIEA à ses quartiers généraux, m'a dit que l'agence était sceptique sur cette affirmation pour des raisons techniques. Mais le ton défiant d'Ahmadinejad n'a rien fait pour diminuer les soupçons sur les ambitions nucléaires iraniennes.

« Il n'y a pas de preuve de l'existence d'un programme de grande ampleur clandestin en Iran » a dit un diplomate européen impliqué. Mais les Iraniens ne se seraient pas lancés dans une confrontation dangereuse avec l'Occident sur la base d'un programme d'armes qu'il ne poursuivent plus. Leur programme d'enrichissement n'a de sens que s'ils veulent des armes nucléaires. Cela serait inconcevable s'ils ne trichaient pas d'une certaine façon. On n'a pas besoin d'un programme clandestin pour être inquiet des ambitions nucléaires iraniennes. Nous avons suffisamment d'information sans cela. Ce n'est pas un lancer coulé mais cela n'en est pas loin. »

Il y a, cependant, d'autres raisons possibles pour l'obstination de l'Iran. Le programme nucléaire – – pacifique ou pas – – est une source de grande fierté nationale, et le soutien du président Ahmadinejad pour celui-ci l'a aidé à bénéficier d'une importante popularité. (Saddam Hussein a crée la confusion à l'intérieur et à l'extérieur de son pays sur le fait que l'Irak ait ou pas des ADM, pour partie pour projeter une image de force). Selon l'ancien haut fonctionnaire des renseignements, l'estimation de la CIA suggérait que l'Iran puisse même voir un bénéfice dans une attaque militaire limitée – – spécialement une qui ne réussirait pas à détruire totalement son programme nucléaire – – parce qu'une attaque pourrait rehausser son prestige dans le monde islamique. « Ils ont appris cela de l'expérience en Irak, et l'ont réappris de celle dans le sud Liban » a dit l'ancien haut fonctionnaire. Dans les deux cas, une force militaire plus puissante a eu des problèmes pour atteindre ses objectifs militaires et politiques ; au Liban, la guerre d'Israël contre le Hezbollah n'a pas détruit la totalité de l'arsenal de roquettes du groupe, et a augmenté la popularité du dirigeant du groupe Hassan Nasrallah.

L'ancien haut fonctionnaire des renseignements a ajouté que l'estimation de la CIA soulevait la possibilité qu'une attaque américaine contre l'Iran pourrait devenir un point de ralliement pour unir les populations sh'ites et sunnites. « Une attaque américaine aplanirait toute différence dans le monde arabe, et nous aurons les syriens, les iraniens, le Hamas, et le Hezbollah se battant contre nous – – et les saoudiens et les égyptiens questionnant leurs relations avec l'Occident. C'es le pire des cauchemars pour un analyste – – pour la première fois depuis le califat il y aurait une cause commune au Moyen Orient ». (Un califat islamique a régné sur la Moyen Orient pendant plus de 600 ans, jusqu'au 13ème siècle).

Selon le conseiller du Pentagon, « le point de vue de la CIA c'est que sans plus de renseignements, une attaque de bombardements de grande envergure n'arrêterait pas le programme iranien. Et une campagne de basse intensité de subversion et de sabotage jouerait en faveur de l'Iran – renforçant le soutien pour la direction religieuse et approfondissant la rage musulmane anti américaine. »

Le conseiller du Pentagon a dit que lui et beaucoup de ses collègues dans l'armée croient que l'Iran a l'intention de développer une capacité d'armement nucléaire. Mais il a ajouté que les options de l'Administration Bush pour s'occuper de la menace sont réduites parce qu'on manque de bons renseignements et aussi parce qu'on a déjà « crié au loup » avant.

Alors que l'estimation de la CIA faisait son chemin au sein du gouvernement, en fin d'été, des anciens fonctionnaires militaires et d'autres toujours en poste, et des conseillers, m'ont dit qu'un nouvel élément était apparu brusquement : des renseignements d'espions israéliens opérant à l'intérieur de l'Iran affirmant que l'Iran avait développé et testé un détonateur pour une bombe nucléaire. La provenance et la signification des renseignements fournies par des humains ou HUMINT sont sujettes à controverse. « Le problème c'est que personne ne peut les vérifier », m'a dit l'ancien haut fonctionnaire. « Nous ne savons pas qui est la source des israéliens. La note dit que les iraniens ont testé des mécanismes de détonation » – – simulant une explosion nucléaire d'intensité zéro sans matériau d'armement – – « mais il n'y a pas de diagramme, pas de fait signifiant. Où se trouve le site du test ? La fréquence des tests ? Quelle est la grandeur de la tête armée – – une boîte à pain, un réfrigérateur ? Ils n'ont pas ces renseignements ». Et pourtant dit-il, le rapport est utilisé par les faucons de la Maison Blanche au sein de l'Administration pour « prouver » la théorie de la Maison Blanche que les iraniens sont sur la voie de l'armement nucléaire. Et les tests ne laissent aucune trace radioactive, c'est pour cela que nous ne pouvons pas le trouver. » Malgré cela dit-il « l'agence maintient sa position. »

Cependant, le conseiller du Pentagon m'a dit que lui et d'autres professionnels du renseignement croyaient que les renseignements des israéliens devraient être pris plus au sérieux. « Nous vivons dans un zone quand les renseignement nationaux techniques – – données des satellites et de senseurs au sol – – ne nous livreront pas ce dont nous avons besoin. HUMINT n'est peut être pas une preuve fiable selon ce standard, mais souvent c'est la meilleure preuve que nous ayons. » A-t-il ajouté clairement exaspéré qu'au sein de la communauté des renseignements « nous allons nous battre sur la qualité de l'information toute l'année prochaine ». Une des raisons pour la dispute, dit-il, c'est que la Maison Blanche a demandé à voir le « renseignement brut « – – l'original, non analysé et non approfondi – – renseignement israélien. L'utilisation de tels « tuyaux « en matière de renseignement ont conduit a des conclusions erronées à propos d'ADM non existants lors de la préparation de la guerre contre l'Irak en 2003. « Beaucoup de présidents par le passé ont fait la même chose » a dit le conseiller, « mais les professionnels du renseignement sont toujours horrifiés quand des présidents demandent le matériau brut.».

HUMINT peut être difficile à estimer Certains des renseignements les plus signifiants politiquement – – et les plus inexacts – – concernant les soi disant ADM de l'Irak, ont été fourni par un agent du nom de Curveball, initialement mis à disposition de la CIA par les services de renseignements allemands. Mais le conseiller du Pentagon a insisté que dans ce cas « le renseignement israélien était très fort ». Il a dit que l'information sur le détonateur a été soutenue par une autre forme de donnée hautement secrète, connue sous le nom de MASINT : renseignement « de mesure et signature », incluant radar, radio, données nucléaires et electro optiques. Le conseiller a dit que le MASINT indiquait des activités qui « ne sont pas consistantes avec les programmes » que l ‘Iran avait déclarés à l'AIEA. « Les renseignements suggèrent une sophistication bien plus grande et un développement plus avancé », a dit le conseiller. « Les indications n'ont aucun sens sauf s'ils sont bien plus avancés dans certains aspects de leur programme d'armement nucléaire qu'à notre connaissance. »

Début 2004, John Bolton, alors sous secrétaire d'état au contrôle des armes (il est actuellement ambassadeur des US à l'ONU) avait personnellement émis auprès de l'AIEA des soupçons sur le fait que l'Iran menait des recherches sur la détonation programmée d'explosifs conventionnels en liaison avec celle nécessaire pour une tête nucléaire à Perchin, une installation sensible qui sert comme centre pour l'Organisation des Industries de la Défense de l'Iran. Un large éventail d'armes chimiques et au fuel de même que des missiles anti tanks et sol air y sont fabriqués, et l'imagerie satellite semblait montrer un bunker susceptible d'abriter des tests pour de très grandes explosions.

Un haut diplomate à Vienne m'a dit que, en réponse à des accusations, les inspecteurs de l'AIEA sont allés à Parchin en novembre 2005, après des mois de négociations. Une équipe d'inspection a été autorisée à choisir un site spécifique sur la base, et là, a pu avoir accès à quelques bâtiments. « Nous n'avons trouvé aucune preuve de matériau nucléaire » le diplomate a dit. Les inspecteurs ont scruté un puit souterrain utilisé pour des tests d'explosifs qui, dit-il « ressemblait a ce qu'avait l'Afrique du Sud quand elle développait des armes nucléaires, il y a 3 décennies. » Le puits aurait pu être utilisé pour le type de recherche cinétique nécessaire pour tester un détonateur nucléaire. Mais, comme beaucoup d'installations militaires qui peuvent avoir un double usage, « cela pourrait aussi être utilisé pour d'autres choses » comme tester les carburants pour des roquettes, ce qui a lieu habituellement à Parchin. « Les iraniens ont montré qu'ils peuvent enrichir l'uranium », a ajouté le diplomate, « et on peut tester le système de détonation sans matériau nucléaire. Mais c'est un processus très sophistiqué – – c'est connu sous le nom de test hydrodynamique – – et seuls des pays avec des installations adéquates poussées pour faire des tests nucléaires, de même qu'avec l'expertise scientifique nécessaire, peuvent le faire. Je suis très sceptique sur la capacité de l'Iran de le faire. »

Au début du mois, l'accusation sur Parchin est réapparue dans le Yediot Ahronot, le quotidien israélien avec la plus grande diffusion, rapportant qu'une image satellite récente montrait une nouvelle « construction massive » à Parchin, suggérant l'extension des tunnels et des chambres. Le journal a critiqué sévèrement le processus d'inspection de l'AIEA et son directeur le Dc Mohamed ElBaradei, pour son insistance à « utiliser des mots très neutres pour exprimer ce qu'il a trouvé et conclure. »

Patrick Clawson, un expert sur l'Iran, qui est aussi assistant directeur de recherche au Washington Institute for Near East Policy, une boîte à idées conservatrice, m'a dit que le « plus grand moment « de tension est à venir : « comment les Etats-Unis empêcheront-ils l'instant de décision des israéliens, qui peut arriver plus vite que nous le voulons ? » Clawson a noté qu'il existe une preuve que l'Iran a été retardé par des problèmes techniques dans la construction et le fonctionnement de 2 petites cascades de centrifugeuses, essentielles pour la production pilote d'uranium enrichi. Toutes deux sont actuellement sous supervision de l'AIEA. « Pourquoi ont-ils été si lents à faire fonctionner la deuxième cascade ? « A demandé Clawson. « Et pourquoi n'ont –ils pas fait fonctionner la première autant qu'ils l'avaient dit ? Est-ce qu'on a plus de temps ? »

« Pourquoi parler de guerre » dit-il. « Nous ne parlons pas d'entrer en guerre contre la Corée du Nord ou le Venezuela. L'Iran n'a pas obligatoirement démarré un programme d'armement nucléaire, et c'est concevable – – simplement concevable – – que l'Iran n'ait pas encore de programme d'armement nucléaire. Nous pouvons les ralentir – – les obliger à réinventer la roue – – sans les bombarder, surtout si les conditions internationales s'améliorent. »

Clawson a ajouté que la secrétaire d'état Rice a « mis sa réputation en jeu en la liant à la diplomatie et elle ne risquera pas sa carrière sans preuve. » Son équipe a dit, « pourquoi se précipiter ? » Le président veut résoudre le problème iranien avant de quitter ses fonctions, mais il sera peut être amené à dire « Darn, j'aurai aimé pouvoir résoudre ce problème. »

En début d'année le gouvernement du premier ministre israélien Ehud Olmert a crée un groupe de travail pour coordonner tous les renseignements disponibles sur l'Iran. Ce groupe dirigé par le Général Eliezer Shkedi, le chef de l'armée de l'air israélienne, fait ses rapports directement auprès du premier ministre. Fin octobre, Olmert a nommé Ephraim Sneh, un député membre du parti travailliste pour servir de secrétaire d'état au ministre de la défense. Sneh, qui a servi auparavant à ce poste sous Ehud Barak, a pendant des années insisté qu'il fallait agir pour empêcher l'Iran d'obtenir la bombe. Dans une interview ce mois ci accordée au Jérusalem Post, Sneh a exprimé son scepticisme sur l'efficacité de la diplomatie ou des sanctions internationales pour faire fléchir l'Iran.

« Le danger ce n'est pas vraiment la décision d'Ahmadinejad de lancer une attaque mais qu'Israël vive sous un nuage sombre de crainte venant d'un dirigeant prônant sa destruction… La plupart des israéliens préféreraient vivre ailleurs, la plupart des juifs préféreraient ne pas venir ici avec leurs familles, et les israéliens qui peuvent vivre à l'étranger le feraient… J'ai peur qu'Ahmadinejad soit capable de tuer le rêve sioniste, sans appuyer sur le bouton. C'est pourquoi nous devons empêcher ce régime d'obtenir une telle capacité nucléaire quelque qu'en soit le prix. »

Un message identique a été délivré par Benjamin Netanyahu, le dirigeant du Likoud, lors d'un discours à Los Angeles la semaine dernière. « C'est 1938 et l'Iran c'est l'Allemagne. Et l'Iran se précipite pour s'armer de bombes atomiques, » a-t-il dit, ajoutant qu'il y avait « encore du temps » pour stopper l'Iran.

Le conseiller du Pentagon m'a dit que, bien qu'il y ait des pressions des israéliens, « ils ne feront rien de leur propre chef sans un feu vert. » Cette assurance, a-t-il dit « vient de la boutique de Cheney. C'est Cheney lui – même qui dit, « nous n'allons pas vous laisser tomber mais n'y allez pas sans nous. » Un haut diplomate européen est d'accord la dessus : » pour Israël c'est une question de vie ou de mort. Les Etats-Unis ne veulent pas aller en Iran, mais, si Israël se sent de plus en plus acculé, il se peut qu'il n'y ait pas d'autre choix ».

L'Iran puissance nucléaire ne constituerait pas seulement une menace pour Israël. Cela pourrait provoquer une course stratégique à l'armement à travers tout le Moyen Orient, comme l'Arabie Saoudite, l'Egypte, la Jordanie – – tous avec des gouvernements sunnites – – se sentiraient obligés de prendre des mesures pour se défendre. Si l'Administration Bush mène une action militaire contre l'Iran, elle aura le soutien des démocrates comme des républicains. La sénatrice Hillary Clinton de New York, et Evan Bayh d'Indiana, qui sont des potentiels candidats démocratiques à l'élection présidentielle de 2008, ont prévenu que l'Iran ne doit pas être autorisé à construire une bombe et que – – comme Clinton l'a dit plus tôt cette année – – « nous n'enlevons aucune option de sur la table ». Howard Dean, le président du Comité National Démocrate soutient lui aussi cette position. Le mois de mai dernier, Olmert a été ovationné lorsqu'il s'est adressé à une session conjointe du Congres et du Sénat et qu'il a déclaré « un Iran nucléaire cela veut dire qu'un état terroriste pourrait atteindre l'objectif principal pour lequel vivent et meurent les terroristes – – la destruction massive d'innocentes vies humaines. Ce défi, qui je crois est le test de notre époque, est un défi face auquel l'occident ne peut se permettre d'échouer. »

Malgré une telle rhétorique, Leslie Gelb, un ancien fonctionnaire du département d'état, qui est président d'honneur du Conseil des Relations Etrangères, a dit qu'il croyait que « le moment venu, les israéliens auront du mal à vendre leur idée que l'acquisition d'une capacité nucléaire par l'Iran est imminente. L'armée et le département d'état seront peut enthousiasme pour mener une campagne de bombardement préventive ». Gelb a dit qu'il espère que la nomination de Gates ajoutera du poids au problème le plus urgent des Etats-Unis – – d'obtenir un certain degrés de restreinte de la part de l'Iran en Irak. « Les deux prochaines années, nous négocierons plutôt avec l'Iran que de le bombarder. »

L'Administration Bush reste publiquement engagée à trouver une solution diplomatique à l'impasse du nucléaire iranien et a travaillé avec la Chine, la Russie, la France, l'Allemagne, et la Grande Bretagne, pour mener à bien les négociations. Jusqu'à présent cet effort s'est enlisé, les plus récents rounds de discussions ont été interrompus du fait de désaccords croissants avec la Chine et la Russie sur la nécessité d'imposer des sanctions de l'ONU dures sur le régime iranien. Le président Bush exige absolument que l'Iran stoppe son programme d'enrichissement d'uranium avant le début de toute discussion directe incluant les Etats-Unis.

Le haut diplomate européen m'a dit que le président français Jacques Chirac et le président Bush s'étaient rencontrés à New York le 19 septembre, alors que la nouvelle cession de l'ONU commençait, et sont tombés d'accord pour ce que les français appellent une approche « Big Bang » pour rompre le point mort avec l'Iran. Un scénario a été présenté à Ali Larijani, le négociateur iranien sur les problèmes nucléaires.

La délégation occidentale s'assoirait à la table des négociations avec l'Iran. Le diplomate m'a dit, « nous allions dire, « nous allons commencer les négociations sans pré condition », et les iraniens répondraient : « nous allons suspendre (l'enrichissement de l'uranium ndlt). Notre côté marquerait une grande satisfaction, et les iraniens accepteraient une inspection de l'AIEA de leurs installations d'enrichissement. Et alors l'Occident en échange annoncerait qu'il suspendait toute sanction de l'ONU. Les Etats-Unis ne serait pas présents autour de la table au début des discussions mais s'y joindraient plus tard. Larijani a emmené l'offre à Téhéran ; la réponse a été relayée par Larajani : « Non, » a dit le diplomate. « Nous avons essayer un compromis, pour toutes les parties, mais Ahmadinejad ne voulait pas perdre la face, « a dit le diplomate. « Le magnifique scénario n'a abouti nulle part. »

La semaine dernière, on a beaucoup espéré que le groupe d'étude sur l'Irak produirait une suite de recommandations pouvant obtenir un accord bi partisan et guider les Etats-Unis dans sa sortie du bourbier irakien. Des sources ayant une connaissance directe des activité du groupe, m'ont dit que celui-ci, à la mi novembre, avait écarté tout appel à un retrait immédiat et complet américain mais recommanderait de se concentrer sur une amélioration de l'entraînement des forces irakiennes et sur un redéploiement des troupes américaines. Dans la recommandation la plus significative, on s'attendait à ce que Baker et Hamilton pressent le président Bush de faire ce qu'il a refusé de faire jusqu'à maintenant – – amener la Syrie et l'Iran à participer à une conférence régionale pour aider à stabiliser l'Irak.

On ne sait pas si l'Administration sera réceptive. En août, selon l'ancien haut fonctionnaire des renseignements, Rumsfeld a demandé à l'ensemble des chefs d'états major de prévoir tranquillement des plans alternatifs pour l'Irak, pour préempter de nouvelles propositions, qu'elles viennent de la nouvelle majorité démocrate ou du groupe d'étude sur l'Irak. « En dernier recours, l'option c'est de sortir les troupes américaines des villes et de les redéployer le long de la frontière syrienne et iranienne, » a dit l'ancien fonctionnaire. « Des civils seraient recrutés pour entraîner la police irakienne dans le but éventuel de séparer la police locale de l'armée irakienne. La Maison Blanche croit que si les troupes américaines restent suffisamment longtemps en Irak – – avec suffisamment de troupes – – les mauvais types finiront pas s'entretuer et les citoyens irakiens, lassés des combats internes, présenteront une solution. Cela prendra beaucoup de temps pour redéployer les troupes, et entraîner la police. C'est un agenda sans fin »

Dans une interview ultérieure, l'ancien haut fonctionnaire de l'Administration Bush a dit qu'on lui avait aussi dit que le Pentagon avait travaillé sur un plan en Irak qui prévoyait le retrait des soldats des principaux centres urbains et leur redéploiement dans des bases fortifiées près des frontières. L'hypothèse de travail s'était que, avec les troupes américaines loin des zones les plus peuplées, la violence sectaire « s'éteindrait ». « La Maison Blanche dit que cela va stabiliser la situation » selon l'ancien haut fonctionnaire de l'Administration, « mais cela peut la stabiliser de la mauvaise manière ».

L'un des problèmes de la proposition de l'Administration d'associer l'Iran pour trouver une solution au conflit en Irak, c'est qu'on ne sait pas si l'Iran sera intéressé, si le but est plus particulièrement d'aider l'Administration Bush à se sortir d'une mauvaise situation.

« L'Iran émerge comme un pouvoir dominant au Moyen Orient » m'a dit un expert sur le Moyen Orient, ancien haut fonctionnaire de l'Administration Bush. « Avec un programme nucléaire et une capacité à interférer à travers toute la région, l'Iran mène le jeu. Pourquoi devraient-ils coopérer avec nous pour l'Irak ? » Il a rappelé une récente rencontre avec le président Mahmoud Ahmadinejad qui a défié Bush sur le droit de celui-ci de dire à l'Iran qu'il ne pouvait pas enrichir l'uranium. « Pourquoi les Etats-Unis n'arrêtent-ils pas d'enrichir l'uranium ? » a demandé le président iranien. Il a ri et ajouté, « Nous enrichirons de l'uranium pour vous et nous vous le vendrons avec une rabais de 50%. »

Seymour Hersh

Fait/Annales de Sécurité Nationale

Publication 27/11/06

Internet 20/11/06

Copyright : The New Yorker

Traduction bénévole pour information à caractère non commerciale MD pour Planète Non Violence.

[Article en Américain]url: http://www.newyorker.com/printables/fact/061127fa_fact

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