Balkanisation de l'Irak ?

Non contents d'avoir donné son feu vert pour attaquer, détruire l'Irak et commettre un génocide contre sa population, le Congrès américain vient de voter une résolution appelant à la partition de l'Irak. Et pourquoi pas faire de même avec les US, pour que ces va –t-en guerre comprennent que leur ambition hégémonique planétaire finira par avoir un effet boomerang ? La résistance irakienne s'unifie pour consolider son impact militaire mais aussi politique.

Les US considèrent l'Irak comme leur Ranch

Le vote au Congres américain sur le partage de l'Irak est une déclaration comme quoi le processus politique émanant de la constitution, des élections et des dirigeants de ce pays a été jeté à la poubelle.

L'important ce n'est pas si cette résolution du Congres US est contraignante ou pas. Si l'Irak était un pays souverain, aucun état de la taille des US n'oserait discuter de tels détails sur comment le partager en plusieurs parties

Pouvez vous imaginer le parlement français débattant sur une résolution pour diviser le Maroc, l'Algérie ou le Liban ? Sur ma table j'ai le journal égyptien al-Ahram dont le titre à la une réitère le rejet par le Caire de toute ingérence des US dans ses affaires intérieures, en réponse à la demande de Washington d'accélérer le traitement de l'appel des éditeurs emprisonnés.

Le Congres US et l'Administration se comportent comme si l'Irak leur appartenait. Dans la rhétorique politique cela présente un avantage car ils transforment leurs paroles en actes.

Ils sont arrivés à cette conclusion après qu'il soit devenu clair qu'ils ne sont plus capables de continuer leur stratégie militaire en Irak. C'est la leçon qu'ils ont appris de ces presque 5 ans de guerre féroce.

Ils ont utilisés quelques tactiques et fait appel à une nouvelle équipe. Malgré cela, leurs espoirs et leurs aspirations pour un quelconque semblant de succès ont disparu, non seulement militairement mais aussi sur le front politique ou leurs réalisations sont presque nulles.

Peut être que la seule histoire à succès des US c'est la construction de la plus grande ambassade américaine au monde en Irak et exactement sur le terrain où se trouvait le palace de l'ancien dirigeant Saddam Hussein à Bagdad.

Que le Congrès US est le culot d'adopter une résolution appelant à la partition de l'Irak en trois parties cela veut dire pour eux qu'il n'y a pas d'obstacle en l'absence d'une entité souveraine dans le pays.

Les choses sont devenues claires comme du cristal. L'Irak n'a pas de souveraineté, c'est le seul message derrière la proposition du Congrès.

Discuter à partir de maintenant pour savoir si l'Irak est souverain ou non est inutile. Et ces pays arabes qui envisagent d'envoyer leurs représentants ou ambassadeurs en Irak savent maintenant où ils doivent présenter leurs lettres de créance.

Fatih Abdulsalam, Azzaman – 1/10/07

Source : http://www.uruknet.info/?p=36855

Lien : www.azzaman.com/english/index.asp?fname=news2007-10-01kurd.htm

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Et si on essayait la partition des Etats-Unis ?

Comme s'ils n'avaient pas fait assez de dommages en bombardant et en envahissant un pays en utilisant de faux prétextes, en détruisant sa culture et en le laissant déchiré, ils – les sénateurs américains qui ont donné au président G. W Bush l'autorité de partir en guerre – veulent maintenant partager l'Irak en entités de dimensions facilement gérables.

L'Irak n'est elle pas supposée être une nation souveraine avec un gouvernement élu ? Si c'est le cas, alors pourquoi le Sénat US tente de s'ingérer dans ses affaires en passant à une large majorité une résolution appelant à la partition du pays en 3, ce qui équivaut à un nettoyage ethnique ? Ce n'est pas leurs affaires de déterminer la forme de l'Irak.

De plus, même s'ils avaient leur mot à dire sur un pays dont la destruction est de leur responsabilité, ce qui n'est certainement pas le cas, les sénateurs américains qui ont ou non appréciés un petite séjour de deux jours dans la zone verte de Bagdad, ne sont pas les décideurs.

Selon un sondage récent ABC/BBC, à peine 9 % des Irakiens sont en faveur d'une partition du pays.

La Ligue Arabe l'a également condamné. Son représentant en Irak Ali Al Garush a appelé les nations arabes à se tenir aux côtés du peuple irakien dans son opposition à cette proposition.

Le secrétaire général du GCC Abdul Rahamn Al Attiyah a dit que la partition rendrait la situation en Irak encore plus difficile et compliquée. Les déclarations officielles de l'Iran et de la Syrie étaient encore plus virulentes.

Ce plan rencontre une telle hostilité irakienne et régionale, à quoi pensaient ces 75 sénateurs qui ont voté en faveur ? C'est un sénateur démocrate Joseph Biden, un présidentiable, qui a été à l'initiative de ce vote.

Biden a expliqué sont raisonnement lors d'une conférence de presse. Il maintient que sa proposition offre une voie pour ramener les soldats américains à la maison en laissant derrière un Irak stable. C'est évident que son raisonnement est basé sur une série de fausses promesses.

Tout d'abord le futur de l'Irak ne devrait pas être planifié en fonction d'un départ arrangeant pour les troupes US. Biden et ses collègues devraient comprendre un principe simple. Les troupes américaines sont les intrus pas le peuple irakien, qui a déjà suffisamment souffert comme cela.

Deuxièmement, la partition de l'Irak en une vague fédération d'états shi'ite, sunnite et kurde, n'apportera pas la stabilité qu'ils suggèrent. Cela nécessiterait un déplacement massif de personnes, dont beaucoup se retrouveraient sans toit, réduits à la misère.

Un tel partage conduirait à des frictions sur les ressources naturelles. Par exemple, le plan Biden propose que seulement 20 % des revenus pétroliers aillent aux sunnites qui ont déjà été pénalisés après avoir perdu l'influence politique dont ils bénéficiaient auparavant. Il y a aussi la question de quel mini état contrôlerait la ville riche en pétrole de Kirkuk, une ville ethniquement mixte, largement convoitée par les kurdes.

De plus, il n'y a aucune garantie que de tels états insulaires ne seraient pas hostiles les uns vis-à-vis des autres, exacerbant encore plus les tensions existantes.

Troisièmement, bien que beaucoup de kurdes envisagent favorablement l'autonomie totale, ce n ‘est définitivement pas le cas de leurs voisins. Si un état kurde devient une réalité c'est probable que la Turquie l'envahira.

La Turquie craint qu'une telle entité influence inévitablement sa population kurde, qui a ses propres ambitions séparatistes. L'Iran aussi a de fortes objections.

Quatrièmement, une telle partition serait considérée comme un précédent inquiétant pour des pays vulnérables dans la région, qui ont des populations multi ethniques.

Soit Biden est complètement nul et inconscient du chaos qu'une telle partition provoquerait, ou il a en tête un agenda plus sinistre.

Sans mordant

Si l'Irak devait être divisée en trois, la nation perdrait complètement tout mordant comme c'est le cas de l'ex Yougoslavie aujourd'hui.

Les US auraient alors une excuse pour laisser dans la région des troupes pour «protéger» de tels minuscules états naissants l'un de l'autre et de leurs voisins. En fait, ils consolideraient leur main mise totale sur leur pétrole parce que de telles entités si petites n'auraient plus de voix.

Le plus grand gagnant de la partition de l'Irak serait Israël, dont les responsables et journalistes ont prôné depuis longtemps une telle partition.

Sur le site de la chaîne TV Shalom il y a une interview de Joe Biden qui fait référence à Israël comme la « seule plus grande force que les US ont au Moyen Orient « et proclame avec fierté « je suis un sioniste ». Nous devrions le croire.

Voici une suggestion pour le monde arabe. Et si on votait pour la partition des Etats-Unis ?

Et si on rendait la Californie au Mexique, Hawaii à sa population autochtone, et l'Alaska aux esquimaux et indiens ?

Qu'on regroupent les caucasiens sur les côté est et ouest, et crée quelques états pour les africains et latinos américains entre. Et tant que nous y sommes, invitons des conglomérats étrangers pour acheter le pétrole du pays, le gaz et le bois d'œuvre.

Ce serait là un nettoyage ethnique outrageant, mais c'est exactement ce que Biden et ses amis pensent avoir le droit de faire en Irak. C'est sûr que si Washington peut fourrer son nez de cette façon, nous pouvons aussi nous permettre de le faire.

2/10/07 – Linda S. Heard, écrivain, spécialiste des affaires du Moyen Orient. On peut la joindre à lheard@gulfnews.com

Source: http://www.uruknet.info/?p=36851

Lien: archive.gulfnews.com/opinion/columns/region/10157376.html

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