A Wavre, la chasse au foulard a commencé !

VIVE HALLOWEEN ?! LA « CHASSE AUX SORCIERES » CONTINUE…

APRES L'ECOLE ET LE BUREAU DE VOTE… PLACE DESORMAIS AU CPAS :

AU NOM DE LA NEUTRALITE, LE CPAS DE WAVRE REFUSE DE CONSIDERER

LA DEMANDE D’AIDE SOCIALE D’UNE FEMME… DU SIMPLE FAIT DE SON FOULARD !

Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie

COMMUNIQUE DE PRESSE DU 27 OCTOBRE 2006

Le 11 octobre dernier, Mlle Farah EL H., une usagère du Centre Public d’Action Sociale (CPAS) de Wavre, répond à une convocation pour une audition devant le Comité spécial de service social, afin d’être entendue sur les différents éléments relatifs à sa situation personnelle. Il s’agissait de considérer sa demande d’octroi du revenu d’intégration social… procédure ô combien ordinaire.

Seulement voilà, il s’avère que l’accès à cette audition lui fut refusé.

Motif: ledit Comité ne veut pas auditionner une usagère du CPAS, si elle porte le foulard !

Au MRAX, nous avions du mal à croire cela au départ, jusqu’à ce que la plaignante nous remette la notification écrite de la décision de refus d’octroi du revenu d’intégration sociale, par le Comité, présidé par Monsieur Frédéric JANSSENS, Président du CPAS de Wavre en personne. Cette décision est donc tout a fait officielle et institutionnelle. La notification est, par ailleurs, sans ambiguïté :

« Ce 11 octobre, vous vous êtes présentée devant le Comité spécial du service social afin d'y être entendue. A cette occasion vous portiez de manière ostentatoire un signe distinctif à caractère religieux qui couvrait vos cheveux. Le comité spécial vous a invité à vous découvrir de votre voile mais vous avez refusé de donner suite à cette invitation et partant à l'audition à laquelle vous étiez invitée.

Au vu de ce refus, le Comité spécial du service social tient expressément à vous rappeler qu'il est un organe administratif appelé à délibérer et émanent (sic) d'une administration publique qui se doit de respecter le principe constitutionnel de neutralité tant sur le plan de la liberté d'expression qu'au niveau de la liberté de culte, et ce sous peine d'engendrer des discriminations entre les ayants-droit ».

Le MRAX n’admet pas qu’au nom du principe de neutralité, de simples usagers des services publics – avant-hier, les élèves à l’école ; hier, les assesseurs ; aujourd’hui, les bénéficiaires de l’aide sociale – se voient discriminer du simple fait du port de leur foulard.

Aux côtés du recours qu’entend introduire la plaignante devant le Tribunal du travail de Wavre, le MRAX adresse, ce jour même, une lettre de protestation auprès du Président du CPAS (avec copie au Bourgmestre de Wavre).

ANALYSE DU MRAX

Depuis plusieurs mois, le MRAX constate qu’au nom de la « neutralité de l’Etat » et dans des domaines de plus en plus nombreux, des femmes musulmanes, parce qu’elles portent un foulard, sont arbitrairement exclues des emplois, d’écoles secondaires, de leur mission citoyenne d’assesseur… mais aussi d’une salle d’audience d’un Palais de Justice, de la tribune publique du Parlement fédéral, et même à présent, d’un accès au CPAS ! Motivé au départ par la volonté légitime d’affirmer le socle de nos démocraties modernes, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, ce principe de neutralité – souvent mal interprété – est de plus en plus instrumentalisé, non pour protéger l’Etat et ses citoyens d’une immixtion du religieux dans les affaires publiques ou l’inverse, mais pour exprimer de plus en plus ouvertement un rejet de la femme musulmane qui a fait le choix de porter le foulard, en tant que tel.

Soulignons que pour le MRAX, le principe de neutralité est un élément essentiel de notre démocratie. Ce principe est d’autant plus essentiel pour nous, qu’il vise précisément à garantir la liberté individuelle face à tout débordement de la force publique en faveur ou à l’encontre de l’une ou l’autre conviction philosophique ou religieuse. Grâce à ce principe, l’Etat se doit de ne pas choisir de camp. Cette neutralité reconnue et imposée à l’Etat doit donc être une garantie pour éviter tout favoritisme, mais également toute pratique discriminatoire, à l’égard des citoyens, quelles que soient leurs convictions.

Mais dans la pratique, on constate aujourd’hui une tendance de plus en plus marquée à retourner ce principe de neutralité contre une « catégorie » de citoyens. La neutralité n’est plus exigée seulement de l’Etat, mais de plus en plus souvent aussi des citoyens ordinaires ! C’était déjà le cas à l’école publique, au sein de laquelle l’on tente très fréquemment d’imposer la neutralité aux élèves. Dans certains cas, la dérive va même jusqu’à imposer cette neutralité aux professeurs de religion qui, pourtant, jouissent en toute logique d’une exception légale à cet égard.

Plus récemment, l’autorité publique régionale bruxelloise a également étendu ce principe à l’encontre d’une autre groupe de citoyens : les assesseurs qui portent le foulard. Or, l’assesseur est un citoyen comme un autre, qui, le temps des élections, n’a d’autre service à rendre que celui d’être le garant du bon fonctionnement de notre démocratie.

Mais aujourd’hui, le présent cas d’espèce, aussi inouï, nous interpelle et nous inquiète, tant ce genre de dérives a tendance à dangereusement se répéter et faire tâche d’huile.

C’est précisément contre les discriminations et contre l’arbitraire que le MRAX réagit : le MRAX se bat en effet tant pour la liberté de porter, que celle de ne pas porter le foulard. Face à cette « chasse aux sorcières » d’un nouveau genre, le MRAX alerte l’opinion publique pour stimuler, une nouvelle fois encore, un débat nécessaire et une prise de conscience collective en la matière.

Personnes de contact :

Radouane BOUHLAL, Président du MRAX 0475/75.14.89. radouane.bouhlal@skynet.be

Didier de LAVELEYE, Directeur du MRAX 02/209.62.59. didier.delaveleye@mrax.be

MRAX a.s.b.l.

37, rue de la Poste 1210 Bruxelles

Téléphone : +32 (0) 2/209.62.50. – Télécopie : +32 (0) 2/218.23.71. – mrax@mrax.be

Bienvenue sur notre site : www.mrax.be

Les opinions exprimées dans les articles publiés sur le site d’Investig’Action n’engagent que le ou les auteurs. Les articles publiés par Investig’Action et dont la source indiquée est « Investig’Action » peuvent être reproduits en mentionnant la source avec un lien hypertexte renvoyant vers le site original. Attention toutefois, les photos ne portant pas la mention CC (creative commons) ne sont pas libres de droit.


Vous avez aimé cet article ?

L’info indépendante a un prix.
Aidez-nous à poursuivre le combat !

Pourquoi faire un don ?

Laisser un commentaire

Qui sommes-nous ?

Ceux qui exploitent les travailleurs et profitent des guerres financent également les grands médias. C’est pourquoi depuis 2004, Investig’Action est engagé dans la bataille de l’info pour un monde de paix et une répartition équitable des richesses.