50 artistes maliens en faveur de l’Histoire générale de l’Afrique de l’UNESCO

Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse ne peuvent que chanter la gloire du chasseur. C’est par ce proverbe, cher aux Africains, que la ministre de la Culture du Mali, Madame N’Diaye Ramatoulaye Diallo, a commencé son discours au siège de l’UNESCO à Paris, le jeudi 7 décembre 2016, lors de la rencontre qui allait se conclure par la Déclaration d’engagement de la cinquantaine d’artistes maliens présents ce jour-là, à la «Coalition des Artistes pour la promotion des huit volumes de L’Histoire générale de l’Afrique».

Le travail sur L’Histoire générale de l’Afrique a été lancé par l’Unesco en 1964, pour «remédier à l’ignorance généralisée sur le passé de l’Afrique, pour relever ce défi qui consistait à reconstruire une Histoire de l’Afrique libérée des préjugés raciaux hérités de la traite négrière et de la colonisation, et favoriser une perspective africaine».

La Directrice générale de l’Unesco, Madame Irina Bokova, a affirmé que L’Histoire générale de l’Afrique est un des chantiers intellectuels les plus ambitieux de l’Unesco. «Supervisée par un Comité scientifique international dont deux tiers étaient africains, l’élaboration des huit volumes de l’Histoire générale de l’Afrique a mobilisé plus de 230 historiens et autres spécialistes pendant plus de 35 années. Achevé en 1999, ce travail colossal qui eut un grand retentissement en Afrique et, au-delà, dans les milieux scientifiques et universitaires, est considéré comme une contribution majeure à la connaissance de l’Histoire et de l’historiographie africaines.»

Mais, il ne suffit pas d’écrire l’Histoire de l’Afrique, il faut la faire connaître aux Africains, sans distinction d’âge et de condition sociale, et le constat est amer. Quoique traduite en treize langues, dont trois langues africaines (l’haoussa, le swahili et le peul), et disponible en téléchargement gratuit sur le site de l’Unesco, L’Histoire générale de l’Afrique est inaccessible à la plupart des Africains, et les milieux scolaires et universitaires africains en ignorent l’existence. Et pourtant, comme l’a mentionné la ministre de la Culture du Mali, il faut «se connaître soi-même pour aller de l’avant».

Madame N’Diaye Ramatoulaye Diallo a salué les artistes maliens «qui n’ont pas attendu ce projet pour faire de l’Histoire de l’Afrique la matière première de leurs œuvres. Leur inspiration trouve sa source dans les personnages historiques, dans les faits héroïques, et dans les lieux symboliques du passé du Mali, et de l’Afrique en général. Dans un pays à tradition orale comme le Mali, ils ont été et demeurent les véritables transmetteurs du passé. Le Mali regorge d’artistes qui ont bâti leur renommée sur le genre historique dans les domaines qui sont les leurs. Ils savent faire passer l’Histoire.»

Madame la Directrice générale de l’Unesco a demandé aux artistes maliens d’être «les porte-drapeaux de cette Histoire générale de l’Afrique qui est l’Histoire commune à toute l’Humanité. Les artistes sont en première ligne dans le combat contre l’ignorance. Une meilleure connaissance de l’Histoire de l’Afrique est une des armes de ce combat. Il faut répondre à l’extrémisme par l’art et la culture qui sont les manières les plus interactives, les plus pérennes, et les plus riches de le faire.»

Le musicien, Cheick Tidiane Seck, n’a pas manqué d’affirmer que la musique, la peinture, le théâtre, la littérature, le cinéma, la photographie, la danse, les arts plastiques, la mode, chaque art, tous les arts, chaque artiste, tous les artistes, contribuent chaque jour, tous les jours, à rétablir l’Histoire du continent. Les artistes maliens ne sont pas les seuls à s’être engagés à promouvoir le rayonnement de L’Histoire générale de l’Afrique. En un an, environ 200 artistes africains ont décidé de faire partie de cette Coalition pour combattre la méconnaissance et l’ignorance entretenues autour de l’Histoire du continent.

D’ici la fin 2017, l’Unesco publiera un ouvrage électronique gratuit d’une centaine de pages qui résumera le contenu des 8 volumes de L’Histoire générale de l’Afrique, afin que l’Histoire vraie du continent soit enfin accessible à tous. Le volume 9, qui est en cours d’élaboration, examinera «L’Africanité globale contemporaine». Il s’agira «d’écrire une histoire sereine des Africains et des Afro-descendants à l’échelle de la planète toute entière». L’Unesco et le ministère de la Culture du Mali comptent sur les artistes maliens pour honorer leur engagement, les artistes maliens espèrent pouvoir compter sur l’engagement de ces institutions culturelles pour promouvoir les artistes.

Habib Dembélé, Guimba national, a été invité à clôturer cette rencontre d’engagement. Il a raconté l’histoire de «Sara», probablement pour rappeler à chacune et chacun que «la parole est contraignante», et qu’un être humain «devrait choisir la mort ou la prison pour respecter sa parole donnée».

Source : le gri-gri international

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