Cuba, l’ennemi par excellence des États-Unis

Malgré les discours prônant le rétablissement des relations entre les deux pays, Barack Obama a prolongé mi-septembre l’embargo contre Cuba. De quoi continuer à entraver le développement économique de l’île.

Le 14 août de l’année dernière, le Secrétaire d’Etat John Kerry a déclaré solennellement à la réouverture de l’ambassade états-unienne à La Havane : « Nous sommes sûrs que c’est le moment de nous rapprocher, deux peuples déjà plus ennemis ni rivaux mais voisins. »

Ensuite, Obama est allé à La Havane où il a récité le catéchisme libéral. Çe fut un brillant sermon politisé qui, par force, l’a obligé à mentir. Son mensonge le plus curieux, aujourd’hui devenu grotesque, a été de dire en espagnol : « Je cultive une rose blanche » et de continuer : « José Martí a fait cette offre d’amitié aussi bien aux amis qu’aux ennemis. Aujourd’hui, en tant que Président des Etats-Unis d’Amérique, j’offre au peuple cubain le salut de paix. »

C’était dit : à partir de maintenant, la superpuissance qui a provoqué la faim, des vicissitudes et la mort parmi le peuple cubain nous offre rien de moins que la paix au nom de Martí, nous ne serions déjà plus ennemis. Seulement voisins.

Mais ni Obama ni Kerry n’ont dit que nous serions de bons voisins. Nous devions nous accommoder d’un voisinage sans inimité. Ce n’était pas mal. La minuscule Cuba avait obligé l’empire à courber la tête et ils devaient s’asseoir pour négocier. Mais dire « bon voisin » était dangereux puisque la fameuse « politique du Bon voisin » appliquée à Cuba dans les années 30 fut un cas d’école de domination totale. Face à la situation révolutionnaire qui a fait tomber le dictateur Machado, autrefois bon ami des Etats-Unis, le proconsul Sumner Welles fut envoyé à Cuba avec 29 bateaux de guerre pour manipuler, soudoyer, menacer et mettre en place un gouvernement marionnette proche des Etats-Unis. La révolution de 1933 échoua et ouvrit la voie à l’ère Batista. Ensuite, nous avons été de bons voisins soumis jusqu’au 1° janvier 1959. Depuis lors, Cuba a été l’ennemie par excellence. L’année dernière, nous, les Cubains de l’intérieur et ceux de l’étranger, nous avons cru honnêtement que nous avions cessé d’être des ennemis.

Mais le 14 septembre de cette année, Obama a flanqué par terre l’ère imaginaire du voisinage sans inimitié: ce jour-là, le Président a prolongé une fois de plus l’agression contre Cuba avec ce qu’on appelle la Loi sur le Commerce avec l’Ennemi, un statut de 1917 applicable en temps de guerre ou d’urgence nationale. Cuba est le seul pays sur cette liste d’ennemis. C’est une liste infâme et, si on tient compte des déclarations du Président et du Secrétaire d’Etat, c’est aussi maintenant une liste révélatrice.

Cette liste d’un seul pays serait ridicule si la Loi sur Commerce avec L’Ennemi n’était pas celle sur laquelle s’appuie le blocus économique et financier contre Cuba qui affecte toute la population et en particulier les groupe les plus vulnérables. Le blocus est appliqué de façon extra-territoriale dans le monde entier, contre tout individu ou toute entité qui fait des affaires avec Cuba ou qui facilite ses transactions sur le marché mondial. Économiquement, tout le monde y perd avec le blocus mais la presse internationale fait comme s’il n’existait pas.

La vérité est que l’acharnement contre le peuple cubain continue bien qu’Obama ait reconnu que ce harcèlement 24 heures sur 24 pendant un demi-siècle a échoué dans son intention de détruire la Révolution. Et malgré les mesures insuffisantes qu’Obama a prises pour adoucir le siège, voici ce qui continue d’arriver :

  • Le Gouvernement des Etats-Unis interdit à ses propres citoyens de voyager librement à Cuba.
  • Il interdit aux bateaux de tout pays qui mouillent dans des ports cubains d’accoster dans des ports états-uniens pendant 180 jours.
  • Il empêche Cuba d’importer de pays tiers des produits qui contiennent plus de 10% de composants nord-américains.
  • Il interdit à des compagnies états-uniennes d’investir à Cuba.
  • Il interdit à Cuba d’utiliser le dollar pour ses transactions internationales.
  • Il poursuit implacablement toute entité financière, de n’importe quel pays, qui fait des transactions avec Cuba en lui infligeant des amendes de plusieurs millions fixées par des tribunaux états-uniens.
  • Il interdit l’importation aux Etats-Unis de services cubains et de produits vitaux pour l’économie cubaine comme le tabac, le rhum, les produits sophistiqués de l’industrie bio-technologique cubaine et interdit même l’importation de produits manufacturés dans des pays tiers s’ils contiennent des matières premières cubaines comme le nickel ou le sucre.
  • Il crée des obstacles pour le commerce de médicaments et d’aliments avec Cuba et même fait obstacle aux donations humanitaires.
  • Il prétend contrôler complètement l’avenir politique et économique de Cuba avec des lois approuvées à Washington mais qui doivent s’appliquer en territoire cubain comme la Loi Helms-Burton et la Loi Toricelli.

Comment expliquer cette expression inouïe de revanchisme primaire contre un voisin petit et faible ? Quel est le soi-disant pouvoir secret et invincible de Cuba pour que la plus importante puissance de l’Histoire veuille l’écraser et échoue dans sa tentative ?

Le Droit International stipule que la population civile doit être protégée des pires effets des conflits entre les nations. Cependant, les actions agressives des Etats-Unis, dont je n’ai cité que quelques-unes, imposent des conditions de vie délibérément calculées pour éliminer physiquement une partie de la population. A cause de cela, le blocus est une sorte de génocide silencieux.

Le 26 octobre prochain aura lieu le vote annuel à l’ONU pour exiger la levée inconditionnelle des sanctions des Etats-Unis contre Cuba. L’année dernière, l’isolement de l’agresseur a été presque total : 191 pays (sur 193) ont voté contre le blocus nord-américain. Seuls les Etats-Unis et Israël ont voté pour le maintenir. On se demande quand l’Etat juif votera conformément à la justice et non par intérêt.

Source: Resumen Latinoamericano y del tercer mundo

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