Un journaliste belgo-turc empêché de se rendre en Syrie

COMMUNIQUE DE PRESSE. Notre collaborateur Bahar Kimyongür auteur du livre « Syriana, la conquête continue » paru dans la série « Informez-vous » des éditions Investig’action et Couleur Livres s’apprêtait à se rendre ce samedi en Syrie pour nous ramener une information de première main concernant les troubles qui ensanglantent ce pays

 



A cette occasion, il devait notamment visiter les villes sinistrées par les violences telles que Homs, Hama et Deraa, rencontrer le président de la république arabe syrienne M. Bachar El-Assad et le Cheikh Badreddine Hassoune, grand mufti de la République dont le fils Saria a été tué par des terroristes en octobre dernier ainsi que des dissidents luttant pour la démocratisation de la Syrie mais opposés à toute ingérence étrangère.


Ce matin, Bahar Kimyongür s’est rendu à la commune de Bruxelles pour rechercher son nouveau passeport. Mais au guichet, on lui a signifié que son passeport a été bloqué au Ministère des affaires étrangères.


Il passera toute la journée au bout du téléphone pour connaître le motif de cette entrave à sa liberté de circulation. Au final, il apprend que l’émission de son passeport a été court-circuitée par le Parquet fédéral.


Cette nouvelle tracasserie administrative vient s’ajouter aux nombreux déboires judiciaires qu’il a connus en raison de ses engagements politiques.


Depuis 11 ans, Bahar Kimyongür est recherché par les autorités turques via Interpol pour avoir chahuté le ministre des affaires étrangères de l’époque, M. Ismail Cem dans l’enceinte du Parlement européen.


En 2006, il avait été arrêté sur le sol néerlandais sur base de ce signalement Interpol. Après 68 jours de détention préventive, les juges de ce pays l’ont libéré étant donné la vacuité du dossier pénal turc.


Parallèlement au mandat d’arrêt émis par Ankara, la justice belge l’a inlassablement poursuivi en vertu de la loi antiterroriste de 2004.


En décembre 2009, Kimyongür a cependant été acquitté par la Cour d’appel de Bruxelles de tous les faits qui lui étaient reprochés, arguant que ses activités politiques relevaient de la liberté d’expression garantie par la Constitution.


Deux ans après son acquittement, notre ami Bahar n’est manifestement toujours pas au bout de ses peines.


Entre-temps, c’est notre liberté d’information qui en est entravée. On se plaignait de la censure imposée par le régime syrien à la presse internationale. A présent, ce sont les autorités judiciaires belges qui, indirectement, pratiquent la censure.


Une aubaine pour Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) dont chaque parole est prise pour argent comptant par l’ensemble des groupes de presse et des chancelleries atlantistes.


Une aubaine aussi pour le régime d’Ankara qui, grâce aux pressions qu’elle exerce sur ses opposants, peut poursuivre sa guerre contre la Syrie en toute quiétude.

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