USA : le commandement Africa sera basé en Italie

Deux des commandements militaires subordonnés au tout récent Commandement Africa, (AfriCom) –dont l’ « aire de responsabilité » comprend quasiment tout le continent africain, sauf l’Egypte- seront localisés en Italie, l’un à Naples et l’autre à Vicence. C’est ce qu’ont annoncé dans une conférence de presse conjointe, le ministre des Affaires étrangères Frattini et l’ambassadeur des Usa en Italie, Ronald Spogli.
Source: www.Mondialisation.ca

Il manifesto

Le 7 decembre 2008

L’ambassadeur a déclaré que les deux commandements seront constitués « exclusivement de personnel assigné aux quartiers généraux et que ce personnel continuera à effectuer sa propre mission dans un cadre OTAN, en aidant, dans le même temps, AfriCom à poursuivre l’engagement des Etats-Unis en faveur de la paix et de la sécurité des populations africaines ». Le but principal d’AfriCom est celui de l’ « assistance humanitaire, du contrôle de l’immigration et de la lutte contre le terrorisme ».

Frattini a répété la leçon, en parlant de « structures de commandement qui agissent dans le cadre OTAN» et en garantissant qu’ « il n’y aura pas de troupes de combat mais des composantes civiles ». En réalité, le Commandement Africa n’opère pas dans le cadre de l’OTAN, mais est un des six commandements africains unifiés du Pentagone, qui est devenu opérationnel depuis début octobre. Il est défini comme « un type de commandement différent », en ceci qu’il intègre, avec les forces militaires, du personnel et des structures du Département d’Etat, de l’Usaid et d’autres agences. L’AfriCom se centre sur l’entraînement de militaires africains. A ce propos, Spogli a rappelé qu’à Vicenza, dans le « Centre d’Excellence pour le Stability Police Unites (Coespu) », créé par les Usa et l’Italie, sont entraînées des forces de « peacekeeping » provenant principalement de pays africains. S’appuyant sur les élites militaires, l’AfriCom essaie d’amener le plus grand nombre de pays africains dans la zone d’influence étasunienne. L’ « assistance humanitaire » qu’il opère en Afrique est complémentaire de cette politique.

Fausse est aussi l’affirmation qu’en Italie « il n’y aura pas de troupes de combat mais des composantes civiles » de l’AfriCom. Le Commandement Africa sera supporté par les commandements et les bases étasuniennes en Italie. Les navires de guerre utilisés pour l’opération en Afrique sont envoyés par les forces navales étasuniennes en Europe, dont le quartier général est à Naples et dont le commandement est en ce moment responsable aussi des opérations navales en Afrique. Quand, en novembre, un corps de marines approprié pour l’Afrique avait été constitué (Marforaf), on avait aussi supposé qu’il aurait été supporté par les commandements et par les bases étasuniennes en Italie : de Vicence à Aviano, de Camp Darby à Sigonella. La confirmation arrive maintenant officiellement: à Naples sera installé le commandement naval de l’AfriCom et à Vicence le terrestre.

On peut prévoir, en outre, que la 17ème force aérienne étasunienne, réactivée en septembre dernier à Ramstein (Allemagne) pour être mise à disposition de l’AfriCom, opèrera aussi non pas depuis la base allemande, mais surtout depuis des bases en Italie, comme Aviano et Sigonella. On peut également prévoir que les matériels nécessaires à l’AfriCom seront fournis par la base étasunienne de Camp Darby. Particulièrement important aussi sera le rôle de la base aéronavale de Sigonella : c’est ici que, depuis 2003, est à l’œuvre la Joint Task Force Aztec Silence, la force spéciale qui mène en Afrique des missions de renseignement, surveillance et opérations secrètes dans le cadre de la « guerre globale contre le terrorisme ».

« En accueillant ces troupes en Italie – écrit le correspondant de La Stampa depuis New York- le gouvernement Berlusconi a fait un pas très apprécié aussi bien par le président sortant que par celui qui arrive, car le Pentagone avait des difficultés à trouver des bases sur l’échiquier méditerranéen. Ceci fera de l’Italie un interlocuteur privilégié pour discuter les scénarios de crises au sud du Sahara ». Le gouvernement Berlusconi a ainsi accompli « un pas très apprécié » à Washington, en tant qu’il participe à la nouvelle opération de caractère colonial, visant au contrôle de zones stratégiques du continent africain, comme la Corne d’Afrique à l’embouchure de la Mer Rouge (où est basée, à Djibouti, une task force étasunienne), et surtout comme l’Afrique de l’Ouest, région riche en pétrole et autres ressources précieuses. Nous voudrions savoir dans quelle instance et avec quelles procédures a été prise cette décision d’importance stratégique. Nous voudrions aussi savoir comment va se comporter l’opposition, en particulier le Partito democratico. Y aura-t-il quelqu’un au Parlement, qui refusera d’être un « interlocuteur privilégié » de la politique néocolonialiste étasunienne bipartisane ? Y aura-t-il quelqu’un qui refusera le « privilège » d’être recruté pour la nouvelle conquête de l’Afrique, avec, en substance, le rôle que jouaient les ascaris [i] dans le colonialisme italien ?

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

[i] Supplétifs – d’origine érythréenne- de l’armée italienne au moment de la guerre d’Ethiopie. NdT.

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