L’Iran, prochaine cible de l’agression militaire des Etats-Unis

L’administration Bush a officiellement désigné l’Iran et la Syrie comme prochaine étape de leur « feuille de route de la guerre ».

Le ciblage de l’Iran est un projet à deux alliés, lequel sert en gros les intérêts des consortiums pétroliers anglo-américains, de l’establishment financier de Wall Street et du complexe des industries de l’armement.

Choix d’articles et d’essais

?Michel Chossudovsky, éditeur

Global Research E-Monograph and Reports Series, n° 3, février 2005

Préface

L’administration Bush a officiellement désigné l’Iran et la Syrie comme prochaine étape de leur « feuille de route de la guerre ».

Le ciblage de l’Iran est un projet à deux alliés, lequel sert en gros les intérêts des consortiums pétroliers anglo-américains, de l’establishment financier de Wall Street et du complexe des industries de l’armement.

La région au sens plus large du Moyen-Orient et de l’Asie centrale possède à elle seule plus de 70% des réserves mondiales de pétrole et de gaz naturel. L’Irak prend à son compte 11% du pétrole mondiale et il occupe le second rang, derrière l’Arabie saoudite, pour l’importance de ses réserves.

L’annonce de cibler l’Iran ne devrait pas être une surprise. Déjà, sous l’administration Clinton, le Commandement central américain (USCENTCOM) avait formulé des « plans de théâtre de guerre » en vue d’envahir à la fois l’Irak et l’Iran :

« Les vastes intérêts et objectifs sécuritaires nationaux exprimés dans la Stratégie nationale sécuritaire (NSS) du président et la Stratégie militaire nationale (NMS) du haut responsable constituent l’assise de la stratégie du théâtre d’opérations du Commandement central américain. La NSS dirige l’application d’une stratégie de double endiguement des Etats voyous que sont l’Irak et l’Iran aussi longtemps que ces derniers seront une menace pour les intérêts américains, pour d’autres Etats de la région et pour leurs propres citoyens. Le double endiguement est destiné à maintenir dans la région un équilibre du pouvoir qui ne soit tributaire ni de l’Irak ni de l’Iran. La stratégie de théâtre de l’USCENTCOM s’appuie sur l’intérêt et se concentre sur une menace. Le but de l’engagement américain, tel qu’il a été adopté par la NSS, est de protéger les intérêts vitaux des Etats-Unis dans la région, autrement dit, assurer l’accès ininterrompu et sûr des Etats-Unis et de leurs alliés au pétrole du Golfe. »

(USCENTCOM, )

Le projet en vue d’un nouveau siècle américain (PNAC)

La doctrine de la sécurité nationale de Bush telle qu’elle est reprise dans le PNAC, est un prolongement de la « stratégie d’endiguement des Etats voyous » de Clinton.

Le PNAC est un réservoir néo-conservateur de cerveaux associé à l’establishment de la défense et des renseignements, au Parti républicain et au puissant Conseil des Relations étrangères (CFR), qui joue un rôle en coulisse dans la formulation de la politique étrangère américaine.

Les objectifs avoués du PNAC sont :

« défendre le territoire national américain ;

« combattre et remporter de façon décisive la victoire sur des théâtres d’opérations de guerre majeurs, simultanés et multiples ;

« accomplir des tâches de ‘police’ associées à la mise en place d’un environnement sécuritaire dans les régions critiques ;

« transformer les forces américaines de façon à exploiter la ‘révolution dans les affaires militaires’ (…). »

Le secrétaire adjoint à la Défense, Paul Wolfowitz, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et le vice-président Dick Cheney avaient déjà commissionné le plan du PNAC avant les élections présidentielles de 2000.

Le PNAC propose les grandes lignes d’une feuille de route de conquête.

Il prône « l’imposition directe de ‘bases avancées’ américaines à travers l’Asie centrale et le Moyen-Orient dans l’intention d’assurer une domination économique du monde, tout en muselant tout ‘rival’ potentiel ou toute alternative viable à la vision américaine d’une économie de ‘libre marché’ ». A la différence des guerres de théâtre d’opérations, les fonctions dites « de police » impliquent une forme de contrôle militaire mondial recourant à divers instruments, y compris des bombardements punitifs et l’envoi des Forces spéciales américaines, etc. Les fonctions de police sont considérées comme la première phase des actions américaines contre l’Iran.

En ce qui concerne la Syrie, le bombardement en octobre 2003 de bases terroristes présumées en Syrie par l’aviation israélienne avait pour but de fournir une justification à des interventions préventives ultérieures. Ariel Sharon lança ces raids avec l’approbation de Donald Rumsfeld.

Le Pentagone envisage le contrôle territorial de la Syrie, qui constitue un pont terrestre entre Israël et l’Irak occupé, comme étant stratégique sur les plans militaire et économique.

Cette extension prévue de la guerre à la Syrie et à l’Iran entraîne de graves implications. Elle signifie qu’Israël va se muer en acteur militaire majeur dans la guerre dirigée par les Etats-Unis ainsi qu’en membre officiel de la coalition anglo-américaine. Elle soulève également la question plus large des armes nucléaires et de leur utilisation sur le théâtre de guerre du Moyen-Orient.

Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et Israël ont déjà une politique coordonnée sur le plan des armes nucléaires. En attendant, les ogives nucléaires israéliennes sont pointées sur les principales villes du Moyen-Orient, dont Téhéran et Damas. Les gouvernements des trois pays ont déclaré sans ambages qu’ils envisageaient de se servir de leurs armements nucléaires s’ils étaient attaqués.

?La doctrine de la guerre préventive

« L’action militaire préventive » contre l’Iran est présentée comme un acte d’« autodéfense » contre deux catégories d’ennemis, les « Etats voyous » et les « terroristes islamiques ». « La guerre contre les terroristes de portée mondiale est une entreprise mondiale d’une durée incertaine et l’Amérique agira contre ce genre de menaces qui apparaissent avant même qu’elles se soient pleinement matérialisées.

Les Etats-Unis ont longtemps maintenu leur choix de mener des actions préventives afin de contrer une menace suffisance contre notre sécurité nationale. Plus grande est la menace, plus grand sera le risque encouru en cas d’inaction et plus impérieuse sera la nécessité d’entreprendre des actions anticipatives pour nous défendre (…). Pour devancer ou prévenir de tels actes hostiles de la part de nos adversaires, les Etats-Unis agiront, si nécessaire, de façon préventive. » (National Security Strategy, White House, 2002, )

Pour justifier des actions militaires préventives, y compris l’emploi d’armes nucléaires dans des théâtre de guerre conventionnelle (emploi approuvé par le Sénat fin 2003), la Doctrine de Sécurité nationale requiert la « fabrication » d’une menace terroriste, c’est-à-dire d’un « ennemi extérieur ». Elle requiert également d’associer ces menaces terroristes au « soutien d’Etat » de la part des prétendus « Etats voyous », y compris l’Iran et la Syrie.

Traduction J-M Flémal

Site de Chossudovsky (Global research) : voir nos liens

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