Havana Club ou Bacardi: @@rhum, terreur et corruption

Rhum cubain ou copie mafieuse ? Si vous êtes aux USA et que vous voulez un apéro, il vous sera impossible d’acheter du vrai Havana Club. Tout ce que vous pourrez avaler, ce sera la pâle copie vendue par Bacardi et distillée à Porto-Rico. Pourquoi ? Parce que les pressions exercées par les services secrets américains et la mafia cubano-américaine ont réussi une fois de plus à corrompre la Justice. Ainsi, pour lutter contre la nouvelle menace communiste que représente le rhum cubain, le juge fédéral Lamberth a officiellement refusé au rhum Havana Club de disposer des droits sur la marque aux USA.

Le juge fédéral Royce C. Lamberth qui, le lundi 29 mars, a nié ses droits à Cuba sur la marque de rhum Havana Club en territoire nord-américain, a dirigé la Cour de surveillance des services de renseignement étranger(Foreign Intelligence Surveillance Court), un tribunal fédéral aux procédures secrètes où se gèrent les opérations de surveillance électronique.

Selon les spécialistes, ce poste exige un haut niveau de relation avec la communauté du renseignement, ce qui fait du juge Lamberth un collaborateur des services spéciaux étasuniens.

Né en 1943 à San Antonio, Texas, le magistrat a obtenu le grade de capitaine dans les services juridiques de la US Army entre 1968 et 1974, années au cours desquelles il a aussi participé comme officier à la Guerre du Vietnam. En 1978, il a occupé le poste de chef de la section civile du Bureau du procureur général, poste qu’il a conservé jusqu’à ce qu’il soit nommé juge fédéral en 1987, par rien de moins que le président Ronald Reagan et son vice-président George “CIA” Bush.

En rapport avec son affiliation aux organes de sécurité, Lamberth a raconté dans une intervention publique le 23 juin 2007, qu’il se trouvait à proximité du Pentagone le 11 septembre 2001, quand le QG de la US Army a été attaqué.

« Avant que le deuxième avion  ne se soit écrasé contre les Tours jumelles, nous savions que Ossama Ben Laden se trouvait derrière les attaques », a-t-il alors dit. Ce jour-là, Lamberth était juge à la Cour de surveillance des services de renseignement étrangers qui s’est alors placée aux ordres des agences fédérales à la recherche de suspects – avec les résultats que nous connaissons.

Complaisance pour la Chiquita-United Fruit

D’un autre côté, le juge a présidé dans le passé plusieurs causes controversées. En mai 2003, il a déclaré l’Iran responsable de la mort des soldats nord-américains en 1983 durant une attaque d’un campement étasunien à Beyrouth, en décrétant que les supposés auteurs libanais de l’opération étaient « sous le contrôle » des autorités iraniennes.

Ce même Lamberth a été beaucoup moins tranchant quand il a consenti une amende négociée de 25 millions de dollars à l’entreprise bananière Chiquita Brands International (ex United Fruit), pour avoir effectué de 1997 à 2004 plus de 100 paiements aux paramilitaires colombiens pour garantir sa protection. Un rabais spectaculaire si l’on considère que le contrat de Chiquita avec les tueurs à gage de l’extrême-droite colombienne a provoqué la mort de 173 personnes.

Le 28 janvier 2008, Lamberth a condamné à 60 ans de prison Simón Trinidad, commandant des FARC extradé aux États-Unis, pour la mort de trois présumés agents de l’Agence centrale de renseignement  (CIA). Il a lors dit que s’il n’en tenait qu’à lui il l’aurait condamné à la perpétuité mais qu’il avait dû se limiter (en raison d’un traité) à ce que prévoit la loi colombienne.

Sur les ailes de la chauve-souris avec la mafia cubano-américaine.

La décision de Lamberth survient quelques jours seulement après l’opération fanatique d’obstruction que le Sénateur de la Floride Melquiades Martinez, alias “Mel”, yankee d’origine cubaine, a déchainée au Sénat contre un projet de loi qui favorisait  les échanges avec Cuba.

En 2006, la décision du gouvernement de George W.  Bush, qui permettait à la firme Bacardi de s’emparer aux États-Unis de la marque de rhum Havana Club, a coïncidé avec des accusations de corruption contre Martinez, qui avait été Secrétaire au logement de cette même administration. Citizens for Responsibility and Ethics in Washington (CREW), un groupe nord-américain de surveillance des politiciens corrompus, l’a alors accusé devant la Commission fédérale des élections (FEC), d’avoir accepté des fonds pour plus de 60 000 dollars de Bacardi pour sa campagne électorale.

Plus encore, personne à Washington ne semble se souvenir que le Secrétaire au logement  “Mel” Martínez fut accusé d’une série de malversations qui se sont traduites par un gouffre de 59 milliards dans les finances de ce département.

Membre éminent du réseau cubano-américain que Bush a infiltré dans l’administration fédérale, “Mel” a été le camarade de conspiration de Otto Reich, célèbre pour son effronterie, de l’ineffable Roger Noriega et du colonel Emilio González.

Bacardi a ordonné le bombardement de raffirneries cubaines

Les relations entre les dirigeants de Bacardi, l’organisation d’extrême-droite Fondation nationale cubano-américaine (FNCA)  et la CIA sont innombrables.

Dans son libre Ron Bacardí: la guerra oculta, le chercheur Hernando Calvo Ospina démontre comment la pseudo-rhumerie (Bacardi se consacre principalement au marketing de son produit) a créé son propre réseau de terrorisme contre l’Île et a servi de tremplin pour que les fonds de CIA passent aux mercenaires paramilitaires au Nicaragua et même en Angola.

Dans les années 60, le capo de la Bacardí, José Pepín Bosch, a ordonné le bombardement des raffineries de pétrole cubaines nationalisées. La Bacardi est allée jusqu’à acquérir un avion B-26 qui a été envoyé au Costa Rica dans l’attente d’une telle opération. Celle-ci a finalement échoué grâce à un journaliste du  New York Times qui l’a dénoncée.

Après l’invasion de Playa Giron, Bosch a suscité et financé un autre plan, pour lequel il a recruté l’ex-officier batistien Erneido Oliva, éminent collaborateur de la CIA, Ernesto Freire, homme de main bien connu de l’ Agence, Jorge Mas Canosa, également agent et alors activiste du Mouvement Démocrate-chrétien, ainsi que l’assassin notoire, escroc et terroriste Tony Calatayud – qui vit aujourd’hui tranquillement à Miami.

Le New York Times du 29 janvier 1978 raconte comment Antonio Cruz Vásquez et d’autres cubano-américains identifiés aux réseaux de Bacardi ont été interceptés dans une opération qui a permis le démantèlement à New York, au New Jersey et à Las Vegas, d’un gang de trafiquants d’héroïne qui réalisait des opérations qualifiées de multimillionnaires.

Les avocats de Bacardi, conseillers par Otto Reich, ont supervisé chaque détail de la loi Helms-Burton qui permet au gouvernement nord-américain de sanctionner des entreprises étrangères actives à Cuba.

Comme si cela n’était pas suffisant, les liens de la rhumerie avec l’ex-président espagnol José María Aznar et l’extrême-droite européenne on aussi fait l’objet d’enquêtes.

Associé à Bill Nelson, protégé du banquier Stanford

Dans le débat qu’il vient de mener au Sénat, provocant la furie de ses collègues, Martinez a évité de faire référence à son association avec le démocrate de la Floride Bill Nelson, auteur d’un projet de loi qui favorisait grossièrement la Bacardi, conjointement avec le représentant Robert Wexler, membre éminent du comité sur la… propriété intellectuelle et la prévention de la piraterie.

Nelson, membre du Comité des Finances du Sénat, a été le bénéficiaire numéro un des bontés du banquier fraudeur Robert Allen Stanford, qui est accusé d’avoir escroqué de petits investisseurs pour la somme totale de 9 milliards 200 millions de dollars en produits financiers frauduleux.

L’honorable juge Royce C. Lamberth a rejeté la requête présentée par Cubaexport contre le Département du trésor des États-Unis et le Bureau de contrôle des actifs étrangers (OFAC), deux vieux refuges de la mafia cubano-américaine.

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