« Tous sont Chavez même sans Chavez »

Alors que le gouvernement vénézuélien commence à concrétiser le programme sorti vainqueur des urnes en octobre 2012 et qu’un Chavez convalescent prend les décisions principales et prépare son retour de Cuba, la presse européenne croit encore à un « après-Chavez », une manière de refuser la décision des électeurs.

Il y a quelques jours, des centaines de milliers de Vénézuéliens ont occupé le centre de Caracas pour «entrer en fonction» à la place du président Hugo Chávez, absent du pays pour un traitement médical. La foule bigarrée et bruyante qui entourait le Palais de Miraflores ne portait pas de fusils AK47 ni de cocktails Molotov mais une arme d’une puissance de feu bien plus redoutable : la Constitution nationale.

 

Poitrines ceintes d’écharpes présidentielles de tissu ou de papier, faites à la main, sans slogans sanglants mais avec un seul cri : «Nous sommes tous Chavez, nous sommes tous Chavez. »

 

Tourné en dérision par la presse de droite comme « scène de réalisme magique », l’épisode était chargé de symbolisme et de signification. Si Chavez est un dictateur et si l’économie du Venezuela est à l’article de la mort – ce que martèlent quotidiennement neuf sur dix médias au Brésil – pourquoi diable est-il si populaire ?

 

Les étiquettes incohérentes de «populisme» et de «caudillisme» sont de moins en moins efficaces pour expliquer pourquoi Chavez et son gouvernement se sont soumis à 16 processus d’évaluation – élections ou référendums, avec une seule défaite. La dernière victoire s’est produite en décembre, lorsque Chavez était déjà à Cuba : les chavistes ont remporté 20 des 23 postes de gouverneurs d’Etats du Venezuela.

 

Quiconque souhaite visiter le pays et voir les choses comme elles sont, sans idées préconçues ni stéréotypes, aura l’occasion de voir ce que les journaux ne montrent pas. Tout citoyen moyen brésilien, à jeun d’informations indépendantes sur le Venezuela, va être surpris.

 

En 14 ans de chavisme, le taux d’analphabétisme a été réduit à zéro. Au cours des deux dernières années, la « Gran Misión Vivienda » a construit 350.000 logements, dont la moitié avec les efforts conjoints des communautés organisées.

 

Le nombre de médecins pour 10.000 habitants est passé de 18 à 58. Rien que le système de santé publique emploie 100.000 médecins, dont environ 30.000 sont Cubains vivant depuis cinq ans dans les quartiers by InstantSavings”>pauvres qui entourent Caracas, offrant des soins gratuits en permanence à des milliers de personnes. Le taux de mortalité infantile est passé de 25 à 13 décès pour mille naissances et 96% de la population a accès à l’eau potable.

 

Couronnant ces politiques sociales mises en œuvre sous la direction de Chávez, les chiffres révélés par l’étude récente étude de la CEPAL (Commission économique de l’ONU pour l’Amérique latine et les Caraïbes) : sur 18 pays d’Amérique latine, le Venezuela apparaît comme ayant le taux le plus bas d’inégalité sociale.

 

Ce qui laisse l’opposition sans voix et sans munitions, c’est que cette marche pacifique vers le socialisme est dirigée depuis 14 ans par un catholique pratiquant, suivant un processus sui generis, sans pelotons d’éxécution, où les institutions fonctionnent, sans prisonniers politiques et où la presse jouit d’une liberté d’expression absolue.

 

J’exagère ? Qui en doute peut visiter les sites http://www.eluniversal.com et http://www.el-nacional.com pour voir comment les deux plus grands journaux d’opposition du pays traitent Chavez et son gouvernement tous les jours, sans exception.

 

L’idée que la révolution bolivarienne ne survivra pas à Hugo Chavez n’exprime que le désir des auteurs du coup d’État de 2002, l’élite nostalgique de l’ancien Venezuela. Celle pour qui les benéfices du pétrole servaient à gonfler des comptes en Suisse et à Miami, au lieu de financer des projets sociaux comme c’est le cas aujourd’hui.

 

Comme des millions d’autres admirateurs du processus vénézuélien, j’espère qu’Hugo Chavez gagnera la bataille contre le cancer et reviendra bien vite aux commandes. Je sais que, comme tous les autres êtres humains, le président est mortel. Je sais aussi, néanmoins, que la révolution bolivarienne qu’il a conçue et menée, continuera. Qui vivra verra.

 

Traduction du portugais : Thierry Deronne

 

Source: Venezuela Infos

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