Alohanews revient sur le calvaire d’un homme innocent emprisonné depuis plus de trois ans dans les geôles marocaines de Salé, non loin de Rabat, capitale marocaine. Cet homme est Ali Aarrass. Ce citoyen belgo-marocain, est arrêté en 2008 en Espagne où il résidait. Il est accusé de trafic d’armes dans le cadre d’une organisation terroriste qui a commandité les attentats à Casablanca en 2003. En décembre 2010, il sera extradé de l’Espagne vers le Maroc. Farida Aarrass, sœur et membre du comité de soutien d’Ali Aarrass revient sur cette affaire qui n’a pas fini de faire parler d’elle.
En 2008, Ali Aarrass est impliqué dans l’affaire Belliraj, du nom d’un présumé terroriste arrêté par les autorités marocaines. Les faits qui lui sont imputés font mention de trafic d’armes, de terrorisme et d’implication dans l’attentat de Casablanca en 2003. Comment se fait-il qu’un homme ordinaire comme lui soit mêlé à ce genre d’affaire ?
Nous ignorons encore les raisons. Les autorités marocaines prétendent qu'il y a des concordances entre le dossier d'Ali et celui d'autres détenus concernés par la même affaire. Il s'avère qu'après consultation de ces dossiers par les avocats, il n’y a ni concordance ni le nom d'Ali Aarrass !
Le célèbre juge d’instruction Baltazar Garzon a prononcé un non-lieu dans le dossier Aarrass. Comment se fait-il qu’il n’ait pas été libéré?
Ali a été blanchi mais pas libéré. L'Espagne a tenu à l'extrader au Maroc, pays qui a exigé son arrestation et son extradition. Il croupit dans les geôles marocaines depuis maintenant bientôt trois ans.
Un rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Monsieur Juan Mendez, a rendu visite à Ali Aarrass à la prison de Salé, au Maroc. Qu’a-t-il mentionné dans son rapport* ?
Le rapport mentionne clairement qu'Ali a été victime de tortures sauvages faisant l’objet de menaces, de coups, de pendaisons, de chocs électriques, de quasi-noyades, de viols, et autres traitements abominables. Les séquelles sont toujours apparentes après deux ans.C’est suite à ces traitements qu’Ali a fait des aveux.Ils ont été utilisées comme unique preuve pour le condamner à douze ans d’emprisonnement.A ce jour, Ali est encore victime de maltraitances.
Ali Aarrass a entamé une grève de la faim depuis le 10 juillet pour alerter la communauté internationale sur les tortures qu’il a subies en prison. Avez-vous un contact avec lui depuis son initiative?
Depuis lors, je n’ai plus aucun contact avec lui. Des nouvelles nous parviennent par le biais de proches d'autres détenus. Il en est à son vingt-troisième jour de grève de la faim. Il avait entamé une grève de la soif depuis le 24 juillet. J'imagine que si Ali est encore en vie, c'est qu'il a dû boire.Connaissant Ali, il ne ferait pas une chose qui porterait atteinte à sa vie, mais en même temps, se rend-il vraiment compte du danger qu’il encourt sans un suivi médical ? J'ose espérer ! Oui je veux y croire qu'il ait pris conscience du danger auquel il s'expose. Le corps pénitencier marocain fait preuve d’un je-m’en-foutisme monstre. Il ne s'inquiète pas du tout de son état de santé ! Aujourd'hui, mercredi 31 juillet, son avocat marocain fera une tentative de visite avant 14h (heure du Maroc). Espérons qu'il puisse le voir et nous donner des nouvelles.
Didier Reynders, ministre des Affaires étrangères belge a déclaré que la double nationalité (belgo-marocaine) d’Ali Aarrass constitue un empêchement juridique à l’intervention de la Belgique en sa faveur. Que répondez-vous à cela ?
Je réponds à cela que c'est honteux, irresponsable voire même lâche ! Didier Reynders applique la politique du deux poids, deux mesures. Il justifie ses propos sur des articles de lois désuètes datant de 1930 ! Qui plus est, l’accord sur lequel Didier Reynders s’appuie pour ne pas intervenir n’a même pas été signé par le Maroc. Ali n'a jamais vécu au Maroc. Que Reynders le veuille ou non, Ali est Belge !
Suite à l’immobilisme du gouvernement belge, le comité de soutien d’Ali Aarrass a mis en place une action. Elle permet à tout citoyen belge d’envoyer un courrier au Roi Philippe pour lui faire part du sort d’Ali Aarrass, ressortissant belge. Qu’espérez-vous en lançant cette initiative ?
J'espère que le roi Philippe prendra contact avec le roi du Maroc pour lui demander que JUSTICE soit rendue à Ali. Encore faut-il que cela soit possible dans un pays où la corruption bat son plein et où l'injustice prend plus de place.
Que peuvent faire encore les citoyens concrètement ?
Les citoyens peuvent écrire, mais aussi manifester leur indignation par rapport à cette injustice. Malheureusement, la Belgique considère certains de ses concitoyens comme des Belges de seconde zone !
Propos recueillis par Mouâd Salhi
Source: Alohanews
