FGTB et Gaza : « Nous ne pouvons nous taire sur un sujet aussi brûlant »

Le syndicat belge FGTB a appelé à manifester, le dimanche 11 janvier contre l’offensive israélienne sur Gaza, appel dont nous ne pouvons que nous réjouir. Anne Demelenne, secrétaire générale de la FGTB, précise les positions, les difficultés.

Interview : Michèle Seutin

En tant qu’organisation syndicale la situation des travailleurs palestiniens ne peut pas nous laisser indifférents.(Photo FGTB)

Pourquoi la FGTB s’est elle impliquée dans ce conflit ?

Anne Demelenne. Nous sommes une organisation démocratique et nous ne pouvons nous taire sur un sujet aussi brûlant. Même si c’est parfois difficile car, à l’intérieur de la FGTB, se retrouvent évidemment des sensibilités différentes sur un certain nombre de nuances et nous sommes obligés d’en tenir compte. »

Il est difficile de mobiliser les affiliés sur cette question ?

Anne Demelenne. Nos affiliés sont souvent mal informés. Nous organisons des voyages en Palestine pour des responsables syndicaux : ensuite ils prennent réellement conscience de la situation là-bas. Ils constatent que les dispositifs de l’occupation rendent quasi impossible, pour les Palestiniens, le développent d’une économie normale et donc affectent profondément leurs conditions voire leur possibilités de travail. C’est une situation qui ne peut pas nous laisser indifférents.

La sensibilisation doit passer par la formation. Nous encourageons les initiatives prises dans ce sens. Dès qu’une centrale se mobilise réellement pour informer, la mobilisation des militants suit. La Centrale générale avait installé, un checkppoint à l’entrée de son congrès de décembre et a fait une bonne information à ses militants et la mobilisation a suivi: ceux de la Centrale Générale étaient présents à la manifestation.

La crise et ses conséquences sur l’emploi ne mobilisent-t-elles pas déjà suffisamment l’attention des travailleurs?

Anne Demelenne. Je ne pense pas. Ce sont deux niveaux différents. Nous avons évidemment un gros travail d’information et d’analyse à faire sur cette crise. Nous devons amener nos militants à sortir de la logique néo-libérale qui a, cette fois, bien montré ses limites et ses nuisances.

Mais la situation au Moyen-Orient, à un autre niveau, nous interpelle tout autant. Nous défendons des valeurs comme celle des droits de l’homme, du respects des accords internationaux et des intérêts de tous les travailleurs. Donc des travailleurs palestiniens aussi.

Ce qui rend la mobilisation difficile, ce sont les amalgames dans les mots d’ordre des manifestations. Nous sommes une organisation laïque et quand les mots d’ordre prennent une coloration religieuse, c’est réellement un frein pour nos militants. Il y a aussi, on ne peut pas le nier, cette culpabilité européenne par rapport au génocide nazi.

Votre actuel partenariat avec la Histadrout est-il remis en question ?

Anne Demelenne. Il ne nous appartient pas de faire l’ingérence. La CSI (Confédération Syndicale Internationale) dont fait partie la FGTB, compte comme affiliés la Histadrout (syndicat israëlien) et le PGFTU (Palestinian General Federation of Trade Unions). Nous demandons, à travers nos instances internationales que des accords soient pris entre ces deux syndicats et respectés sur le terrain. Nous avons demandé à la CSI de faire une enquête et un rapport sur ce point précis. Nous attendons aussi de la Histadrout qu’elle condamne les agissements de l’actuel gouvernement israëlien. Le PGFTU a condamné officiellement les tirs de rockets du Hamas et nous appelons la Histadrout à prendre, elle aussi, une position claire C’est pour nous un point très important.

Quelle est votre position au sujet du boycott des produits israëliens ?

Anne Demelenne. Nous ne défendons pas le boycott; les travailleurs israéliens existent, et cette prise de position leur porterait préjudice. Encore une fois nous ne voulons – ni ne pouvons – faire de l’ingérence. De plus, à l’intérieur même du PGFTU il n’y a pas unanimité sur la question. Certains considèrent qu’il vaut mieux travailler avec la Histadrout et tendre via des accords de partenariat à une collaboration efficace au profit de l’ensemble des travailleurs. D’autres tendances dans le PGFTU refusent tout contact avec la Histadrout.

Quelle demande formulez vous aux aux instances européennes ?

Anne Demelenne. Dans notre plate-forme au sujet du conflit nous demandons la suspension du statut privilégié que l’Europe a récemment donné à l’état d’Israël et l’arrêt de tout nouvel accord qui favoriserait les relations commerciales Europe / Israël.

L’Europe verse de fortes subventions à la Palestine et ce sera encore l’Europe qui subventionnera la reconstruction des destructions opérées Israël. Nous sommes directement concernés.

Source :

http://www.ptb.be/fr/hebdomadaire/article/article/fgtb-nous-ne-pouvons-nous-taire-sur-un-sujet-aussi-brulant.html

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