A Madagascar, même après la colonisation, le pillage des ressources continue

Pour les médias français, une fois encore, tout est clair : un jeune et sympathique démocrate devrait remplacer un tyran discrédité et isolé.
Ne connaissant guère ce pays, comment se faire une opinion plus précise ? D’abord, en nous rappelant les cinq grands principes de la “propagande de guerre” appliqués par les médias officiels dans tous les conflits  : 1. Cacher l’Histoire. 2. Cacher les intérêts économiques. 3. Diaboliser celui qui nous résiste. 4. “Nous” sommes neutres et cherchons le bien de tous. 5. Ceux qui pensent autrement que nous, n’ont pas accès aux médias.

Historique

Dès 1642, Madagascar, encore dans l’époque royale, faisait l’objet de convoitises de la France et était marquée par plusieurs séries de conflits franco-malgaches. Vers 1817, Madagascar a d’abord été placée sous le protectorat anglais avant de devenir en 1896 une colonie française. Les colons vont y installer une administration violente et difficile. L’Eglise protestante s’associa à la lutte contre l’entreprise coloniale. Plusieurs mouvements nationalistes malgaches ont précédé l’indépendance de Madagascar en 1960. Le plus marquant fut le mouvement nationaliste de 1947 conduit par le MDRM, Mouvement de la Rénovation Malgache, parti nationaliste animé principalement par les Merina, l’ethnie des hauts plateaux. Pour contrer ce mouvement, la France encouragea la création du parti des déshérités de Madagascar, le PADESM. L’Eglise catholique quant à elle s’associa à la France coloniale.

Depuis l’indépendance et pratiquement jusqu’en 2002, les dirigeants de la République malgache sont issus du PADESM et de ses descendants directs. L’amiral Didier Ratsiraka, également issu du milieu du PADESM, a tenu le pouvoir pendant plus de 25 ans. Il s’est finalement exilé en France après l’accession au pouvoir en 2002 d’un industriel, Marc Ravalomanana.

Les conflits d’intérêts

Dès l’indépendance en 1960, une sorte de société secrète, le « club des 48 », est créée par les grosses fortunes malgaches et les grandes sociétés françaises pour sauvegarder leurs intérêts . Ce club réunit également des officiers de l’armée, des juristes et de grands avocats. Ce « club des 48 » a été impliqué dans les différents coups d’Etat et autres secousses politiques à Madagascar. En fait, des opérations sont lancées dès qu’on touche à leurs intérêts. La présence de grands cadres fonctionnaires de l’Etat malgache dans le club a permis, par exemple, de faire avorter le grand procès autour de l’assassinat du colonel Ratsimandrava, président de courte durée en février 1975.

Parmi les acteurs du conflit actuel, on retrouve des descendants du club des 48 tels que la famille Ramaroson de la Savonnnerie tropicale et Madeleine Ramaholimihaso, fille du richissime Ramanandraibe, spécialisé entre autres dans l’import-export.
A elle seule, Madeleine Ramaholimiaso cumule les postes de « représentant de la société civile » ou « d’organisme des droits de l’Homme ». Ses communiqués sont par ailleurs cités en référence par la presse française.

L’ancien président, Didier Ratsiraka, a largement ouvert les vannes du pays aux capitaux français. Les investissements massifs assurent aux sociétés étatiques et privées françaises la mainmise sur les infrastructures malgaches.
Plus de deux-tiers des investissements étrangers à Madagascar sont français. Ces investissements contrôlent tout ou partie des Télécoms Malagasy (Orange, France Telecom et Groupe Bourbon), des mines avec les sociétés de JC Mitterrand ainsi que de l’industrie du transport, avec le groupe Bolloré, Total (pétrole), Colas (travaux publics), Veolia (eau) et Société Fraise.

Potentiellement, Madagascar est un pays très riche. L’île regorge de minerais (charbon, bauxite, fer, chromite) mais aussi de pierres précieuses ou semi-précieuses (rubis, saphir, émeraude, tourmaline, béryl). Elle produit du bois précieux et des fruits et légumes pouvant faire l’objet d’exportations à haute valeur ajoutée (café, vanille, poivre, girofle, bananes, litchis, légumes issus de cultures biologiques). Ses ressources halieutiques sont considérables, qu’il s’agisse de la pêche en haute mer ou de l’aquaculture. Son cheptel de zébus est appréciable. La CFDT étant devenue Dagris, le coton et le textile, toujours géré par les Français, sont proches de la compétivité internationale. Des activités de service, telles que les télécoms et le télétraitement, pourraient se développer. Notons que le tourisme n’est pour l’instant pratiquement pas mis en valeur.

Le club 48 d’aujourd’hui

Au pouvoir depuis 2003, le président Ravalomanana a axé son mandat sur la lutte contre la corruption et la réforme des secteurs-clés : le redressement des finances et le redressement fiscal, la régulation des exportations de pierres précieuses et de bois ainsi que le changement de lois d’adoption d’enfants, suite aux trafics d’humains qui ont causé scandales et suspicions autour de riches familles.

Ces réformes ont apparemment été très mal acceptées par les grandes familles. En effet, les journaux annonçaient déjà en 2004 le retour de multiples réunions du « club des 48 » préparant des complots contre le président actuel, Marc Ravalomanana.

Les opinions exprimées dans les articles publiés sur le site d’Investig’Action n’engagent que le ou les auteurs. Les articles publiés par Investig’Action et dont la source indiquée est « Investig’Action » peuvent être reproduits en mentionnant la source avec un lien hypertexte renvoyant vers le site original. Attention toutefois, les photos ne portant pas la mention CC (creative commons) ne sont pas libres de droit.


Vous avez aimé cet article ?

L’info indépendante a un prix.
Aidez-nous à poursuivre le combat !

Pourquoi faire un don ?

Laisser un commentaire

Qui sommes-nous ?

Ceux qui exploitent les travailleurs et profitent des guerres financent également les grands médias. C’est pourquoi depuis 2004, Investig’Action est engagé dans la bataille de l’info pour un monde de paix et une répartition équitable des richesses.