"Nous avons devant nous des jours décisifs"

Dans une déclaration sur la chaîne al-Manar, à une heure du matin, Sayyid Nasrullah a déclaré :

"Nous avons devant nous des jours décisifs, qui exigent encore plus de fermeté et de cohésion interne. Après deux semaines d’affrontements, d’agressions sionistes barbares et de ténacité, qui ressemble plus à un miracle, la ténacité de ce peuple fier et cette résistance courageuse, je souhaite m’adresser à vous, car il est important de faire le point et de prendre des mesures précises, afin que l’on sache comment poursuivre au cours des jours prochains.

26 juillet 2006

Le secrétaire général du Hezbollah, Sayyid Hassan Nasrullah a déclaré : "Nous entamons à partir d’aujourd’hui la phase "au-delà de Haïfa", une nouvelle étape dans la bataille qui nous a été imposée par l’ennemi. Notre bombardement ne se limitera plus à Haïfa, nous passerons à une autre étape, indiquant que l’évolution de la situation déterminera s’il faut passer à l’étape "au-delà de l’au-delà de Haïfa".

Sur le plan politique, nous devons savoir et connaître la réalité de la guerre et les bases de l’agression. Deux semaines après, les choses se sont clarifiées avec la présence de plusieurs données, de positions et déclarations publiques, que ce soit de la part des responsables de l’administration américaine ou de l’ennemi sioniste, ou de ceux qui gravitent autour, mais aussi à partir d’un grand nombre d’analyses et de réalités qui nous conduisent à en tirer une seule conclusion, claire. Quand nous savons quelle guerre nous menons actuellement, nous pourrons savoir comment poursuivre le chemin.

Après la déclaration de la ministre américaine des affaires étrangères sur le nouveau Moyen-Orient, qui veut dire un nouveau moyen orient américano-israélien, est-il possible qu’on puisse imaginer que ce gigantesque projet est né en un ou deux jours après la captivité par la résistance des soldats israéliens ? Toutes les données confirment qu’un plan était en route pour lancer ce projet depuis presque un an.

Selon les estimations américaines, il y avait plusieurs entraves à la mise en place de ce projet, le nouveau moyen-orient, c’es-à-dire une région où dominerait l’administration américaine, et où elle serait seule à diriger ses affaires, ses ressources et ses biens, avec Israël pour partenaire principal. Dans le nouveau moyen-orient, il n’y aurait pas de possibilité de résistance ! Il était alors nécessaire de supprimer les entraves qui sont les mouvements de la résistance au Liban et en Palestine, et ensuite en Syrie et en Iran.

La question a commencé en Palestine. Il avaient envisagé la liquidation des mouvements de la résistance en Palestine. Les élections ont eu lieu et la résistance a gagné, ce qui les a placés dans une situation très critique. Ils ont frappé le peuple palestinien, l’ont affamé, ont bloqué toutes les issues contre lui, ont interdit les aides, et ils ont poussé vers une guerre civile en Palestine. Le danger qui a guetté le peuple palestinien a été la guerre civile interne et son écart de la guerre essentielle et véritable.

Au Liban, au cours d’une année entière, les Américains ont déployé des efforts directs et indirects. Ils suivaient de près l’évolution de la situation interne au Liban, avec tous les détails, et ils ont parié, mais leur pari échoua sur le plan interne, et ils n’ont trouvé personne qui mette fin à la résistance et à sa présence au Liban. Ils ont été surpris du rassemblement populaire autour de la résistance. Ils ont alors choisi une autre voie, et pendant un an, ils ont étudié la situation de l’armée libanaise, et nous savons que plusieurs délégations militaires sont venues et ont posé beaucoup de questions. Ils ont été surpris de savoir que l’armée libanaise ne peut jouer ce rôle, car c’est une armée nationale, avec sa direction, ses officiers et ses soldats. La doctrine de l’armée refuse de participer à ce genre de complot. La direction de l’armée a joué un rôle sage et précis dans la période difficile dans laquelle le Liban est passé, sur le plan interne. Ils ont parié sur le fait que le Hezbollah était au gouvernement, qu’il allait se préoccuper des postes et des projets, cela l’amènerait à délaisser ses responsabilités de lutte. Mais ceci n’a pas eu lieu. Toutes les données internes montraient que le pari sur cela était un échec. Ils ont attendu les résultats du dialogue national, ils suivaient en détail les discussions, et sont arrivés à la conclusion qu’ils ne pourraient parvenir à leur but. Les Américains ont alors compris qu’il n’y avait aucune voie interne sur laquelle ils pourraient parier pour faire exécuter leur plan, de détruire la résistance et son existence. Sur le plan régional, ils ont beaucoup parié sur nos amis en Syrie et en Iran, et ont réalisé que malgré leurs mensonges et illusions, ni l’Iran ni la Syrie n’étaient prêts à exécuter ou abandonner la résistance au Liban et en Palestine.

Ils sont finalement arrivés à la conclusion, la seule valable à leurs yeux, qu’il y a une seule partie sur laquelle ils pouvaient compter pour frapper la résistance au Liban et en Palestine, et ils se chargeraient d’isoler la Syrie et l’Iran en les menaçant. La guerre israélienne, en fonction de cette analyse, est un choix américain. La guerre israélienne contre le Liban. Les renseignements que nous avons eu concernant les mouvements de troupe des forces de l’ennemi, ces derniers mois, et notamment au nord de la Palestine occupée, et également au sud, étaient probablement des préparatifs à l’agression contre le Liban, qui était en plan et devait être lancée à la fin de septembre ou début octobre prochains. Ils avaient besoin de quelques données ou renseignements de leurs services pour achever leur plan militaire.

Le plan était que l’ennemi se lance, d’un coup, sans qu’il ait nécessairement de raisons précises, surtout qu’il est certain d’un soutien international et d’une couverture de plus d’un lieu en ce monde, dans une campagne terrestre gigantesque au cours de laquelle il dominerait la région du sud, jusqu’au Litani, pour empêcher le tir des roquettes Katioucha. Simultanément, l’aviation israélienne frapperait toutes les maisons des dirigeants et responsables, les centres et institutions du Hezbollah, ainsi que les infrastructures pour instaurer une paralysie totale sur le mouvement de la résistance et dans le pays, avec une incitation de la rue libanaise à se révolter. Ils avaient l’intention d’ôter l’initiative et la capacité d’initiative à la résistance, en lui assénant un coup très dur afin qu’elle ne puisse plus se relever.

Ce scénario allait être exécuté si nous n’avions pas mené l’opération de la capture des deux soldats. Mes paroles sont claires et transparentes. Nous nous sommes demandés, lorsque nous avons mené cette opération, si nous avions prévu cette riposte ou l’ampleur de cette riposte. Lorsque nous avons mené l’opération de capture, la résistance a, sans le savoir, fait échouer le plan le plus dangereux et le pire scénario de la guerre contre le Liban et le peuple du Liban. C’est la réalité à laquelle nous sommes parvenus.

En menant l’opération de capture, l’ennemi sioniste s’est trouvé humilié, ne pouvant supporter cette position. Il a alors hâté la guerre à laquelle il se préparait. L’importance de cette hâte est d’abord que l’ennemi a perdu l’élément de surprise. Il était supposé que nous soyions endormis ou assoupis. En un instant, se serait réalisée l’occupation du sud du Liban, jusqu’au Litani. Il aurait bombardé nos maisons, nos centres et institutions. Nous aurions perdu la direction, la mainmise, la liaison et la possibilité de mouvement, et de ce fait, la résistance aurait été frappée entièrement, avec très peu de pertes pour lui. Le scénario a été mis en échec, et l’élément de la surprise est tombé à l’eau et c’était l’élément le plus important sur lequel il comptait pour ce scénario. Ajoutons à cela que l’ennemi a été contraint de mener cette opération avant la date prévue et avant d’avoir pu réunir les informations et les données, ou les préparatifs complémentaires pour cette opération qui auraient pu l’aider à assurer une victoire, plus qu’à aucun autre moment.

Au cher peuple libanais, à tous les peuples dont les coeurs battent pour nous, nous réalisons à présent, et d’une manière nette et claire, tous les soubassements et les buts de cette guerre, et de ce fait toutes ces discussions. L’ennemi allait déclencher cette guerre et ce qu’a fait la résistance ne fut qu’une miséricorde divine. Aujourd’hui, le projet pour lequel la guerre est commise est de ramener le Liban vers le giron de la domination et à la soumission américaino-israélienne. Ce qui signifie une situation plus grave que l’invasion de 82 et l’accord du 17 mai (accord que l’Etat libanais avait signé avec Israël, suite à l’invasion du Liban en 1982). Il veulent extraire le Liban en entier de son histoire et de son engagement, de sa culture et de son identité réelles, ils veulent que le Liban soit américano-sioniste par le biais de façades américaines qui se soumettent, sans aucune réaction. Notre sort est qu’avec tous les patriotes nobles, nous faisons face à ce projet néfaste, nous faisons échec aux buts de cette guerre, que nous menons la bataille de libération de notre terre qui est toujours occupée, de nos prisonniers, et que nous menons la bataille de la souveraineté réelle et de l’indépendance véritable du pays. C’est ce sur quoi nous avions insisté les jours derniers. Aujourd’hui, des actions politiques et diplomatiques ont commencé, qui ont donné à l’ennemi l’occasion qu’il avait réclamée et elles lui donneront encore plus d’occasions. Des délégations sont venues avant Rice, et tous ceux qui sont venus sont venus proposer des directives américano-sionistes, ils n’ont fait aucune proposition pour régler ou apporté des solutions à la crise et au conflit en cours. Je ne discuterai pas actuellement les propositions ni les conditions, car nous préférons laisser cela aux mécanismes chargés de le faire et aux assemblées spéciales, notamment que ce dossier, tant dans ses détails que dans sa globalité, se trouve entièrement entre les mains de gens de confiance et fidèles.

Mais je ferai un seul commentaire, rapide, afin que cela soit clair pour tous et pour tout le monde. Je voudrai affirmer que nous n’accepterons aucune condition humilitante ni pour notre pays, ni pour notre peuple ni pour notre résistance, ou toute formule qui serait au dépens des intérêts, de la souveraineté nationale et de l’indépendance ; surtout après ces sacrifices, quelle que soit la durée de cet affrontement et quelle que soit l’ampleur de ce sacrifice.

Notre mot d’ordre réel et essentiel est avant tout la dignité. Les maisons détruites peuvent être reconstruites, si Dieu le veut. Les infrastructures qui ont été touchées peuvent être reconstruites. Mais la dignité, nous n’autorisons personne à nous l’ôter. Nous n’acceptons aucune condition humiliante. Nous sommes prêts à entendre les solutions politiques, à participer au dialogue politique, et nous agissons avec responsabilité et souplesse, mais il y a une ligne rouge.

Après l’arrivée de Mme Rice au Liban, avant son départ pour la Palestine occupée, elle a accordé à l’ennemi une autre occasion. Bien évidemment, nous sommes devant une semaine, ou dix jours, décisifs, comme disent les Israéliens eux-mêmes, et la bataille tout entière est : qui va crier avant ? Nous, nous continuerons à faire face, et je voudrai annoncer ici que, au niveau du terrain, après toute cette phase et cette persistance de la part de l’ennemi israélien, nous étions entrés dans la "phase de Haïfa", nous anonçons actuellement que nous entrons dans la phase "au-delà de Haïfa". Par conséquent, il s’agit d’une nouvelle phase dans l’affrontement et le conflit que l’ennemi nous a imposés, et le choix impose une nouvelle phase.

Oui, les limites de nos attaques ne demeureront pas sur Haïfa, quelles que soient les réactions des forces de l’ennemi. Nous passerons à la phase de l’au-delà de Haïfa. Ensuite, dans la confrontation sur le terrain, la confrontation terrestre, nos combattants ont jusque là réalisé des acquis énormes, ils ont fait subir à l’ennemi des pertes importantes, des officiers et des soldats, des avions et des chars. Aujourd’hui, nous résistons à Bint Jbayl et nous lutterons à Bint Jbayl tout comme nous avons combattu à Maroun el-Ras, et comme nous combattrons dans tout village ou bourg, tout site ou point.

Bien sûr, nous ne sommes pas une armée classique, nous ne formons pas une ligne de défense classique. Nous luttons à la manière des luttes de guérilla. Nous savons tous ce que signifie cette forme de lutte. L’important dans une bataille terrestre est dans les pertes que nous pouvons infliger à l’ennemi israélien. Je vous affirme que, quelle que soit l’avancée que peut faire l’ennemi israélien, et il a des forces importantes à ce niveau, l’objectif de cette avancée ne peut se réaliser, qui est d’empêcher le bombardement des colonies au nord de la Palestine occupée. Ce bombardement se poursuivra, quelle que soit l’avancée terrestre et la ré-occupation.

L’occupation de toute parcelle de notre terre libanaise constituera un motif et une cause supplémentaires pour poursuivre et accentuer la résistance. L’arrivée de l’armée sioniste sur notre terre nous permettra de le vaincre, de frapper ses soldats, ses officiers et ses chars ; cela nous donnera une occasion plus large et plus grande, pour nous affronter directement avec lui et le pousser à une usure de ses forces au lieu qu’il reste caché derrière ses fortifications sur la frontière internationale, ou se contentant de ses armes aériennes pour frapper et marteler les villages et les bourgs, pour frapper les civils, enfants et femmes. Dans la confrontation, nous avons l’initiative, et le critère de cette confrontation sera son usure et non la terre qui restera entre nos mains, car nous ne nous battons pas de manière classique. Toute parcelle de terre que l’ennemi occupera nous la libérerons certainement, après lui avoir infligé toutes pertes possibles.

Pour des bras forts, des coeurs débordants de foi, des têtes pleines de connaissance et d’esprits aimant passionnément la rencontre avec le Tout Puissant, les pas seront fermes dans la confrontation.

Je voudrai attirer votre attention, dans le cadre des affrontements terrestres, sur la nature de la guerre psychologique que l’ennemi mène, et il faut que nous en tenons compte, en tant que résistance et en tant que peuple. Je vous confirme que nous sommes transparents et véridiques avec vous. Nous ne cachons pas nos martyrs. Si l’un de nos dirigeants ou cadres est tué, nous l’annoncerons et nous en serons fiers. Si plusieurs de nos martyrs tombent, nous en serons fiers. Si nous avons des blessés ou des prisonniers, nous ne le nierons pas. C’est notre voie, et à Maroun el-Ras, nous avons dit qu’il y avait des combats, et lorsque nous sommes sortis, nous l’avons dit. Nous devez nous écouter et non écouter la guerre psychologique menée par l’ennemi israélien. Depuis deux jours, l’ennemi affirme qu’il maîtrise la ville de Bint Jbayl, il est soutenu et diffusé, malheureusement, par de nombreux médias libanais et arabes, alors qu’il ne maîtrise pas la ville de Bint Jbayl, la ville est toujours entre les mains des résistants, jusqu’à l’enregistrement de ce message. Ils combattent, font face et tiennent. L’ennemi parle de centaines de martyrs du Hezbollah. Où sont-ils, ces centaines ? Il a parlé de 20 prisonniers, où sont-ils ? Il y a quelques jours, il a parlé de deux prisonniers à Maroun el-Ras, puis il les a libérés parce que ce sont des civils qui n’ont rien à voir avec la résistance. L’ennemi va donc annoncer l’occupation de villes et de villages, il va annoncer qu’il a tué de nombreux résistants, pour démoraliser la résistance et les gens. Je vous dis ne croyez pas ces mensonges.

Ecoutez-nous. Lorsque nos martyrs tombent, nous l’annonçons. Lorsque nous sortirons d’un village après avoir combattu comme des héros, nous l’annoncerons. Nous ne mentons pas à notre peuple, mais c’est lui qui ment à son peuple. C’est lui qui exerce la censure sur les médias, c’est lui qui ne dit pas la vérité ni à son peuple ni au monde. C’est le signe de sa faiblesse.

Quant à nous, notre transparence et notre clarté sont les meilleures expressions de notre force et de notre détermination. quoiqu’il en soit, nous avons choisi cette voie, tout comme nous savons que nous marchons sur le chemin des épines et du martyre, qui apporte la victoire. Nous sommes déterminés à rester debouts, à résister et à préserver notre dignité, notre souveraineté et notre liberté, et la liberté de notre patrie.

Il nous est demandé de patienter, de rester fermes, et ainsi, les choses ne resteront pas telles qu’elles le sont. Nous, si Dieu le veut, nous sommes certains de la victoire, nous vaincrons comme nous avons vaincu avant. Notre ténacité fera changer la situation autour de nous, la situation régionale et la situation internationale. L’ennemi n’a plus beaucoup de temps, quelle que soit la couverture qui lui est offerte par l’administration américaine. Finalement, ce sang pur versé par les femmes, les enfants, les civils opprimés, les martyrs et les combattants opprimés, que ce soit par les résistants ou les membres de l’armée nationale libanaise ou tout autre lieu de sacrifice, aujourd’hui, ce sang triomphera de l’épée. C’est la loi divine. Paix, miséricorde et bénédictions de Dieu sur vous.

Traduction du Centre d’Information sur la Résistance en Palestine

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